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L’Art-vues a vu au Printemps des comédiens

17 Juin 2019 | Festivals, Spectacles vivants, Théâtre

Grand siècle

Moment rare à l’Opéra Comédie à la redécouverte du Bourgeois Gentilhomme**** en version originale, c’est à dire en comédie-ballet avec la musique de Lulli, à peu près comme l’ont reçu Louis XIV et sa cour. Un divertissement grand siècle. Jérôme Deschamps l’a voulu ainsi, mais sa mise en scène évite la reconstitution historique pour nous donner une vision plus contemporaine. Perceptible dans le décor avec machinerie, trappes, vide-ordure et accessoires en plastique. Les costumes historiques revisités, les danseurs en tutu et invraisemblables perruques peroxydées ; les chapeaux emplumés enjolivés d’antennes à pompon ; la présence, en arrière-plan de Nicole avec son balai. Dans la fosse les solistes et l’académie des musiciens du Louvre, joue la musique de Lulli et pour les entrées de Monsieur Jourdain, celle de Charpentier, rendue populaire par  la télévision  comme générique  de  l’Eurovision. Tel le roi, le Bourgeois salue du balcon de  sa chambre.  Jérôme Deschamps qui joue le rôle, vit son rêve à fond avec une candeur désarmante. Son entourage se rit de lui, qu’importe, personne ne l’empêchera de gravir les échelons de son irrésistible ascension vers le paradis des grands. Son jeu plutôt sobre s’adapte parfaitement au texte de Molière, aux répliques, des perles enfilées en collier, pleines de saveur et d’humour. Des temps forts dans cette représentation, les leçons d’escrime, de musique, de danse, de philosophie ou la cérémonie turque.  Bref un divertissement très grand siècle qui pointe quelques prétentions blingbling, toujours actuelles.

Désir d’évasion

Les deux autres spectacles, du week-end peuvent être considérés comme des désirs d’évasion. First Trip** d’après Virgin suicides de Jeffrey Eugenides, inspiré par un fait divers macabre, le suicide des cinq sœurs issues d’une famille puritaine américaine, mise en scène de Katia Ferreira.  Comment expliquer ces gestes sinon par le désir d’échapper à cette vie castratrice ? Les anciens camarades des filles ont mené l’enquête, ont essayé de comprendre, en vain. Le spectacle est un patchwork de moments, de souvenirs vrais ou brodés, d’évocations en vidéo et sur scène. Rien à dire, un travail propre, influencé par un de ses maitres, Cyril Teste, dont elle est l’assistante dans Opening Night. Un peu touffu, l’ennui gagne. Scala*** est proposé par Yoann Bourgeois, un habitué du Printemps des Comédiens. Il poursuit son travail sur le thème de l’escalade et l’évasion. Comme dans tentatives d’approche d’un point de suspension, dans ce spectacle qui tient du cirque et de la danse les artistes disparaissent par des trappes, se jettent sur des trampolines pour mieux remonter sur un escalier sans fin. Ils glissent le long des marches, se font emporter au fond d‘un aquarium, dans un mouvement perpétuel. Ils font corps avec la scénographie signée elle aussi par Yoann Bourgeois. C’est fluide. On s’évade avec eux, on les poursuit, on rêve.

MCH

Tournées dans la région

First Trip :  20 au 22 novembre, Théâtre de la Cité, TNT, Toulouse. 6 et 7 février, Théâtre de l’Archipel, Perpignan.

Le Bourgeois gentilhomme : 18 au 21 mars, Odyssud, Blagnac.

Prochains spectacles du Printemps des Comédiens :

Banquet capital d’après Karl Marx, adaptation et mise en scène Sylvain Creuzevault, la langue puissante de Marx, jusqu’ au 14 juin, chapiteau, La Pinède.

Opening night, d’après le film de John Cassavetes, mise en scène Cyril Teste, avec Isabelle Adjani dans le rôle de la star en répétition, spectacle évolutif, jusqu’au 15 juin, Théâtre Jean-Claude Carrière.

Tous des oiseaux, de   Wajdi Mouawad, Théâtre de La Colline, ils inventent une nouvelle langue pour parler de la mémoire des mondes, 14 et 15 juin, Amphithéâtre d’O.

Comédie musicale

Une femme se déplace, de et mise en David Lescot, exploration de l’enfance, dans l’esprit des comédies musicales de Broadway, 14 au 16 juin, Théâtre des XIII Vents.

Girl frome the Fog machine factor de et mise en scène Thom Luz, réflexion sur le temps qui passe, sur l’instant insaisissable, 18 et 19 juin, Théâtre Jean-Claude Carrière.

Cirque

Tout est bien ! un cirque de bric et de broc, plein de poésie, Cie Pré o Coupé, jusqu’au 20 juin, sauf 17 juin, Domaine d’O, Espace Sud.

Jusqu’au 30 juin, 178 rue de la Carrierrasse, Montpellier. Tél. 04 67 63 66 67. www.printempsdescomediens.com

CatégoriesFestivals | Spectacles vivants | Théâtre

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