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Perpignan : Lassaâd Metoui exposé au Centre d’art contemporain jusqu’au 28 mai

20 Fév 2023 | Art & Expos, Arts plastiques, Pyrénées-Orientales

L’art pictural pratiqué par Lassaâd Metoui n’est pas seulement l’émanation de sa culture tunisienne ni de sa formation de spécialiste de la calligraphie arabe. Influencé par les traditions de l’Extrême-Orient, fasciné par l’abstraction occidentale des maîtres du genre et même par les audaces autorisées par les grands peintres américains, on peut la dire universelle. Un univers à découvrir jusqu’au 28 mai au Centre d’art contemporain de Perpignan. 

Et tout d’abord, l’artiste demeure fidèle au tableau comme surface où se recueillent et se profilent des signes. On est ainsi dans une conception non perspectiviste, plutôt dans l’exploration de la planéité de la surface, conquête de la modernité, qui se fait au sol, mais assure son éventuelle lecture de son redressement mural. Lassaâd privilégie le carré, car cette forme, que l’on dit parfaite, et qui, quelque part, connote l’infini, outre qu’elle échappe à la détermination portrait/paysage, ne fournit pas de direction précise et permet ainsi toutes les animations potentielles. L’orientation, la direction, et donc le sens, c’est l’artiste qui la (les) donne selon son état méditatif du moment.

À l’instar d’une écriture, on peut dès lors se mettre à lire, ou du moins à déchiffrer, et en conséquence à interpréter. Le noir est privilégié comme extension de l’écriture, qu’elle soit de type oriental ou occidental. Les outils oscillent entre le large racloir et des pinceaux plus classiques qui orienteront les formes. Se livre alors une sorte de ballet où des formes noires, puissantes, viennent couvrir la surface et fournir un caractère dramatique, au sens étymologique et actif du terme, au tableau. Leur répétition détermine un rythme, l’artiste jouant sur des effets de contraste entre l’un ces blocs, quasi-minéraux, qui va d’un bord à l’autre de la surface, et ceux qui n’en couvrent qu’une partie, en général la moitié. On pense à un père tutélaire et à ses enfants plus ou moins obéissants, voire à un jeu d’autorité : majeur/mineurs. Mais ces blocs fortement géométrisés, tournent autour du rectangle et dynamisent le tableau carré, j’ai presque envie de dire ils le contrecarrent, ne sont pas les seuls signes présents. On voit aisément apparaître des formes incurvées, proches de la spirale et très souvent même, des petits ronds approximatifs.

On peut penser que ces jeux de contraste instaurent une nouvelle dualité : masculin/féminin. Des couleurs, en petit nombre, primaires, apparaissent qui viennent éclairer le tableau et renouer avec l’enfance – en laquelle s’est formée la sensibilité de l’artiste. On passe ainsi de la calligraphie à la peinture. On voit ainsi comment, petit à petit, se mettent en place les éléments d’une écriture picturale, les ferments et constances d’un style. Le blanc, ou si l’on préfère le non peint, joue son rôle à plein, de sorte que l’œuvre paraisse la plus équilibrée possible. Qu’on la sente respirer. Il s’agit, en effet, de susciter une émotion, de donner un ordre au désordre, de dominer les pulsions gestuelles souvent spontanées. Lassaâd Metoui ne dédaigne pas, pourtant, les coulures fortuites, mais il sait en user avec sobriété, comme pour rappeler qu’il n’est pas dans les pouvoirs de l’homme de tout dominer. Il lui faut pactiser avec l’aléa, l’impondérable, le contingent.

C’est sans doute ce qui explique ses références à Schopenhauer. L’homme doit composer avec le hasard, vivre en intelligence avec lui, sous peinte de trouver l’existence absurde et d’être tenté de l’anéantir. C’est l’une des missions de l’art, remède au pessimisme, que d’y trouver ou introduire du sens. D’où ces Contemplations, ces Ivresses, ces Métaphysiques qualifiées d’esthétiques, que l’on trouve dans les titres choisis par Lassaâd Metoui. Rendre ces gestes harmonieux et complémentaires, c’est ce que cherche à faire cet artiste qui glisse sa signature parmi son ballet de formes et de signes. Histoire de souligner les dimensions humaines de ses ambitions, ce que traduit également la mesure relative des formats choisis. Et d’aboutir, selon les mots du philosophe, à une « pure perception ».

BTN

Plus d’informations : perpignan.fr

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