Oui, ce Baron a bien existé, juste petit baron de province qui se croit plus important qu’il n’est, devenu cependant un personnage haut en couleur de la littérature allemande. Patrice Thibaud, qui a mis en scène ces fameuses aventures, va incarner du 7 au 9 mars au Théâtre de Nîmes ce chef-d’œuvre, adapté au cinéma par Méliès puis Terry Gilliam.

Il en parle avec la gourmandise qui sied à un acteur qui sait à merveille cultiver la fantaisie, l’extravagance, l’inventivité. « D’une commande du Théâtre impérial de Compiègne, d’un thème imposé, je suis parti dans l’aventure, car j’aime bien toutes ces figures emblématiques de rêveurs, d’êtres assez perchés comme Don Quichotte, Tartarin, des personnages à multiples facettes ». La musique s’inscrit parfaitement dans cet univers à la démesure de son héros.

Hervé Niquet à la direction musicale de l’orchestre et du chœur du Concert spirituel avec des chanteurs d’exception, Axelle Fanyo (soprano) et deux barytons : Romain Dayez et Jean-Gabriel Saint-Martin. Patrice Thibaud souhaitait intégrer cette partition musicale : « Il y a cette grande part musicale dans mes spectacles. Hervé Niquet a été enthousiaste et il faut dire que les moments de musique sont fabuleux. Pour le requiem final, neuf musiciens sont dans la fosse. Cela prend des airs petit opéra pour enfants qui n’enlève rien à l’esthétique d’une grande pièce d’opéra sorti des musiques baroques. » 

Une gageure toutefois que cette adaptation théâtralement compliquée à adapter, très cinématographique : « J’aime les défis. Tout ce qui est « infaisable », je le mime. Je me suis tapé le travail de réécriture, de réinvention, y compris les chansons écrites en alexandrins, et donc la problématique sur le nombre de pieds ! » À l’origine, une idée de grande liberté qui s’est construite au cours des répétitions et un enfermement trois semaines avant pour que tout soit écrit à leur début : « Oui, une expérience bon enfant, bien vécue, car aussi excitante que confortable. Je me suis plongé dans le spectacle à la fin alors que j’avais dès le départ un socle solide. »

L’écho de cette histoire avec la contemporanéité ? « Dans cette époque de fake, d’intelligence artificielle et autre, cela amène une façon de réfléchir sur la vie, de méditer. Comme les personnages de Terry Gilliam Münchausen tout en étant plus provincial, plus trivial, sûr de lui.  Il y a pourtant dans ses accès de délire, de grands moments de tendresse qui peuvent évoquer Chaplin Keaton Jerry Lewis, ou Mister Bean. »

En bref, un réjouissant temps de comique, de geste, de situation, satisfactions poétiques de la pulsion scopique et auditive, un émotif cabinet de curiosité sans vains trucages ou grosses machineries.

Plus d’informations : theatredenimes.com