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L’Art-vues a lu : Le Barbu du square, Théâtre, par Boby Lapointe, par BTN

8 Août 2023 | Livres

On n’ignorait guère que l’interprète du Violon tzigane et de la Guitare sommaire avait plusieurs cordes à son arc. On le savait inventeur, mathématicien, chanteur sous-titré… On ne connaissait pas ses talents de dramaturge… Le Barbu du square, ou 20 ans d’aléas, pièce en 20 scènes et trois époques, prouve qu’il le possédait également et se situait tout de go dans la mouvance de ce fameux Théâtre de l’absurde qui a renouvelé l’art de la scène dans les années 50.

La publication de ce drame social nous offre dès lors une nouvelle raison d’apprécier son incroyable inventivité. Car ma foi, on prend beaucoup de plaisir à le lire, même si l’auteur de Ta Katie t’a quitté ne mise pas sur le comique de mots qui fit sa gloire et que l’on eût pu attendre de sa part. Le protagoniste, c’est le sieur Des Bries de Débris, beau Barbu touffu, qui est bigame par compassion, père par nécessité et cocu parce que le facteur sonne toujours deux fois (ou plutôt que l’on n’ouvre qu’une seule fois à deux facteurs distincts). Le square, c’est le fief de Dame Cunégonde, la dame pipi qui commente l’action, à l’instar d’un personnage protatique qui n’aurait pas le mot de la fin, elle qui s’adonne d’emblée à des jeux de type surréaliste, lesquels donnent un peu le ton. C’est aussi un lieu de balade des enfants à promener, des épouses à mystifier, des drames à dénouer.

On est en tout cas baladé de la maternité aux domiciles, où Boby Lapointe revisite et parodie le comique de situation d’un homme pris entre deux femmes, on se souvient de Dom Juan et des deux paysannes dans la pièce éponyme de Molière. Devenus grands, les enfants de ce mari indigne se découvrent des sentiments. Boby Lapointe multiplie les rebondissements qui ne s’embarrassent guère de vraisemblance, et qui aboutissent à un dénouement qui satisfasse tout le monde, spectateur et lecteur compris. La pièce est bien conduite, manifestement Boby avait saisi tous les ressorts et ficèles du genre, et l’on a plaisir à le voir évoluer dans d’autres sphères que dans celle des jeux de mots.  Quoique : « Ton père s’appelle Jules. Nous t’appellerons Georgette, comme ça, vous aurez les mêmes initiales »… On n’est pas si loin au fond de ce couplet qui est encore dans toutes les têtes bien pleines de ses chansons : « Le camembert c’est bon quand c’est bien fait/Vive l’amour/ A ce propos, revenons à nos moutons ». On n’est pas si loin non plus d’Ionesco… Et la pièce est de 1952…

BTN

Tél. 04 67 62 26 34. domens.pagesperso-orange.fr

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