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Nîmes : Claude Viallat célébré à Carré d’art à travers une grande exposition, du 27 octobre au 11 février

27 Oct 2023 | Arts plastiques, Expos, Gard

Rares sont les artistes prophètes en leur pays, du moins en France. Claude Viallat célébré à Carré d’art est ainsi un événement majeur qu’il nous faut saluer, à la hauteur de l’importance nationale prise par cet artiste que beaucoup s’imaginent connaître alors qu’ils en restent aux stéréotypes, à la caricature ou à la plus extrême simplification. L’œuvre de Viallat est diverse, en perpétuelle expérimentation et elle fait flèche de tout bois comme de tous supports, textiles en particulier. Si le tissu demeure, depuis des décennies, le support de prédilection du peintre, il est rare, dans les productions les plus récentes qui seront proposées, qu’il se limite à une seule surface. Viallat aime à le combiner, l’associer à d’autres d’une autre nature, pratiquant au fond ce que l’on nomme de nos jours l’hybridité.

Les petits formats en particulier lui permettent d’expérimenter l’impact de sa forme usuelle dans sa dimension mesurée, modeste et intime. Les objets récupérés favorisent de curieux assemblages, parfois amusants, voire ironiques, les supports et les surfaces finissant par se dissoudre et se confondre dans la notion de bricolage, prise au sens noble et ethnologique du terme. Car ce que cherche au fond Viallat c’est retrouver des gestes ancestraux, qui peuvent paraître élémentaires, mais qui sont le fruit des millions d’années de relations que l’homme aura entretenu avec son environnement : nouer, assembler, relier, suspendre, abouter… La couleur est l’autre grande composante de cette œuvre immense. Chez Viallat, elle est déterminée par le support, récupéré après usage et abandon… Quand on parle de recyclage et d’écologie…

Et puis, bien sûr, il y a la forme qui s’est profondément modifiée depuis sa découverte fortuite. Sa répétition, régulière et mécanique, évite au peintre de se poser des problèmes de composition afin de se concentrer sur l’expérimentation des couleurs, dans leur matérialité, leur réaction aux résistances du support. Parfois même de vérifier l’effet de la forme sur son environnement immédiat, à savoir la « contre forme » qui ne manque pas d’apparaître. Tout geste a une conséquence sur ce qui l’entoure. Encore une leçon d’actualité. Viallat aime à utiliser des matériaux aisément identifiables, quelquefois naturels, même s’il ne manque jamais une occasion de s’amuser des goûts bourgeois. Chez lui, le simple, redressé sur le mur, a droit au royaume des yeux.

Ses objets sculpturaux, faits de bric et de broc, semblent tenir par miracle, mais c’est parce qu’il a conscience de la précarité de la condition humaine, et de la place de l’homme dans l’univers qui porte à l’humilité. À l’instar de ses filets qui certes renvoient à une activité primitive, mais surtout explorent le maillage, lequel participe à la confection du tissu. Un pan de surface démesurément agrandi et qui laisse une grande part au vide, comme dans la constitution de l’univers. L’intérêt de Viallat pour les activités taurines relève de cette fascination ethnologique pour des traditions dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Si l’œuvre est diversifiée, elle est cohérente, ce que devrait prouver cet hommage de sa ville natale à cet artiste qui aura tant fait pour la renommée de cette dernière.

L’exposition s’étale sur deux niveaux, ce qui était pour le moins le minimum au vu de son importance. Elle s’adresse au public nîmois, mais aussi à tout le monde et au monde entier. Et c’est bien que, pour une fois, ce soit l’un d’ici s’adresse à l’autre, aux autres, et pas seulement les autres qui s’imposent à nous, les gens d’ici.

BTN

Plus d’informations : carreartmusee.com

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