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Montpellier : Christian Astor expose à A+ Art jusqu’au 17 novembre

17 Oct 2023 | Expos, Expos, Hérault

Grâce aux bons soins du peintre Pierre Bendine-Boucar, cette agence vouée à l’architecture inventive, située aux confins de la ville, près du Mas de Lafeuillade, est devenu un des lieux incontournables du paysage artistique montpelliérain. Parce qu’il accorde une place prépondérante, dans ses tableaux, à la construction et à l’espace, l’artiste invité en ce début d’automne s’inscrit tout naturellement dans ces locaux. Les formats que propose Astor dans sa série Le temps scellé sont imposants, car l’homme est capable de se dépasser lui-même. Chacun peut y projeter son propre imaginaire.

Christian Astor recourt donc à une sorte de prosodie ou si l’on préfère, à un espace structuré, à l’instar d’un poète qui canalise le flux verbal que son inspiration lui soumet. Le peintre, en effet, s’efforce de rendre concrète, voire lisible dans la matière l’énergie qui le travaille et le pousse à l’action, une énergie primaire ou comme il le dit lui-même fossile. Cette dernière s’inscrit dans l’espace que le peintre maîtrise mais prend sa source bien au-delà. On peut même dire que le peintre ne saisit que quelques fragments du cosmos dont il fait partie et qu’il tente de circonscrire. C’est ce qu’il nomme Le temps scellé car ce que nous percevons sur la toile est le résultat de divers moments mais suspendus. La peinture a la propriété de proposer de nouveaux espaces. Astor les démultiplie sur ses grandes toiles car il ne saurait les limiter à la symbolique de la fenêtre ouverte sur le paysage. D’où cette compartimentation qui fait, dans ses grandes réalisations, qualifions-les de surhumaines, sa spécificité. Par là, il rejoint la démarche des architectes : il ne se limite pas au mur qui entoure la fenêtre, mais multiplie les espaces et les cloisonne. Les tableaux d’Astor ont donc toute leur place dans cette agence.

À y regarder de plus près, car le regard est fondamental pour aborder cette œuvre qui s’est qualifiée naguère d’Errance colorée, on remarquera que l’artiste use tout autant d’une abstraction gestuelle, par et dans l’investigation de la matière, que dans des références figurales, non perspectivistes. Je pense à sa façon de ressusciter, sur les côtés, au premier plan, dirons-nous, sa série de poires inlassablement répétées. À cette dualité abstraction/figure s’en ajoute une autre Cosmique/réel ou si l’on préfère Inconnu/référencé. C’est à l’exploration d’un univers intime, d’un monde à la mesure de l’artiste, que nous convie Astor, sachant que l’homme est lui-même traversé par cet infini dont le Temps lui permet l’expérience. On sait que l’espace et le temps sont faits pour s’entendre. C’est ce qui justifie dans le tableau l’inscription du temps dans les espaces. De diverses captations du temps dans la matière, mise en espace. C’est en ce sens que l’on peut parler de temps scellé. Mais ce sceau ou cette fermeture est ouverte à toutes les interprétations, à tous les imaginaires, un peu comme en architecture : l’architecte ne choisit pas forcément ses habitants. Nous sommes les habitants temporaires des tableaux définitifs scellés par Astor, l’un des rares à bénéficier d’une expo perso dans ces lieux, plutôt voués aux propositions collectives.

Bonne pioche, donc, pour A+Art. Bendine a encore eu le nez creux.

BTN

Instagram : aplusart34

CatégoriesExpos | Expos | Hérault

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