Montpellier : le Palmarosa Festival 2024 aura lieu du 23 au 25 août
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Philippe Caubère d’abord qui poursuit son exploration des Lettres de mon moulin de Daudet après les succès de La chèvre et de La mule, voici Les Etoiles. Seul en scène, sans le moindre accessoire, que sa voix, il raconte ces histoires courtes qui sentent le mistral, le romarin, la Méditerranée. Des anecdotes longues, pittoresques, qui vont de la Corse avec Le phare des Sanguinaires et la vie de ses gardiens ; L’agonie de la sémillante, un drame qui fait tirer la larme à l’œil, en passant par Les vieux, l’ami de Maurice venant bouleverser le train-train quotidien du couple assisté des petites bleues pour arriver En Camargue où l’auteur décrit avec amour et précision cette terre dont il connaît le moindre coin et pour finir Les étoiles, une merveille de poésie romantique sous la nuit de Flandry. Depuis Le roman d’un acteur, une autobiographie en 11 spectacles on sait que l’artiste est un conteur remarquable. Avec Daudet, Caubère, le Provençal, accompli une performance exceptionnelle. Il vit les textes et les donne comme s’il les avait écrits. Variant les intonations, passant de la tendresse à la tristesse, sans effet avec quelques mimiques pour camper un personnage, Bixiou ou la Mamette. Souvent truculent en osmose avec la langue de Daudet, précurseur de Pagnol qui lui doit beaucoup. Bref du très grand Caubère. Jubilatoire.
Avec La priapée des écrevisses, changement d’atmosphère radical. Comme le titre de la pièce de Christian Siméon l’indique il est question de sexe, d’orgie, d’obscénité mais le plus souvent suggéré par des mots, des gestes à double sens. Il fallait une Andréa Ferréol pour interpréter ce rôle. Inspiré de la vie Marguerite Steinheil, très connue pour avoir vue Félix Faure mourir dans ses bras ou dans sa bouche, d’où le surnom de la dame « la pompe funèbre ». Après s’être exilée « à la force du poignet », elle est devenue l’honorable Lady Robert de la BrooKe Campbell, baronne et pairesse d’Angleterre. Rien que ça. Sous prétexte d’interview pour la télévision, elle raconte ses souvenirs tout en cuisinant avec frénésie des écrevisses à la présidente, assistée de son aide cuisinière. Bien sur elle va aussi battre les œufs en neige à la fourchette avec jubilation. On ne vous fait pas un dessin. La Rousse flamboyante s’en donne à cœur joie à l’évocation de ses forfaits, Andréa Ferréol accomplit une performance jouissive. Soutenue dans des intermèdes chantés façon complainte de la Butte, par Pauline Phénix, là encore du réalisme obscène suggéré. Hallucinante. Un spectacle délicieusement licencieux. A noter qu’Andréa Ferréol était l’invitée d’honneur du festival avec deux films projetés La grande bouffe, de Marco Ferreri et Le dernier Métro de Truffaut
Pour finir, Elise Noiraud, dans le dernier volet de sa trilogie Le champ des possibles. Une autofiction qu’elle assume seule sur scène. A 19 ans, son bac en poche, elle débarque à Paris, à la Sorbonne. Une première année initiatique qui la voit tiraillée entre le tourbillon de la vie d’étudiante, les petits boulots, les copains, les ateliers théâtre et sa mère qui ne peut admettre que sa fille s’immerge dans Le champ des possibles. Une fille d’aujourd’hui à peine sortie de l’adolescence. Une provinciale débarquée de son Poitou natal qui découvre le labyrinthe du métro, toute une série de personnages hétéroclites : la conseillère d’orientation, le petit Agamemnon, le copain Gaétan, les potes de l’association. Parviendra-t-elle à s’émanciper ? à se libérer du chantage affectif de sa mère. Dans une langue d’aujourd’hui avec les tournures et les expressions des « djeunes » Elise Noiraud nous embarque dans sa vie turbulente. Elle est drôle et tendre. Pour la première fois en plein air, elle a elle aussi accompli une sacrée performance.
Après un hommage à Jean Deschamps en son théâtre de Serres, Nava reprend son cours habituel.
MCH
Prochains spectacles à 21 h 30, château de Flandry, Limoux : mercredi 26 juillet, Guerre, de Céline ; jeudi 27 juillet, Copenhague, de Michael Frayn, adapté par J.M. Besset ; vendredi 28 juillet, De Gaulle apparait en songe à Emmanuel Macron, de JM. Besset ; Duc et Pioche, de J.M. Besset
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