Pendant les trois derniers jours du Printemps des Comédiens, dans des espaces confidentiels de Montpellier s’est déroulé Warm up. Avant de dire du bien de l’évènement liquidons la critique du titre. En effet Echauffement ou Ça mijote, auraient été mieux venus. En effet il est dommage que les artisans de la culture se laissent aller à la mondialisation du langage, cela n’apporte rien à l’évènement. Ceci dit le principe était de présenter des spectacles en chantier, en gestation, des fragments limités dans le temps. Six propositions à voir d’un œil bienveillant, puisqu’à l’état d’ébauches le plus souvent. Le plus abouti, L’origine du monde (46 x 55), de et avec Nicolas Héredia, à La Baignoire. Acheté dans une brocante, la copie du fameux tableau de Courbet devient le sujet du spectacle. Elle ouvre au comédien des horizons insoupçonnés. Du coup sa valeur devient inestimable, car sans elle pas de représentation ! On ne dévoilera pas la kirielle de surprises, on a promis de ne rien dévoiler. Mais on a s’est bien amusé. Plein d’humour, rafraichissant, une jolie performance de Nicolas Héredia qui nous avait enchanté avec la mastication des morts.
Tournée de L’origine du monde : Dimanche 22 juillet 2018, 16 :00 / Lodève, Festival Résurgence ; Mercredi 26 et jeudi 27 septembre 2018 / Clermont-l’Hérault, Le Sillon- scène conventionnée ; Samedi 16 mars 2019, Dimanche 17 mars 2019, Mardi 19 mars 2019, Jeudi 21 mars 2019 / Montpellier, Théâtre Jean Vilar (hors-les-murs au Musée Fabre).
Moins drôle mais tout aussi intéressant, on y allait cette fois pour le texte de Darley, Elles deux, mise en scène de Béla Czuppon à la salle 13. Deux jeunes femme inséparables rêvent l’homme idéal. Pouffe et Glousse. Laquelle des deux va-t-il choisir ? A cause de Lui, Elles vont se déchirer, l’une des deux va connaitre la solitude, va faire l’expérience de l’absence. On retrouve le Darley de pas bouge, l’économie de mots, les petites répliques courtes, le désespoir non sans un certain humour. Très poignant. Le spectacle est en chantier et devrait être programmé en 2019.
Plus austère, Jadis l’avenir, de Justine Lequette, au Quartier Gare, quatre artistes à la table proposent leur vision du monde. Inspiré de Jean Rouch et Edgar Morin, un collage de textes, de poèmes. Le chantier n’est pas assez avancé pour le critiquer, à surveiller lorsque le travail sera abouti.
Dernière surprise, le travail de Julien Bouffier sur l’Education sentimentale, présenté au Musée Fabre. Là encore il s’agissait d’une ébauche, mais assez enthousiasmante. Le gouvernement aurait décidé de déclarer le roman de Flaubert, le plus représentatif de la littérature française, pas faux. Les citoyens doivent tous le connaître pour favoriser l’inclusion. Langue parfaite, regard aiguisé sur la société de l’époque de l’époque, et étude des sentiments exemplaire. Casqués, les spectateurs sont invités à « un stage de réparation nationale », en déambulant dans la cour du Musée Fabre et en poursuivant dans l’Hôtel Sabatier d’Espeyrac, figurant les appartements de Mme Arnoux. On ne peut rêver décor plus adapté à une romance. On croit savoir que le spectacle dans sa version définitive sera programmé au cours du prochain Printemps des Comédiens. Attendons donc.
Nous n’avons pu voir les deux autres chantiers. Mais cette première édition d’Echauffement est prometteuse.
Mch
Dernier volet et bilan du Printemps des Comédiens, à suivre
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