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Uzès : découvrez la nouvelle édition des Nuits musicales d’Uzès, du 18 au 30 juillet

3 Mai 2024 | Classique & lyrique, Gard, Les interviews, Musiques

Ces souvent inoubliables Nuits sont toujours inscrites dans un long cours musical avec, à la commande artistique, Eric Desnoues, le directeur artistique, lequel veille depuis 30 ans sur le bateau programmatique et la belle destinée de ces Nuits profondes et rares. Fort de sa riche expérience, de ses compétences, Eric Desnoues fait un retour sur l’année 2023 en abordant avec joie et confiance les prochaines Nuits de juillet.

L’année 2023 a tenu la promesse des notes ?

Oui, une très belle année. Tout le monde est ressorti joyeux, enthousiaste, comblé, heureux et ce n’est pas une formule. Le festival d’été avait été une réussite publique la saison d’hiver a été très positive. Tous les concerts d’automne et d’hiver ont été complets. Les six représentations ont joué à guichets fermés. C’est donc une démonstration convaincante. Il est à souligner qu’en janvier et février qui ne sont pas des mois particulièrement touristiques c’est bien le public local qui est présent. Force est de constater que l’on répond à un manque, un besoin que je sentais depuis un moment. Il est vrai qu’il est frustrant de n’être là que l’été, de manière je dirais, un peu évanescente. Sur la longueur des manifestations, on finit par tisser des liens avec le public dans ce partage de passion, d’émotions. Cette dimension produite par la musique, se situe hors du temps. Mais cela ne se produisait qu’un trop court moment, le temps de l’été. Depuis la mise en place des saisons, on peut se retrouver autour de la construction d’une année musicale.

Si l’on parlait d’une identité des Nuits comment la caractériseriez-vous ?

Cette année cela fera 30 ans que je suis à la direction des Nuits musicales. Il y a forcément une empreinte, malgré tout de cette direction mais pas en toute liberté cependant. 

Il s’agit de prendre au moins deux choses en considération dont en premier lieu, la taille de la ville. Uzès est une petite cité. On se doit donc de ne pas se spécialiser comme c’est le cas dans une grande ville où l’on peut offrir un segment musical particulier. Si l’on fait ce choix pour Uzès, cela veut dire que l’on exclue forcément une partie du public. Or, la musique est une galaxie ouverte à de multiples classifications. Il faut tenir compte du public qui lui aussi à des préférences avec lesquelles l’équilibre est un challenge.
L’autre chose non moins importante est la prise en considération des lieux, qui, eux aussi, commandent. À Uzès, je dispose de trois lieux  : qui conviennent parfaitement. Je n’ai plus la cathédrale pour de multiples raisons, complexes à définir. Je ne peux donc plus programmer un répertoire sacré qui réclame espace et acoustique particuliers. De plus la commission de sécurité pose des conditions drastiques : des jauges réduites, un périmètre au cordeau. Du coup, et je n’en suis pas fâché, je programme des œuvres qui sont le plus adaptées aux lieux dont je dispose sans problème :  ceux qui mettent en valeur le patrimoine, la Cour du Duché, la Cour de l’Evêché et depuis peu, l’Ombrière qui m’offre un formidable confort de travail.
J’aurais sans doute aimé, et le l’ai déjà fait à l’extérieur, j’ai même organisé des concerts aux confins de l’Uzège mais cela représente beaucoup d’efforts, de la logistique aux artistes avec des effets négativement cumulatifs. Il faudrait pour mettre cela en place, avoir une vraie mission de service public. Je dois dire que j’ai très peu de soutien du département du Gard. Pas plus de 2% et 3% de la Région Occitanie. La ville d’Uzès qui profite de la retombée des concerts est financièrement plus engagée. Il y a aussi les amis des Nuits, mécénat collectif qui est 2ᵉ partenaire avec 130 cotisants. Cette année nous avons une nouvelle partenaire qui possède une agence immobilière à Uzès : Catherine La Bruyère et son fils, tous deux mélomanes qui ont parfaitement compris que ce territoire ne pouvait vivre sans culture et ont la ferme volonté de la faire vivre en soutenant les Nuits. Un certain nombre d’acteurs économiques ont compris cela ainsi que l’impact très fort sur la ville notamment avec les concerts organisés hors saison estivale. Est-il besoin de préciser que plus de 60% de la trésorerie reste la billetterie ?

Le programme de cet été est un programme coup de cœur…

Pas sans réflexion, mais sans hésitation pour les huit concerts programmés. C’est un joli panel qui rejoint une volonté d’harmonie et d’équilibre, ce qui n’enlève rien à l’identité forte de chaque concert. Chaque proposition est à la fois pensée et ciselée comme un joyau. Rien à dire sur la distribution, les répertoires, les lieux adaptés. Pas de propositions concurrentielles. À souligner le caractère exceptionnel de « L’enlèvement au sérail », opéra en 3 actes sur un livret de Johann Gottlieb Stephanie, créé à Vienne en 1782, chanté en français, traduit à l’époque de Mozart. Je le redis, c’est une offre magnifique Chœur et Orchestre de l’Opéra Royal sous le haut patronage d’Aline Foriel-Destezet. Il a fallu casser notre tirelire pour faire ce plaisir au public qui va assister à la version concert trois semaines à peine après le passage à Versailles. À suivre, le retour le Cristina Branco, chanteuse portugaise qui a une belle actualité avec la sortie d’un nouvel album ; le jazz italien de Stephano di Battista en quintet créatif et vivant avec André Ceccarelli à la batterie. D’autres univers ouvriront à la découverte : les chants sacrés d’Arménie, le trio Sora qui, a publié l’intégrale des trios avec piano de Brahms. Tout cela représente une somme de travail pour être à la hauteur des attentes, pour garder, trouver et accueillir des talents. C’est aussi la qualité des concerts et la finesse des interprètes qui font partie de ma récompense.

Pour ce qui concerne la formation, la transmission, l’accessibilité ?

Les Nuits musicales soutiennent les jeunes musiciens. Elles sont le principal support pour l’hébergement, toute la base logistique et pour l’insertion professionnelle. Ces jeunes musiciens touchent un cachet pour leurs prestations qui sont gratuites pour le public de moins de 18 ans. Il est vrai que je ne trouverais pas normal de faire payer des jeunes venus écouter des jeunes. En hiver, on a introduit la notion d’atelier, par exemple celui des percussions qui fonctionne parfaitement, des ateliers d’initiation gratuits. Je suis adepte de la manière active, impliquante, façon  « El Sistema » de Jose Antonio Abreu. Elle a fait largement la preuve qu’on peut taper taper au plus fort sur les notes, sans convoquer la violence.

Propos recueillis par MJ.L

Toute la programmation : nuitsmusicalesuzes.org

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