Sélectionner une page

Livre : découvrez « Les arbres sont aussi du silence », la collaboration du peintre Raphael Ségura et du poète James Sacré

8 Fév 2021 | Hérault, Livres

Derrière ce titre assertif se révèle la collaboration d’un peintre montpelliérain, Raphael Ségura et d’un poète, James Sacré. Le premier s’est occupé des arbres, à l’encre de Chine, le second a réussi à les faire s’exprimer  avec cette capacité qu’a la parole poétique de s’accommoder du silence, en ce monde plein de bruit.

Les dessins de Segura sont, à ce propos, entourés d’absence. Il ne livre pas l’intégralité de l’arbre, plutôt son ossature, le tronc principalement, l’élancement des branches porteuses, parfois la souche. Aucune feuille, ni ramure. Des torsions en revanche et des tensions. Nul environnement figural sinon les traces du papier, exotique, qui se fait jour dans les exemplaires originaux. Du papier malgache, le peintre a longtemps vécu à la Réunion. La partie dévoilée n’en découvre que mieux sa présence. D’autant que le modelé recourt aux traits gras, aux lignes cursives, à la répétition, laquelle fait si bien penser à l’écriture. Une écriture abstraite, graphique. Par ailleurs, le format est quasi carré, facilement manipulable, les pages ont supplanté les feuilles.

James Sacré, quant à lui, a développé sa pensée en cinq chants. Partant des arbres qui ont marqué sa vie, de ses voyages, de ses demeures et souvenirs, on le voit se plonger dans une méditation discontinue qui semble comme en quête de la plus la juste formule : « Le poème, un dessin sont-ils pas toujours/Le bruit du vivant dans ce qui semble mort ? » ; « Ecrire et dessiner : quelle musique/Pour rédimer le monde ? » ou encore : « Quel feu continue/De s’entretenir en brûlant des mots ? ». Segura a bien saisi le caractère aphoristique de certains vers libres, fulgurants, du poète. Aussi en a-t-il isolé quelques-uns qui ne demandaient qu’à se voir illustrés. Ainsi après chaque chant, quatre d’entre eux sont-ils repris en exergue. J’en cite deux au hasard : « Tourmentés jusqu’à montrer nus/Leur branchage et tronc torturés » en vis-à-vis d’un dessin qui donne vivement cette impression dramatique. Ou devant une souche : « Sous l’écorce du dessin. Le poème ».

On a donc un double mouvement dans ce recueil : celui qui incite le poète à arracher des mots aux dessins du peintre, dépouillés, il faut le répéter. Celui du peintre qui arrache au poème ses aphorismes les plus remarquables pour les confronter à une nouvelle illustration. Le lecteur découvrira alors certains aspects du texte deux fois : l’une dans son contexte originel, à savoir le cheminement poétique ; l’autre isolée et prenant ainsi une valeur d’autant plus générale. Cela étoffe le recueil et dédouble la lecture. Ainsi, ne se révèle que mieux, en dernière instance, la pertinence du travail de Ségura : c’est en ne conservant de l’arbre que son squelette qu’est mise en évidence sa forme essentielle, sa quintessence. Le dessin et le poème se rejoignent. Ils font fi du superflu et vont directement à l’essentiel. Dans un monde où l’on parle beaucoup, et le plus souvent pour ne rien dire, il est devenu urgent de rétablir un art du concis et de la précision, qui remette les choses à leur place (De même dans un environnement bétonné, l’arbre crie sa souffrance et revendique sa place). Au bruit s’oppose le silence, que sont aussi les arbres, si l’on sait les regarder, les entendre car le silence aussi bruit. De poésie si l’on sait l’écouter. Et James Sacré possède cet art-là.

BTN

James Sacré et Raphael Ségura, Les arbres sont aussi du silence, Eds Voix d’encre, 06 88 31 27 51 ou srajac@gmail.com

voix-dencre.net

A lire aussi

Montpellier | Mille formes, centre d’initiation à l’art pour les 0-6 ans ouvrira ses portes dans un an

Montpellier | Mille formes, centre d’initiation à l’art pour les 0-6 ans ouvrira ses portes dans un an

Dans le cadre du développement de ses politiques publiques au service de la petite enfance et de la culture, Montpellier - ville à hauteur d’enfants – ouvrira, le 6 février 2026, dans le quartier...

Lire

Sète | Alain Chamfort, Clara Ysé, Stéphan Eicher, Thomas Dutronc… à l’affiche du festival Quand je pense à Fernande, du 25 au 29 juin

Sète | Alain Chamfort, Clara Ysé, Stéphan Eicher, Thomas Dutronc… à l’affiche du festival Quand je pense à Fernande, du 25 au 29 juin

Le Théâtre de la Mer, Sète, et la musique : voilà la recette du festival Quand je pense à Fernande qui, cette année encore, proposera de belles soirées musicales, du 25 au 29 juin. LE PROGRAMME...

Lire

Saint-Jean-de-Védas | Entre théâtre et musique, « Coda » fait vivre les sons au Chai du Terral le samedi 1er mars

Saint-Jean-de-Védas | Entre théâtre et musique, « Coda » fait vivre les sons au Chai du Terral le samedi 1er mars

Le samedi 1ᵉʳ mars, le Chai du Terral, à Saint-Jean-de-Védas, accueille Coda, spectacle de la cie Laissons de côté, qui raconte l’histoire d’une ville où la musique aurait disparu… Coda, la fin...

Lire

Montpellier | Exposition « Sans limites » du 8 février au 2 mars à l’Espace Saint-Ravy

Montpellier | Exposition « Sans limites » du 8 février au 2 mars à l’Espace Saint-Ravy

Du 8 février au 2 mars, l’Espace Saint-Ravy accueille l’exposition Sans limites qui propose un dialogue entre deux artistes, Alexandre Cabec et King Pakong. Tous deux autodidactes, ils invitent...

Lire