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Perpignan : Guy Ferrer présenté au Centre d’art contemporain jusqu’au 10 octobre

6 Août 2021 | Expos, Expos, Pyrénées-Orientales

Le Centre d’art contemporain a perdu son nom de Walter Benjamin, et c’est bien dommage ! Il supposait l’expression d’une pensée et d’une vision de l’art originale et universelle. On ne peut toutefois dire que le Centre ait totalement perdu son « aura » quand on voit le choix du galeriste Castang, commissaire d’expo, se porter sur le peintre et sculpteur Guy Ferrer. Toute son œuvre est en effet tournée vers la spiritualité ainsi que le prouve le titre retenu : De la matière à l’esprit, jusqu’au 10 octobre.

Et les silhouettes de personnages y abondent, et qui semblent de passage, comme si l’existence était une sempiternelle initiation de l’une vers l’autre justement. La peinture est cette matière. Elle est souvent de couleur terreuse, celle de la poussière qu’au fond nous sommes ou serons, dans les toiles de Ferrer. La couleur n’y apparaît que sobrement et la plupart du temps de manière assourdie. Je pense à cette pantomime qu’un Pierrot anime de ses gesticulations d’oiseau.

Comme chez Verlaine, le pitre se fait tragique, les pensées de Pascal se mêlent aux clowneries circulaires. La tête également est un élément privilégié par le peintre ainsi qu’en témoigne Le Poète comme pris en étau, dédoublement du passage, mais avec une fleur stylisée à portée de pensée. La matière peut également se faire relief, c’est le cas dans ce Baptême rythmé de seaux ou de pots autour d’une esquisse de personnage central. Car nous ne sommes pas tout à fait au monde, nous sommes entre deux. C’est ce que rappelle inlassablement la peinture de Guy Ferrer. Elle est de grand format, à l’échelle du corps mais aussi de la vie. Elle semble fascinée par le carré ou par des formats qui lui tournent autour. Elle vise avant tout à la sobriété et produit ainsi une atmosphère particulière qui ne prête guère à plaisanterie mais plutôt à réflexion.

Les visages, de sorcier en particulier, nous laissent à penser qu’ils sont en quelque sorte l’emblème du peintre lui-même, et l’incarnation de son statut : celui de passeur, car tout passage, et l’espace pictural en est un, suppose un passeur. L’un d’eux arbore une palette colorée en guise d’étoile au front. Quel meilleur exemple d’une assimilation du sorcier à l’artiste en tant que « voyant » ? Le peintre ne s’interdit pas de s’interroger picturalement sur des sujets graves et quoi de plus grave que notre par- cours existentiel ponctué par l’état de squelette auquel nous serons réduits ? Le squelette ne forme-t-il pas un cadre à la chair qu’il contient ? L’espace du tableau devient chez Guy Ferrer l’équivalent des limbes ou peut-être du purgatoire qui peut conduire vers un au-delà ardemment désiré, que l’on y croie ou non. C’est sans doute pour cela que les corps et les visages peuvent être assimi- lés à des ombres, car l’ombre est de passage. Guy Ferrer est également un grand voyageur, qui s’inspire de ce qu’il découvre et qui lui fournit des réponses à sa quête spiri- tuelle, dans une confraternité qui confine à l’universalité.

Le symbole de la croix et ses points cardinaux apparaît ici ou là, sur le motif comme dans la forme du tableau. On est toujours dans le passage. D’un lieu à un autre. D’une culture à une autre. Toujours avec le même objectif. La galerie Castang montrera de son côté, l’œuvre graphique, qu’elle soit formée d’esquisses ou de travaux spécifiques, dans le même « esprit ». Quant aux sculptures, elles sont présentées au musée Hyacinthe Rigaud. Le corps domine, dans ce bronze baptiste où le saint se métamorphose en bateau, une autre où les jambes qui permettent l’assise sont devenues démesurément allongées. Pourquoi le corps n’aurait-il pas droit, en peinture comme en bronze, de s’émanciper si c’est pour la bonne cause ? Quitter les formes mesurées pour atteindre à l’infini, sans limites. Cela ne peut se faire qu’avec l’aide de l’esprit. C’est précisément ce que nous enseigne cette œuvre.

BTN

Plus d’informations : mairie-perpignan.fr

CatégoriesExpos | Expos | Pyrénées-Orientales

1 Commentaire

  1. Gabriel Ruget

    Magnifique exposition d’un peintre simple et grand, et sincère. On attend avec impatience la suite de la programmation du Centre d’art contemporain (même débaptisé…).

    Réponse

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