L’expo estivale du niveau 3, consacrée à Nairy Baghramian, étant différée, Carré d’Art a puisé dans son riche fonds afin d’ouvrir davantage encore sa collection riche et variée au public estival. Prenant pour prétexte la méfiance suscitée par la pandémie, nous sont proposés divers regards sur l’autre, en photo et en vidéo principalement.
Suzanne Lafont (portraits très cadrés en gros plan et d’autant plus énigmatiques) et surtout Sophie Calle (Vues de mer, Série : Aveugles au… où ces derniers évoquent leur dernier rapport avec la visible) y sont les régionales de l’étape. Mais on y retrouve les maîtres du genre, Andres Serrano (et ses nomades sans abris dans le métro auxquels il restitue leur dignité), Thomas Ruff (portraits d’identité agrandis), et Patrick Faigenbaum, cet extraordinaire ethnographe des riches familles romaines.
On peut se remémorer les diverses expos ayant eu lieu à Carré d’Art telle celle de Latoya Ruby Frazier, noire américaine rendant hommage à ses proches. Ou des portraits de travestis et une série de masques concoctés par Ugo Rondinone. Ou les images d’archives du Libanais Wally Raad. Ou encore la photo migrante de la Marocaine Yto Barrada. On peut réviser son histoire de l’art en revisitant les assemblages hétéroclites d’Annette Messager.
Vidéos et collection permanente
Côté vidéo on a l’embarras du choix : une des « lessons » engagées sous formes de clips de Martine Syms (femmes fardées en pleurs) dans un caisson lumineux posé au sol, les maquillages clownesques selon Julien Bismuth, l’expérience de la durée autour de quatre ados inactifs selon Gillian Wearing, Ivan Argote qui s’approprie l’anniversaire familial, et saisit les réactions des gens interpellés dans la rue, tandis que De Rijke et De Rooij captent les visages des toxicomanes…
Au niveau 2, la Collection permanente, fréquemment renouvelée où l’on peut admirer des fleurons de Supports-Surfaces des débuts : Viallat, Dolla, Dezeuze, Pincemin, une salle étant réservée à l’immense sculpteur qu’était Toni Grand (sur bois mais aussi sur métal). Les maîtres de la peinture allemande, Polke et Richter, l’art italien des années 80 (Clémente et Cucchi), Le diariste conceptuel On Kawara, Alain Jacquet revisitant la Grande Jatte, quelques rappels, des expos passées (Stan Douglas et sa célèbre panne d’électricité recomposée, Rondinone, Frazier) et quelques acquisitions récentes d’artistes dont on parle (Guillaume Leblon ou Julien Creuzet) sont également au programme. Beaucoup d’engagement dans ces œuvres, comme si le sens prenait le pas sur la forme, une tendance à confirmer ?
Plus d’informations : carreartmusee.com
0 commentaires