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Montpellier : l’univers d’Olympe Racana-Weiler exposé à l’Hôtel Richer de Belleval jusqu’au 9 septembre

15 Mai 2023 | Art & Expos, Expos, Hérault

Faisant partie des cinq artistes retenus, par la Fondation GGL, afin de concevoir une œuvre pérenne au sein d’un hôtel chargé d’activités et d’histoire, première femme à occuper de ses peintures et gravures la salle d’exposition temporaire, Olympe Racana-Weiler représente la jeune génération de ces artistes à qui le mot et l’acte de peinture ne font plus peur. Jusqu’à cet automne, la Fondation GGL, installée à l’Hôtel Richer de Bellaval, lui consacre une exposition. 

Dans le boudoir qui lui a été confié, elle n’a d’ailleurs pas hésité à immerger les éventuels visiteurs dans un bain de formes non figurales et de couleurs vives, comme pour faire partager son goût immodéré pour cette activité. Il s’agissait de suggérer l’antre de la Sybille de Cumes – figure emblématique et symbolique du pouvoir féminin – de délivrer le vrai, notamment l’avenir, en l’occurrence, que cette œuvre, inscrite dans la pierre, pourra être vue dans quelques siècles au même titre que nous contemplons les fresques anciennes aujourd’hui. De cette œuvre, on a l’impression qu’elle s’inscrit à la fois en surface et en profondeur. En surface car l’artiste pratique le all over, toutes les surfaces sont peintes, de manière à suggérer un fond sous-marin avec ses fantastiques végétations (d’où la dominante de vert) et ses concrétions murales (d’où les bruns et ocres) ou encore une jungle. En profondeur, car on sent bien qu’un tel travail relève d’une succession de couches, analogues aux diverses activités qui ont marqué l’évolution du lieu depuis son origine. Toujours est-il que nous sommes plongés dans un monde de formes qui s’associent et se chevauchent, et qui gardent tout leur mystère, car elles témoignent du déploiement d’un corps dans les arcanes de la création. Nous sommes confrontés au résultat mais n’avons que peu d’idée de ce qui s’est tramé pendant le temps de travail et de production de l’artiste.

Dans l’espace d’exposition temporaire, on se familiarise de plus près encore avec l’univers de l’artiste. On n’est plus totalement immergés même si les tableaux, placés frontalement, atteignent des dimensions surhumaines, adaptées à la hauteur du lieu. Si le premier abord nous confronte au chaos et aux perturbations qu’il suscite en nous, des figures apparaissent, notamment celle du visage, comme si Olympe Racana-Weiler avait voulu faire allusion aux êtres qui sont passés dans le lieu et en y ont laissé une trace fantomatique, quasi subliminale. La résine, et ses éclats, unifie la surface et joue sur l’ambivalence entre le sensuel et le sacré, la tentation et l’interdit. On ne touche pas. Mais si les toiles brillent par l’intense activité des interventions colorées sur toile de lin, dans les œuvres sur bois la couleur n’est plus prépondérante. L’artiste travaille aussi en noir et blanc, et met en exergue le dessin, activité primitive et foncière. Elle expérimente ainsi les vertus de la gravure, activité naguère quelque peu marginalisée, en recourant au bois, plus dur, comme support, ce qui implique un autre rapport corporel à l’œuvre. Le fait de passer des murs et plafond de l’architecture à la planéité du tableau est bien métaphorisé par le passage du déploiement du corps à la concentration autour du visage. Celui-ci n’est pas conçu comme réaliste ou publicitaire, mais comme un patient assemblage de gestes car pour un artiste le geste est souvent premier, et précède la parole. On y retrouve pourtant la Sybille et ses têtes géantes, les artistes au féminin ayant besoin aujourd’hui de repérer dans l’art et l’Histoire des figures tutélaires, à même de rivaliser avec les grands mythes patriarcaux. Celui-ci se devine plutôt qu’il ne se figure, car l’art doit conserver sa part de mystère. Toujours est-il que la gravure retrouve ici une certaine vigueur de jeunesse, se plaît à expérimenter la démesure, et se combine avec le graphique charbon pour nous offrir ces exemplaires uniques aussi imposants que fascinants.

BTN

Plus d’informations : fondation-ggl.com

CatégoriesArt & Expos | Expos | Hérault

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