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MCH fait son Cinémed : Chronique N°2

28 Oct 2016 | Cinéma, Festivals

Au Cinémed, un petit tour du côté de la compétition des longs pour commencer. Au programme Fiore, de Claudio Giovannesi. Les amours impossibles en prison de deux jeunes mineurs admirablement filmés et interprétés par Antello Arena et Daphné Scoccia, mais mortellement ennuyeux, pas d’empathie pour la fille, une rebelle aux faux airs de Béatrice Dall.

Encore la compétition, cette fois les courts, programme 3. Nettement plus intéressant le programme 4. Avec un petit bijou de 4’, Tunisie 45 de Ted Hardy-Carnac, quand les Européens émigrent, une fiction ou une science -fiction ? Et pour finir, un long en compétition Demain dès l’aube de Lotfi Achour, qui nous avait enchanté avec son court La laine sur le dos, en panorama court. Trois scénaristes, trois héros, la révolution et toutes les Tunisies, ça fait beaucoup pour un seul film. Cela commence très bien, puis on se perd un peu dans un propos trop touffu et on reste sur le très beau plan de fin du trio avec une musique superbe.

Journée allégée jeudi avec pas mal d’actes manqués. La séance spéciale Talents en court au Cinémed, très inégale, tant dans le choix des scénarios que dans leur réalisation, Please love me forever de Holy Fatma et Le bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe sortent du lot. Le premier par son thème original aux frontières du surréalisme, le second par sa façon inattendue de traiter le problème de l’intégration.

La fin de journée fut lumineuse grâce à Valeria Bruni Tedeschi et au chorégraphe Thierry Thieu Niang. Une jeune fille de 90 ans est un documentaire dans un service de gériatrie. Pendant six jours, le chorégraphe anime un atelier de danse auprès de ces pensionnaires en fin de vie, atteints de la maladie d’Alzheimer. Filmés avec tendresse et pudeur, les personnages âgés se livrent avec leurs pauvres moyens. Certains évoquent le passé douloureux, comme Gisèle, émue en se remémorant son divorce. D’autre par un geste comme ce vieillard grabataire qui, au bout de cinq jours, parvient à ouvrir et tendre une main. Et il y a Blanche, heureuse de retrouver les mouvements, de danser avec son partenaire, d’avoir envie de plaire, de retrouver le goût à la vie, de susciter envie et jalousie.

Valeria Bruni Tedeschi & Thierry Thieu Niang

Valeria Bruni Tedeschi & Thierry Thieu Niang ©Eric Catarina

A la suite   de la projection, Valeria Bruni Tedeschi et Thierry Thieu Niang avaient rendez-vous avec la presse.  « A l’origine je voulais faire le portrait de Thierry que j’avais rencontré chez Chéreau, pour Arte. Il m’a parlé de cet atelier qu’il animait dans un service de gériatrie, je ne savais pas ce qu’il y faisait, le sujet a évolué, nous n’avons pas eu de plan de tournage », indique la réalisatrice. Donc pas de scénario : « tout est improvisé ; j’ai eu l’idée de cet atelier car je voulais que ce soit d’autres corps que ceux que l’on voit habituellement, qui dansent. J’ai travaillé avec des enfants, des prisonniers. J’ai l’impression de voyager, je suis l’étranger qui rencontre une autre langue », intervient le chorégraphe.

Cette expérience est unique. Elle diffère des animations habituelles proposées en maison de retraite. Là c’est un vrai artiste qui venait vers elles, plus de 90 % de femmes.  En six jours, la durée du tournage, sans être thérapeutes, l’équipe du tournage « a apporté la vie. Nous n’étions pas de leur famille, il y avait une sorte de distance respectueuse entre eux et nous. On ne se sentait pas intrus. Eux ont ressenti de la bienveillance », souligne Valeria Bruni Tedeschi. Un moment de grâce et de rayonnement pour ces vieillards. Ce documentaire, programmé en avril sur Arte, doit absolument trouver un distributeur, il doit sortir en salle.  Aussi beau qu’Amour. C’est un acte d’amour.

A suivre…

MCH

CatégoriesCinéma | Festivals

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