Les cœurs andalous
Sans doute l’un des spectacles les plus ambitieux dans cet Off avignonnais aux nombreux seul(e)s en scène, symptôme d’une époque où les budgets rabougrissent en même temps que les propositions artistiques. Ils sont quatre sur scène ici pour faire battre Les cœurs andalous. Deux comédiennes-chanteuses, Estelle Andrea et Magali Paliès, ainsi que la danseuse de flamenco Karine Gonzalez et le guitariste Cristobal Corbel, se jouant des époques, passant d’un rôle à l’autre pour convoquer une galerie de personnages qui évoluent dans un clair-obscur propice aux secrets de famille. Adapté du roman Les roses fauves de Carole Martinez, ce spectacle flamboyant, à la forte puissance onirique, nous emmène dans un univers où les vérités circulent sous le manteau et sous les robes des femmes. Parfois même dans de petits cœurs brodés et cousus quand la mort approche, selon une vieille tradition andalouse dont on ne vérifiera pas l’authenticité. Ils contiendraient en effet des secrets inavouables qu’il est interdit de mettre au jour au risque d’être maudit. Lola, la narratrice, va transgresser la loi ancestrale en poussant la grille de ses origines, jardin peuplé de fantômes, de passions contrariées et sauvages, de ronces épineuses et de roses couleur sang. Tout sur ma grand-mère ou comment raccommoder son destin en déchirant ces petits cœurs cousus pour mettre à nu leurs secrets. A cœur ouvert. Voyage transgénérationnel libérateur, vibrant de chants, de musique et de danse, Les cœurs Andalous évoque aussi bien le tragique des pièces de Lorca que le kitsch d’Almodovar dans un théâtre musical aux accents gitans et flamencos envoûtants.
Jusqu’au 29 juillet à 18h à l’Espace Roseau
L.A.
L’exercice du super héros
Un comédien et un danseur, la quarantaine tous les deux, dialoguent sur scène et se demandent où ils en étaient à 17 ans, les rêves qu’ils avaient, les espoirs qu’ils nourrissaient. Sommes-nous les héros que nous voulions être, se demandent-ils à l’heure d’un premier bilan de vie. L’exercice du super héros s’inspire de l’expérience du comédien et metteur en scène Sébastien Nivault et du danseur Martin Grandpierret qui ont animé un atelier de pratiques artistiques pendant un an dans un lycée professionnel. Il s’agit donc d’une fiction documentée qui questionne à la fois des adultes au mitan de leur vie et des jeunes encore engoncés dans leurs complexes et les difficultés liées parfois à leur milieu d’origine. Avec un humour jamais parodique et une belle sensibilité, les deux comédiens excellent à restituer leurs propres interrogations existentielles en même temps que celles de leurs élèves qui se prennent au jeu et au je. Corps à corps ludique et talentueux mêlant danse et théâtre, ce spectacle parle des fragilités du super-héros qui peut sommeiller en chacun et propose également une belle réflexion sur l’engagement artistique et la transmission.
Jusqu’au 29 juillet à 12h35 à la Factory
Et aussi…
Le huitième ciel
Ce spectacle avec Florence Pernel mis en scène par Jean-Claude Daguerre est un des grands succès du Off On y voit une femme d’affaires qui a réussi au sein d’un puissant groupe de BTP, Agnès Duval, se préparer à une pré-retraite des plus souhaitées. Comblée par sa fortune, sa vie familiale et sa Légion d’honneur la brillante exécutive woman doit revoir sa copie après une rencontre inattendue qui fait voler en éclats son monde et ses convictions et l’oblige à se réinventer. Une comédie qui manie avec humour et les coups de théâtre tout en éveillant la réflexion sur le sens d’une vie.
Jusqu’au 29 juillet à 19h30 à Actuel Théâtre
Entre les deux il y a Gênes
Un spectacle en phase avec des événements récents puisqu’il y est question des violences policières par le prisme de la création radiophonique. La pièce prend pour point de départ les événements de Gênes en 2001 quand 200 000 manifestants se répandirent dans les rues de la ville italienne qui accueillait le G8. Ce qui aurait dû être une immense manifestation finit en marathon de violence presque ininterrompue durant quatre jours, retransmis en direct sur les écrans de télévision et les radios de toute la planète. Le G8 de Gênes allait dégénérer en ce qu’Amnesty International décrira plus tard comme « la plus grave suspension des droits démocratiques depuis l’après-guerre« . Ce spectacle met en perspective une décennie de rage et un présent qui essaie de réinventer les bases nécessaires d’un contrat social.
Jusqu’au 29 juillet à 21h40 au Théâtre des Barriques
Un Picasso
Paris sous l’occupation en 1941, Picasso fait face à l’attachée culturelle allemande du régime nazi qui le convoque dans un dépôt où sont entreposées des œuvres d’art volés à des Juifs. Le peintre est sommé d’authentifier trois de ses tableaux destinés à une exposition d’ »art dégénéré ». Ici la fiction rejoint la réalité puisque cette exposition eut vraiment lieu, suivie d’un autodafé. Le spectacle confronte ces deux personnages, l’un s’efforçant de dissuader son interlocutrice de détruire ses toiles, l’autre obligé d’obéir aux ordres malgré son admiration pour les tableaux du maître. Entre séduction, ruse, menace et ambiguïté le spectacle nous emmène dans le labyrinthe émotionnel de deux personnages happés par l’histoire et placés face à leur dualité. C’est aussi l’occasion d’une belle réflexion sur le comportement de l’artiste face à la barbarie.
Jusqu’au 29 juillet à 17h15 au Rouge Gorge
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