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Uzès : l’exposition « La couleur de la lumière » s’installe jusqu’au 30 septembre à l’Ancien Évêché

3 Sep 2021 | Expos, Expos, Gard

L‘association Art Architecture et territoire poursuit son exploration historique d’une certaine abstraction en se référant cette fois à la pointe extatique de l’abstraction américaine, à travers l’expérience de Mark Rothko (dont on fête le cinquantenaire de la disparition, ce dont le Centre letton est partie prenante). L’œuvre de ce peintre incontournable a quelque chose a la fois de mystérieux et de mystique, en tout cas relevant de |’attitude contemplative.

Dès les années 60, Michel Butor avait consacré |’un des essais de ses Répertoire(s) aux « mosquées de New York ou |’art de Mark Rothko ». Pour l’auteur de Mobile, étude pour une représentation des États-Unis, |’art de ce grand abstrait répondait par contraste a l’ambiance saturée d’une mégapole encombrée, en laquelle sa peinture introduisait un espace vide ou l’esprit trouve le repos nécessaire à son activité, une sorte de lieu d’aération, de purification. En ce sens, on pouvait parler d’utopie, « Abstractions utopiques » s’avérant justement le sous-titre de l’exposition, à laquelle la galerie Blue square, de Washington est également associée. 

Rothko, c’est le all over sur le tableau, le color-field sur sa surface, des prolongements spirituels tout autour. Pour honorer ce grand coloriste, les commissaires ont choisi quatre hommes et une femme : un enfant du pays, Pascal Fancony, |’infatigable maitre d’œuvre de |’association, et peintre lui-même… et quatre artistes internationaux : le japonais Go Segawa, adopté par I’hexagone, Yves Ullens qui nous vient de Belgique, |’américain Anton Ginsburg et sa compatriote Julie Wolfe pour finir en beauté. Au demeurant, si Fancony demeure fidèle a la peinture (quoique ne négligeant pas l’estampe ni le recours ponctuel au néon coloré), Segawa conçoit plutôt ses oeuvres dans la tridimensionnalité ; Ullens se concentre sur le support photographique et Julie Wolfe, entre autres, sur l’objet récupéré, tels ces livres empilés dont elle présente la tranche et par la même une superposition délicate de couleurs. Car |’abstraction peut provenir de l’observation minutieuse de la réalité. Julie Wolfe ne s’en prive pas, qui voue un véritable culte à la nature, le ciel, ses nuages d’un côté, le plus modeste végétal de l’autre. Ullens parcourt les villes à la recherche de signes abstraits, sur les murs ou le sol, ou d’effets lumineux inédits, parfois un simple détail. Partant de l’idée que la lumière est invisible, il en tire la conclusion que seule la couleur nous la rend concrète. Le résultat est étonnant : soit on a affaire à des plages de nuances d’une seule tonalité, soit il s’agit d’expériences originales qui flirtent avec le op’art.

Segawa recourt a une géométrie dans |’espace qui oblige à des déplacements subtils autour de l’oeuvre. La structure, transparente, recèle en effet, comme une forme pure flottant au sein d’une forêt, une apparence stable qui diffuse sa couleur, tel un noyau au sein d’un coffre, ou un graal idéal au coeur du labyrinthe. Parfois il s’agit d’une ligne, incurvée, et qui finit par définir un volume également flottant. L’américain Anton Ginsburg pratique le shaped canvas. Il n’hésite pas à modifier les contours de ses tableaux, à l’instar d’un Franck Stella. Il multiplie les divisions de la surface de telle sorte qu’ils paraissent extrêmement dynamique et suscitent une sorte de chorégraphie colorée. La forme du tableau se rapproche de |’éventail, ce qui connote d’autant mieux le mouvement. Il n’hésite pas a passer par le volume ou aux œuvres en suspension. 

Pascal Fancony demeure, quant à lui, fidèle à la couleur, à laquelle il associe très souvent la géométrie. Il faut bien un contenant ou des contours à l’impalpable. II privilégie les primaires, les supports divers tout comme la surface se prêtant à de multiples variations. Ses tableaux ou installations inspirent la contemplation, et sont de la sorte plus proches de cet art abstrait, exigeant, rigoureux et américain des années 50-60, et qui fait référence encore aujourd’hui.

Chez Rothko, il se doublait d’une dimension d’ordre spirituel que recherche et ne renie pas l’artiste, et qui complète sa science, ou plutôt sa physique, de la couleur. La couleur c’est-a-dire la lumière. La couleur de la lumière.

Une exposition à découvrir du 2 au 30 septembre à l’Ancien Évêché d’Uzès. 

Plus d’informations : aat-uzege.fr

CatégoriesExpos | Expos | Gard

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