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Nîmes : « Tous nos ciels », une première théâtrale du Collectif V.1 au Théâtre de Nîmes les 22 et 23 novembre

18 Nov 2022 | Gard, Spectacles vivants, Théâtre

Les 22 et 23 novembre, le Collectif V.1 présente la création Tous nos ciels au Théâtre de Nîmes. Une première théâtrale poignante.

Une création dont le sujet a été sinon tabou, jamais abordé sur un plateau de théâtre. Qui sait, en effet, que des milliers d’enfants réunionnais ont été ravis à leur famille, afin de repeupler des régions françaises ? L’histoire de France n’évoque même pas cet épisode dramatique et cruel, cet étrange concept qui pourrait évoquer une sorte de supermarché de l’adoption des plus inhumains.

De 1962 à 1984, le gouvernement exile plus de 2000 enfants réunionnais, victimes de ce rapt institutionnel dirigé par l’État qui a fait, durant plus de vingt ans, des milliers de victimes déportées depuis leur île natale, pour repeupler les campagnes de l’Hexagone. Enfants abandonnés ou non. Ceci, afin de réguler la démographie, repeupler certaines régions de faible densité. Quatre-vingt-trois départements de la métropole sont « intéressés », participant à ce triste programme. Michel Debré, Premier ministre sous la Vᵉ République, renforce ce processus déjà existant de déplacement des enfants jusqu’à l’âge de 21 ans, y compris les nourrissons. Surtout ciblées, des familles pauvres ou très modestes.

La création du Collectif V.1

Se penchant sur cette triste affaire des enfants dits de la Creuse, (pour en savoir plus, on peut consulter le sigle FFD Fédération des enfants déracinés des DROM), le collectif V.1 inscrit dans un théâtre immersif, inspiré par des faits réels (cf le bouleversant Il faut dire présenté au théâtre de Nîmes la saison dernière), s’empare de cette affaire des enfants dits « de la Creuse ». De la Creuse, car le collectif, grâce à l’écriture de Jessica Ramassamy (elle-même d’origine réunionnaise), à la mise en scène d’Elian Planès, à l’interprétation de Sabine Moulia, Virginie Sibalo et Jessica Ramassamy, se concentre et met en lumière le parcours incarné de Valérie Andanson, déracinée à l’âge de trois ans, découvrant ses véritables origines, en même temps que cette migration forcée, à l’adolescence. 

Un évident traumatisme que de devoir tirer un trait sur son enfance, s’inventer une nouvelle vie en grandissant souvent dans le mensonge, dans l’exploitation au travail agricole, les durs services à la ferme, avec le sentiment persistant de n’avoir ni héritage, ni possibilité de transmission.

En travaillant avec sensibilité et subtilité de manière collective, dans un axe important sur la corporéité, la mise en scène d’Elian Planès se veut en écoute active « les corps autant que les mots racontent. Le mouvement compte beaucoup et traverse ce texte très structuré. C’est aussi un travail de récit et de dialogue ». Un spectacle choral dans lequel la création musicale d’Alex Jacob et Elian Planès ajoute la note de cœur, dans cette histoire bouleversante, qui nécessitait enfin d’être dite, montrée, pensée.  

MJ.L

Plus d’informations : theatredenimes.com

CatégoriesGard | Spectacles vivants | Théâtre

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