Les artistes ne sont pas toujours confinés dans leur atelier, loin s’en faut. Ils se laissent souvent « la possibilité d’une île » : la lecture et son incarnation dans l’espace public, une bibliothèque. Six d’entre eux, transfuges de l’artist-run space Pamela, ont accepté le principe d’une résidence à Carré d’art, parmi les innombrables volumes qui enrichissent la bibliothèque nîmoise. Une exposition à découvrir jusqu’au 19 novembre.
La géométrie du palmier est vite devenue le concept fédérateur, polysémique, de cette restitution autant vouée à l’écrit qu’aux arts plastiques. Les artistes ont songé en tout cas au meilleur moyen plastique de se situer par rapport à l’écrit, la contrainte étant de n’utiliser que les ressources sur place. Margaux Fontaine a décidé d’ajouter du texte, personnel, à la bibliothèque, en s’insérant parmi les livres, à partir d’un roman en cours (Mimosas). Elle en a fait imprimer les tirés à part sur papier vert car après tout le palmier nous renvoie à la nature exotique, dont elle est d’ailleurs originaire.
Juste au-dessus d’elle, sur le présentoir des nouveautés habituelles, Audrey Martin a laissé des ouvrages entr’ouverts sur des pages pour lesquelles elle a délicatement appliqué des post-it, complétant ainsi en vert les images qu’elle a sélectionnées. Colin G a carrément pris le motif du palmier à bras le corps et en a fignolé une petite sculpture émergeant d’un archipel de mots et de phrases, avec pour socle un présentoir. Ayant découvert quatre symboles de l’île (isolement, utopie…), il a ainsi présenté quatre types d’écrits empruntés aux chefs d’œuvre littéraires. Steven le Priol a confectionné un véritable livre d’artiste, mis élégamment sous emboitage, et en a exposé le contenu. Une constellation sur carte de papier stipulant les différents livres empruntés par ses comparses,mais aussi des marque-pages lui aussi subdivisés en catégories thématiques (Fiction, Nature…). Certains de ses marque-pages accompagnent quelques ouvrages symptomatiques, heureux élus.
Margaux Szymkowicz a déposé sur la table basse de l’accueil, dans ce petit lieu où l’on peut consulter les revues, une série de cartes postales qui renvoient au motif du voyage, de l’évasion, du rêve, que connote le palmier, auquel elle a ajouté des aphorismes, des pensées en quelque sorte. Enfin Lydia Rump recourt à la vidéo pour se livrer à un véritable ballet manuel, impliquant un potentiel livre d’artiste confronté à une image de palmier nîmois, datant de la fin du siècle dernier. On constate de la sorte la véritable révolution que suppose le fait de tourner des pages.
Comme on peut le constater les réponses au défi soulevé ne manquent ni d’ingéniosité ni de pertinence. Plongés dans un univers de livres les artistes ont su restituer à ces compagnons de route et d’art tout ce qu’ils ont pu leur enseigner, ou apporter. Si bien que dans cette île qu’est la bibliothèque, ils forment une sorte de palmeraie, avec six entités différentes, à partir desquelles les visiteurs peuvent se laisser voyager. Visite guidée le vendredi midi, grâce aux bons soins d’Emmanuella Stauron.
BTN
Plus d’informations : carreartmusee.com
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