Plus une seule place au théâtre Jean-Alary à Carcassonne pour assister à la représentation du Misanthrope, un des évènements de l’année. Lambert Wilson, dans le rôle d’Alceste avait aiguisé les curiosités. Le public n’a pas été déçu, au contraire, dès son entrée en scène et dès les premières répliques il est ce héros intransigeant, cet amoureux atrabilaire torturé, ce révolté rejetant toutes les compromissions. Peter Stein fait évoluer les personnages dans un décor très classiques et dans des costumes où ne manquent pas un ruban. Au moins Molière n’est pas trahi comme dans certaines mises en scène contemporaines décoiffantes, on savoure les morceaux de bravoure : la critique du sonnet, les portraits. Tel Don Juan, Alceste est enlevé au monde de la cour, dans un éclair, un effet malheureusement lancé trop tôt qui fait perdre la dernière réplique, tellement importante. Dommage, car la distribution était particulièrement réussie. Face à Wilson, Hervé Briaux campe en Philinte plein de retenu et de patience, Pauline Cheviller est une Célimène pleine de charme, déconcertante de coquetterie. La pièce a traversé les siècles sans une ride malgré les alexandrins, car son thème, résonne très actuel. Comme à la cour de Louis XIV, l’hypocrisie, les coups bas, les trahisons règnent. Il est bien difficile aujourd’hui de conserver droiture et intégrité. Et comme Alceste, on n’a qu’une idée fuir ce monde abject pour ne pas se salir. Ce Misanthrope tourne en région et vaut le déplacement. MCH
Le 31 janvier, Théâtre Jacques-Cœur, Lattes. Tél. 04 99 52 95 00. www.ville-lattes.fr
Du 6 au 9 février, Odyssud, Blagnac. Tél. 05 61 71 75 15 www.odyssud.com