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Nîmes : Aleksandra Kasuba, Marija Olšauskaité, deux artistes à l’honneur à Carré d’art jusqu’au 23 mars

25 Oct 2024 | Expos, Gard, Musées

Un certain nombre de valeurs, de visions du monde, de modes de pensée, sont remis en question aujourd’hui parmi la frange la plus éveillée de l’effervescence culturelle, de sorte que l’art contemporain est, de ce point de vue, sur la brèche, ou comme on disait autrefois, dans l’avant-garde. Ainsi se rend on compte que la moitié féminine de la planète n’avait pas été considérée à sa juste valeur, que l’art n’était pas forcément lié à la suprématie de quelques pays dominants et que le futur, à imaginer, tend au métissage ou à l’hybridité, y compris pour ce qui concerne les catégories traditionnelles de l’art.

Ces dernières se mêlent dans la pratique plurivalente de la Lituanienne Aleksandra Kasuba, exilée aux États-Unis, à présent décédée, et dont Carré d’art s’honore de proposer la première rétrospective en France : elle tient tout autant de l’architecture que du design ou de la recherche artistique, laquelle se veut expérimentale. Elle se caractérise par l’utilisation de tissus, extensibles et tendus, lesquels répartis dans l’espace, visent à contrarier la primauté accordée à l’angle droit et, si l’on me passe l’expression, aux rigidités masculines. On découvrira cette œuvre pionnière au troisième étage de Carré d’art, où l’ordre des salles permet d’aborder les points forts d’une production tout en finesse, éclairages et rondeurs. Elle démarre avec la découverte de son alter ego, à l’âme vagabonde (Wanderer) et nous plonge dans un environnement spectaculaire et immersif nommé Spectrum. An afterthought, où le visiteur fait l’expérience de la division lumineuse, baigne dans une atmosphère de légèreté bienveillante. On découvre ensuite les liens de l’artiste avec le mouvement Experiments Art and technology, ou avec le programme Art in science. Et ainsi de suite jusqu’à son probable chef-d’œuvre, Rock hill house, sa demeure organique au cœur du désert du Nouveau-Mexique, dont nous est relatée la construction.

La seconde artiste, Marija Olšauskaité, lituanienne aussi, est bien plus jeune. Elle recourt essentiellement au verre et n’hésite pas à solliciter les verriers de son pays grâce à qui elle récupère des chutes pour élaborer des paravents rehaussés de vitraux colorés. Ces objets habituellement occultes deviennent translucides et amènent à reconsidérer les rapports humains dans l’espace domestique. Sans doute est-ce la raison pour laquelle sont mises en exergue des séries de petites oreilles renversées, invitant à l’écoute et à une claire communication. Un hommage est rendu à la mère de l’artiste dans la série Tranquility extension sollicitant, grâce à des papiers-vitraux, des souvenirs d’enfance. De même, les Softeners en silicone, suspendus comme des linges à sécher, encore une activité attribuée à la féminité. Ils portent en surface des traces des gestes ancestraux. Enfin la série des Ponds, posés au sol à l’instar d’étendues glacées peuvent rappeler des tables éclairées. Un titre résume assez bien l’ambiance qui se dégage de ce palais de verre : Never act in hate. Comment ne pas y souscrire ?

BTN

Plus d’informations : carreartmusee.com

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