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L’art-Vues a vu, « crime et châtiment »

4 Oct 2018 | Théâtre

Crime et châtiment ****

Dans la pénombre on devine une sorte de viaduc, comme on en voit dans les grandes métropoles, servant d’abri pour les sdf, bien crasseux, bien lépreux. Une scénographie signée Gérard Espinosa qui se révèle particulièrement ingénieuse. La lumière se fait sur le visage d’un de ses êtres faméliques errant sous les arcades et bien vite sur Raskolnikov, le héros de Crime et Châtiment****.  Un roman sur la misère, sur une descente aux enfers. Un roman d’hier, un roman d’aujourd’hui. Un étudiant à bout de ressources qui va assassiner pour survivre et tenter de devenir un surhomme. Un échec qui le conduit au bagne, Dostoïevski a imaginé  cette histoire à la suite de son propre séjour dans un bagne. Nicolas Oton assisté de Ludivine Bluche a utilisé la traduction d‘André Markowicz pour leur adaptation. Ils ont opté pour une représentation resserrée, 2 h ½ sur le personnage central. Un narrateur résume, les évènements indispensables. Les scènes se succèdent rythmées par des éclairages créés par Dominique Borrini, autour du lit de Raskolnikov.  Tantôt à l’étage chez l’usurière et à la fin au bagne, tantôt dans le commissariat ou chez Poulkheria et Dounia, mère et sœur du héros. Le drame se noue et s’intensifie jusqu’à la scène finale de la rédemption avec Sonia. N’isolas Oton qui dirigé par son maître Ariel Garcia-Valdès, avait joué seul en scène les Carnets du sous-sol, de Dostoïevski, c’était imprégné de l’esprit de l’auteur, déjà dans les bas-fonds. Il passe à la mise en scène et dirige les comédiens de machine Théâtre avec lesquels il travaille depuis plus de quinze ans. Il a tout naturellement confié le rôle principal à Frédéric Borie. Dans son imperméable avachi, son pantalon élimé, il entre physiquement dans la peau du personnage. Ses attitudes, son visage rendent les nuances de cet étudiant, maladif, chétif, fou qui se rêve hors du commun.   Il s’imagine Napoléon, comme tel, il peut tuer, il est extraordinaire.  Cette dualité est spécialement perceptible lors des rencontres avec le juge Porphiri, Alex Selmanne, un jeu de qui dupe l’autre s’instaure entre eux, à la manière d’un Valjean/Javert, angoissant et magnifique. La lumière arrive enfin par le biais de Sonia, la prostituée angélique Alyzée Soudet, instrument de rédemption. Autour du personnage principal la pièce est chorale, les différentes silhouettes jouent leur partition avec finesse : Cyril Amiot en médecin, Brice Carayol l’ami fidèle, Manuel Le lièvre très drôle en servante… Du très très bon théâtre, il faut aussi féliciter ceux qui ont accompagné Machine Théâtre dans la réalisation de ce projet et en particulier, Le Cratère, L’Archipel, Le Printemps des comédiens, quand d’autres rechignaient.  A ne manquer sous aucun prétexte. La saison commence on ne peut mieux.   MCH

Jusqu’au 11 octobre, Le Carré, L’Archipel, Perpignan. Tél. 04 68 62 62 00. www.theatredelarchipel.org , 16 et 17 octobre, Le Cratère d’Alès. Tél. 04 66 52 52 64. www.lecratere.fr et 4 décembre, salle Georges Brassens, Lunel.

 

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