Than Hussein Clark (épaulé par le poète James Loop pour la musique nocturne façon cutups) propose un voyage
à Tanger, port si prisé des poètes, artistes et de la communauté homosexuelle.
Il démarre par l’arrivée aérienne de la milliardaire américaine Barbara Hutton sur le sol marocain, traverse les décors privés prisés par le couple Bergé/St Laurent, tout en se référant à Delacroix. L’installation de 365 horloges, récupérées dans la ville, souligne l’année de l’indépendance. Hussein Clark a aussi fait tisser, sur des tapis de lin, des dessins de courses de coca et a transformé un piano à queue en dromadaire. On croise Jean Genet ou l’écrivain Renaud Camus, tous symboles d’une marginalité revendiquée. Une salle présente des fenêtres aux verres bleus, comme sur la mer que l’on ne saurait oublier et qui rapproche Sète et Tanger.
Avec Luigi Stefanini, on est davantage dans la peinture, le dessin et l’écriture voire l’ésotérisme personnalisé. L’artiste italien s’est offert le luxe de créer son codex personnel, le seraphinianus dont on pourra voir diverses pages dans l’une des immenses salles de l’ancien entrepôt. L’inventivité, le mélange des espèces, l’humour y règnent en maître, le contraste s’avérant frappant entre le sage alignement des dessins et leur contenu le plus souvent déroutant, parodique et singulier. Au-delà des tableaux, deux installations retiennent l’attention : l’une rendant hommage au thon, poisson culte du bassin méditerranéen, dans un environnement énigmatique et rituel ; l’autre présentant au sol une sorte de femme potagère et nue, aux jambes de carotte, faisant office de déesse de la fécondité. Des objets hybrides, des écritures murales, des céramiques grotesques complètent ces propositions. Deux approches donc, l’une tournée vers l’épaisseur de l’histoire réelle, l’autre vers les arcanes de la mythologie singulière, à l’instar d’une île, entre terre et mer.
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