Vergèze, son Perrier et à présent sa plage, met les petits plats dans les grands afin d’accueillir l’immense Christian Astor en lui offrant un espace à la mesure de son indéniable créativité, de ses séries diverses (Errance colorée et Le Temps scellé), et de ses projets surdimensionnés puisque le tableau-fenêtre devient ouverture sur l’espace infini et sur nos énergies ancestrales. Bref à la mesure de sa démesure. Ce lieu voué au spectacle est aménagé en salle d’exposition, l’artiste exposant aussi sur le sol grâce à 365 peintures, une par jour (son peint quotidien), en hommage à Charlie, immédiatement après l’attentat.
Elles font penser à des planètes ou des astres, peints sur fond noir, le support se faisant télescope afin de relativiser nos prétentions humaines ou loupe focalisée sur les petits riens qui font la vie quotidienne, et celle de l’artiste en atelier. Des « riens », on en retrouvera une série, confectionnés à partir de l’un des matériaux dont se sert couramment l’artiste, le scotch. Rien ne se perd, dans l’atelier du peintre, où tout ce qui est à jeter se voit récupéré et intégré à de nouvelles œuvres : des petits riens, des références au travail antérieur (des motifs comme les poires viennent rappeler le premier plan et servent de garde-fou au peintre en sa recherche) ou à l’Histoire de l’art. Des panneaux ont été montés en cubes afin qu’Astor puisse montrer ces petits formats qu’il réalise à profusion, ces réalisations à base de papiers à cigarettes sur lesquels il dessine des silhouettes à l’encre et qu’il dispose sur la surface côte à côte, ou qu’il superpose de manière à confondre le motif dans une abstraction plus énigmatique.
Toutefois, le peintre ne se contente pas de prendre en considération le modeste, lequel a ainsi droit au royaume des yeux. Il aime à composer d’immenses tableaux (l’un fait près de 15 mètres), divisés en de multiples fragments, eux-mêmes découpés en d’innombrables subdivisions colorées. On peut y repérer des amorces de paysages, mais surtout l’exploration de toute la gamme colorée, associée à une forme géométrique qui la contient, et une matière diversement traitée. Les nuances ne manquent pas pour qui travaille la transparence, la matité, l’épaisseur, la vitesse d’exécution, l’art d’accommoder les restes, tout cela combiné sur le même plan et donnant une impression de réalité fragmentée, en laquelle baigne l’homme à son échelle infime même si le Tout tend à l’harmonie. Cette exposition exceptionnelle se conclura par la projection de deux films (Jean Discours et Natacha Flandin) sur l’artiste, dans l’intimité de sa production et de ses pensées.
À noter, l’exposition se conclura par un concert de jazz le mardi 5 novembre, à 18h.
BTN
Plus d’informations : vergeze.fr