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Nîmes : les célébrations des 30 ans de Carré d’art se poursuivent dans toute la ville

10 Août 2023 | Art & Expos, Gard, Musées

Les 30 ans de Carré d’art, ce sont tous les musées nîmois, accueillant de l’art contemporain, associé ainsi à l’art antique, à la peinture classique, à l’artisanat ou aux traditions locales. Dans le même temps, les collections sont revisitées, redécouvertes et contextualisées. Un anniversaire célébré jusqu’à la fin de l’année. 

Ainsi tous les concepteurs d’affiches pour les ferias sont-ils rassemblés, d’Arroyo à Nicole Bousquet, au musée des Cultures taurines. Au musée des Beaux-Arts, on exhume les œuvres de Martial Raysse (cf. Paul Valéry), l’un des survivants du Nouveau réalisme, si apprécié du premier conservateur, Bob Calle. On peut ainsi découvrir les deux grandes périodes de cet artiste : les néons plutôt pop et son retour à une figuration classique, dont certaines places nîmoises rendent compte. Au musée du vieux Nîmes ont été sollicités des artistes du tissu, naguère présentées dans le bâtiment imaginé par Norman Foster : l’américaine Latoya Ruby Frazier qui imprime ses performances aux drapeaux sur du blue-jean, d’origine nîmoise, dans une perspective sociale et politique ; Anna Boghiguian mêlant les symboles nîmois à ceux de sa ville natale, Le Caire (le crocodile, la voile de felouque illustrant le commerce). De son côté, Mounira Al Solh a recouru à la broderie pour mettre en histoire les récits d’exilées syriennes. Mais le tissu ne se conjugue pas qu’au féminin malgré la présence d’Annette Messager. Support-Surfaces selon Viallat ou Cane, voire l’indispensable Saytour (panoplie de magicien) est passé par là, ainsi que notre Yves Reynier (chasuble et oiseau) préféré. Au musée d’Histoire naturelle, se glissent, parmi les pièces de zoologie, géologie ou ethnographie, des masques de Rondinone, des monceaux de soufre d’Othoniel ou les natures mortes miniatures peintes de Favier. Le musée de la Romanité a consacré son sous-sol à un artiste autrichien, lequel aura reconstitué, dans sa Mémoire Vive, des variations étonnantes à partir des vestiges anciens. L’imprimante 3D fait ainsi des merveilles et apporte de surcroît la transparence. L’hybridité des modèles antiques (monstres, dieux) est soulignée, et l’on relit les statues de Neptune ou Pan, Anubis ou Cupidon, avec un autre regard. Oliver Laric est un artiste du présent qui sait mettre les outils d’avenir au service de la célébration d’un passé qui nous est précieux, en particulier à Nîmes (cf. L’Art-vues juin). La Chapelle des Jésuites est occupée par la chorégraphie de Noé Soulié qui se livre à des figures imposées par les limites du cadre.

Et puis il y a, last but not least, Carré d’Art, son sous-sol (Triptyque vidéo de Martine Syms, qui nous fait voyager en images dans les quartiers sur-animés de Los Angeles), sa librairie (et les portraits d’artistes, de Jean-Pierre Loubat)… Ses différents niveaux enfin, dont le rez-de-chaussée, et sa carte blanche à la Nîmoise Suzanne Lafont, qui a installé un vrai bouquet de photographies à partir d’œuvres présentes de la Collection : scènes de guérilla urbaine de Stan Douglas, portraits ou paysages urbains des œuvres présentes (Thomas Schutte, Jean-Luc Moulène, Akram Zaatari, Thomas Struth etc.) ou absentes (Boltanski). À l’étage, l’exposition La Mélodie des choses est « Carré-ment » didactique puisque l’on se promène du Nouveau Réalisme (Affichistes, Spoerri, Arman, etc.) à Markus Raetz ou Larry Bell, parmi plusieurs décennies d’histoire de l’art : art conceptuel, Supports-Surfaces (nos régionaux : Arnal, Dezeuze, Saytour, Viallat…) et BMPT, Arte Povera, figuration des années 80 (Combas, Barcelo, Alberola…), peinture allemande (Richter, Polke…), production nîmoise (Clément, Bordarier, Azémard)… Mais c’est au dernier étage que l’on se rapproche le plus des options du conservateur qui a délégué à deux artistes, récemment exposés, la responsabilité des choix d’œuvres censées mettre en valeur les acquisitions. Le Suédo-Jordanien, Tarik Kiswanson, qui nous avait enchanté avec ses Vestibules en lanières de métal poli, tournoyant sur eux-mêmes, a joué le jeu de manière sobre, en exploitant l’espace et en rappelant à notre meilleur souvenir les expositions de ces dernières années : Etel Adnan, Dahn Vo, Nairy Baghramian, Sam Contis, Wolfgang Tillmans, Rosalind Nashashibi, et aussi des séries de Sophie Calle, Suzanne Lafont, ou des sculptures, un peu oubliées aujourd’hui du regretté Absalon. On voit ainsi les orientations prises par le musée, impliqué dans les diverses causes qui caractérisent les motivations des artistes du présent, engagés ou éveillés, d’aujourd’hui. Quant au Libanais Walid Raad, il surprend son monde en limitant ses choix aux ombres de tableaux muraux censés avoir été offerts à Bob Calle, premier conservateur en titre, pour services médicaux rendus. Une manière de réintroduire de la fiction dans le réel. Enfin, la Bibliothèque présente de somptueux livres d’artistes, genre plus rare, mais qui a acquis ses lettres de noblesse. Un anniversaire consensuel où l’on trouve un peu de tout, un peu d’éclectisme, ne faisant pas de mal face à la montée des sectarismes de toute confession.

BTN

carreartmusee.com

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