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Expo : Eduardo Arroyo à l’espace d’art ACMCM à Perpignan

27 Août 2020 | Expos, Expos, Pyrénées-Orientales

L’art en France, dans les années 70, ne se limitait pas à Supports-Surfaces et BMPT. Un courant figuratif, assez actif, faisait pendant à l’hégémonique pop art venant de l’Amérique. La figuration narrative réagissait d’ailleurs à la suprématie de la peinture abstraite. Eduardo Arroyo, qui vient de nous quitter, en fut l’un des représentants.

Un lieu frontalier comme ACMCM ne pouvait que s’intéresser à ce franco-madrilène qui avait sollicité en l’occurrence un troisième pays, la Belgique et la ville, de Gand, écrin du retable de l’agneau mystique, des frères Van Eyck, que l’on ne présente plus. Mais que le peintre représente. Ce polyptyque lui aura servi de modèle, qu’il a traité à la mine de plomb, plutôt qu’à l’huile, se contentant du noir et blanc. Il ne s‘agit pas d’une copie mais d’une ré-interprétation plus intimiste, très actualisée, anachronique, du chef d’œuvre du XVème.

Lunettes, costumes, lectures joyciennes pas très catholiques… la présence de Van Gogh ou d’Oscar Wilde, nous le prouvent et ajoutent de la distance et de l’humour à ce sujet de vénération – ils ont bien changé au cours des siècles. La surface générale est assez imposante, trente mètres carré, Arroyo ayant conservé le système des panneaux verticaux qui épousent les corps des personnages.

Toutefois la partie consacrée à l’agneau mystique, Cordero mistico, est supplantée par des alignements décoratifs de mouches, insectes qui viennent hanter l’en- semble de ce nouveau retable. L’ensemble de l’exposition s’articule autour de cette pièce centrale et se déploie en différents volets.

Au demeurant, l’ha- bitacle temporaire de cet ancien garage, est suffisamment spacieux, le lieu est suffisamment ample pour ne point se limiter au polyptyque. Partant du principe que l’artiste est un être itinérant, une série intitulée Madrid Paris Madrid présente un diptyque à l’huile sur toile.

On y voit l’artiste, croqué, selon le style dépouillé qui le caractérise, évoluant sur une sorte de cirque déserté, aux bandes de couleurs superposées. Arroyo ayant un peu touché à tout, les œuvres sur papier et les multiples occupent le restant de l’exposition. N’oublions pas son origine ibérique même si ce dernier avait adopté la culture française ainsi que le prouvent ses portraits de grands écrivains ou penseurs (Montaigne, Descartes, Valéry…), célébrités historiques, (Napoléon) peintres (Toulouse-Lautrec, ou son ami Télémaque).

Des affiches engagées des années de jeunesse, soixante-huitardes, des références à la tauromachie ou au flamenco, complètent l’exposition. Une occasion unique de se familiariser avec ce peintre qui mérite d’être découvert par les jeunes générations, pour qui l’image est en quelque sorte naturelle tandis que des artistes lucides mettaient le doigt, des décennies auparavant, sur les incidences qu’elle aura fait subir à notre esprit et à notre vie quotidienne.

BTN

Plus d’informations : acentmetresducentredumonde.com

Crédit photo : madrid-paris-madrid_1986._huile_sur_toile_250_x_200_cm._cadagp_paris_2020

CatégoriesExpos | Expos | Pyrénées-Orientales

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