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L’Art-vues a lu : « Du sang sur le maillot » de Sergueï Dounovetz

18 Oct 2024 | L'Art-vues a lu, Livres

Voilà un livre qui séduira les passionnés de romans noirs, tant sur le plan national (une bonne partie se déroule à Paris) que sur le plan régional (l’autre se déroule à Montpellier, en plein Clapas, comme on dit dans la 7ᵉ ville de France). Qui plaira également à ceux qui ne parlent pas comme De Gaulle ni comme Perse, pour reprendre les comparaisons chères à Léo Ferré, mais le langage du peuple, le vrai, celui qui en entre les oreilles, qui dit ce qu’il pense et qui ne s’en laisse pas conter par les marchands d’images. Ceux également qui apprécient qu’un roman ne se contente pas d’appliquer les bonnes vieilles recettes du récit pépère et convenu, mais cherche à brouiller les cartes.

Et Sergueï ne s’en prive point, qui joue avec ses doubles littéraires que sont Niki Java (le détective, journaliste d’investigation) et Chefdeville (l’écrivain) tout en rendant hommage au créateur de Nestor Burma. Cela fait une nouvelle histoire dans l’histoire principale qui tourne, on s’en serait douté, lois du genre obligent, autour de meurtres, publics, dans les milieux du sport. Sur fond de grands problèmes sociaux, sociétaux et politiques qui alimentent notre vie et notre actualité : la pandémie, la montée des extrêmes, le wokisme fascisant, la drogue et ses banlieues, l’antisémitisme et l’islamisme meurtrier… Niki carbure au perroquet, une boisson anisée qui le maintien si vert au fil de ses aventures. Et lui permet de prendre le recul nécessaire à affronter toutes les dérives de la triste réalité.

Ainsi l’humour, l’ironie, la dérision voire l’autodérision sont omniprésents. L’auteur se sert de son narrateur principal pour régler ses comptes avec lui-même, ses excès de langage ou de pensée qu’il nous livre, brut de décoffrage. Les livres de Dounovetz rejettent la langue de bois et politiquement correct, le consensus et l’auto-flagellation. Et ma foi, cela fait du bien d’entendre des voix qui clament leur différence, leur haine de tous les fascismes, à commencer par celui qui vient de lieux politiques où on ne l’attendait pas. Le mot de la fin est laissé aux femmes, celles qui prennent la vie à pleines mains, pas celles qui s’embrigadent ou s’emprisonnent. Et là aussi, dans le contexte actuel, ça redore les vertus du rêve. Dont nous avons bien besoin.

BTN

Ed. Avallon and Co.

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