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Nîmes : Carré d’art célèbre ses 30 ans dans toute la ville à partir du 9 mai

4 Mai 2023 | Art & Expos, Expos, Gard

Il est indéniable que Carré d’art aura fait partie de la dizaine de lieux qui font que la région n’est plus un territoire sinistré, et qui a été à même d’attirer les touristes comme les autochtones, férus d’art contemporain. Mais, la ville de Nîmes a un passé, une histoire, des traditions, un patrimoine qui la distinguent du lot. Il convenait donc de le rappeler et l’anniversaire commémorant l’inauguration du bâtiment de Norman Foster (nous y étions…) valait bien que l’on mette les petits plats dans les grands. L’événement permet, en effet, de plonger dans la riche collection et d’en présenter les fleurons les plus émérites, qu’il s’agisse d’œuvres des années 60-70 tournées vers les préoccupations d’alors, ou des plus récentes, tournées vers celles d’aujourd’hui. À Carré d’art, certes, mais aussi dans les différents musées (du Vieux Nîmes, des Cultures taurines, d’Histoire naturelle, des Beaux-Arts et bien sûr de la Romanité, auxquels il faut ajouter l’École des Beaux-Arts et la Chapelle des Jésuites), chacun intervenant selon sa spécificité. Nous y reviendrons dans le détail.

Pour Carré d’art, le deuxième niveau est déjà visible. Des salles spécifiques sont vouées aux divers mouvements représentés à travers les dons d’artistes, de galeries ou de collectionneurs (dont l’inoubliable Bob Calle). Ils constituent le fond si envié de ce musée de verre et acier, placé pas pour rien en face de la Maison carrée : Nouveau Réalisme (compression de César, affichistes, accumulation d’Arman, Klein, Spoerri, Niki de Saint Phalle), Supports-Surfaces (l’un des premiers Viallat, un volume aux anguilles et résine de Toni Grand, une série de scotchs aboutés de Saytour, des géométries à claire-voie de Dezeuze, un pliage d’Arnal, un Pagès…) et apparentés ou précurseurs (BMPT, Hantaï), Figuration des années 80 (Barcelo, Combas, Alberola, JC. Blais, Garouste…) Arte Povera (Kounellis, Penone, Boetti, Merz) et sculpture anglaise (Flanagan)… Mais également des salles plus flottantes, avec des personnalités singulières (Frize, Clément, Bordarier, Lavier et le regretté Richard Baquié) et souvent majeures (ON Kawara ici, Boltanski là, J.P. Bertrand, ou le Camarguais Jean Azémar). On en profite pour se remémorer les meilleures expositions temporaires de Carré d’art, dont Markus Raetz, Cristina Iglesias ou Juan Munoz. Au troisième étage, les choix seront effectués par la Nîmoise Suzanne Lafont (dont les photos, puisées dans la collection, et expansées, relient la guerre, ou l’insurrection, au contexte local) et par deux anciens invités, Walid Raad (qui revisitera l’histoire du musée, de son œil oriental et critique) et Tarik Kiswanson (qui met l’accent sur les dernières orientations « engagées » du musée).

Il ne s’agit pas seulement de commémorer, mais aussi d’affirmer l’ancrage de Carré d’art dans la réalité politique et esthétique de nos jours, et de ne point nier les préoccupations des artistes du présent. On le constatera au musée du vieux Nîmes où Mounina Al Soth sera présente avec des portraits de Syriens, ou Martine Syms qui, dans l’atrium, décline chorégraphiquement le corps noir à coups de spots institués en Lessons.

Au demeurant, tous les aspects de la culture nîmoise sont pris en compte puisque le musée des Cultures taurines présentera les originaux d’affiches réalisées pour les inévitables Férias. L’École des Beaux-Arts de Nîmes imaginera un parcours parmi les œuvres réalisées dans l’espace urbain et réinterprétées par les étudiants.

Le musée du Vieux Nîmes rappellera le succès du « jean » Denim à travers les œuvres de Layola Rubi Frazier (en pleine crise économique) tandis que le muséum d’Histoire naturelle présentera les œuvres les plus proches de ses attributions scientifiques (Nature morte de Favier, Vanité de Moulène, Masques de Rondinone…).

Le musée de la Romanité accueillera Oliver Laric, lequel offrira un panel de répliques, réalisées à l’imprimante, dans des matériaux actuels, posant la question de l’original et de la copie, dans une démarche post duchampienne.

Enfin, le Musée des Beaux-Arts, dont n’oublions pas qu’il constitua la préhistoire de Carré d’art (on a pu y voir Arman par exemple), se paie la part du lion en présentant ce monument de l’école niçoise qu’est et demeure Martial Raysse, l’homme qui a donné un visage au néon dès les années 60 et remis la peinture à sa vraie place avant tout le monde (La source, en cœur de ville). Le goût littéraire pour la Biographie est rappelé par une exposition dans la Bibliothèque consacrée au livre d’artiste (Etel Adnan, Filliou, Messager, etc.). Quant à la Chapelle des Jésuites, elle célèbre la décomposition des mouvements orchestiques du corps dans la vidéo de Noé Soulier. Tout cela méritera que l’on y revienne de manière détaillée.

BTN

Plus d’informations : carreartmusee.com

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