Sélectionner une page

Le journal de MCH au Printemps des Comédiens

5 Juin 2018 | Festivals, Spectacles vivants, Théâtre

1er Juin 20 h, le marathon commence délocalisé au Théâtre de Grammont avec La Scortecata**** une adaptation libre du conte de Giambattista Basile. Une première en France, comme cinq autres spectacles programmés cette année au Printemps des comédiens. L’histoire étonnante d’un roi amoureux d’une voix, divinement belle. Hélas ramage et plumage ne sont pas accordés, la voix sublime de rossignol sort du gossier d’une nonagénaire vivant dans un taudis avec sa sœur centenaire. Comment faire avaler ce paradoxe au roi ? Les deux vieilles sont interprétées par deux comédiens exceptionnels Salvatore D’Onofrio et Carmine Maringola, admirablement dirigés par Emma Dante. A l’avant-scène ils sont assis, ils sucent leur index énergiquement. Ils s’encouragent dans un dialecte napolitain surtitré. Ainsi espèrent-ils gommer des ans les irréparables rides. Ce doigt affiné et leurrer ainsi le roi. Un peu comme Hansel et Gretel présentant une brindille à la sorcière ou Christian prêtant sa voix aux mots de Cyrano pour charmer Roxane. Pendant une heure on navigue entre Commedia dell’arte et Fellini. Entre gouaille à la Dario et monstruosité. Entre rêve et réalité absurde. Entre Ionesco et Beckett. Jusqu’à la transformation  en Princesse. Une illusion, inlassablement répétée par ces deux écorchées (Scortecata). Une heure de bonheur absolu. Et surprise, une. Prochaines dates en France 28 et 29 septembre à Châteauvallon.

1er juin, 21 h, vite il faut se précipiter au Domaine d’O, à l’autre bout de la ville ou Philippe Caubère commence son show, Adieu Ferdinand ! *** à 22 h, dans le grand amphi, devant un public conquis d’avance.  Depuis trente ans déjà, depuis qu’il quittait le giron d’Ariane Mnouchkine et le théâtre du Soleil à La Cartoucherie de Vincennes pour voler de ses propres ailes. Depuis La danse du Diable et L’homme qui danse dégustés avec une jubilation gourmande au Théâtre Jean-Vilar à Montpellier Clémence, les deux premières parties de cet Adieu qui en compte trois. On aime cette présence sur scène, cette mobilité incroyable du visage, cette faculté de camper un personnage rien qu’avec une mimique ou une attitude. Cette façon unique de tournoyer comme un pélican les ailes déployées. Le premier épisode évoque l’attirance sexuelle irrésistible de Ferdinand pour une jeune comédienne de la compagnie, aux allures de baleine emmitouflée dans sa doudoune. Et la première trahison de Clémence. Deux moments exceptionnels, l’évocation de De Gaulle avec Tante Yvonne et l’idée que se fait l’acteur du téléphone arabe. Le deuxième épisode, Le Camp de naturiste, ne surprend pas, en dehors de l’allusion à Marcel Proust. Caubère revient les 15 et 16 juin pour le Bac 1968, qui devrait ravir les septuas de 2018, lanceurs de pavés à l’époque.

Prochains spectacles cette semaine : L’homme cirque, 5 au 9 juin ; 4×10, 5 au 9 juin ; Les 3 mousquetaires, feuilleton, 6 au 9, intégrale le 10 juin ; Festen, 6 au 8 juin ; Humain quand même ? 6 au 9 juin ; Le triomphe de l’amour, 7 au 9 juin; Les Palmiers sauvages, 7 au 9 juin.

Printemps des Comédiens, 178 rue de la Carrierrasse, Domaine d’O, entrée nord, Montpellier. Tél.04 67 63 66 67.  www.printempsdescomediens.com

Marie-Christine Harant. A suivre.

CatégoriesFestivals | Spectacles vivants | Théâtre

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire aussi