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Le Journal de MCH au Printemps des Comédiens, suite

6 Juin 2018 | Festivals, Spectacles vivants, Théâtre

2 juin : un seul spectacle mais quel spectacle, certainement, un des évènements majeurs de cette édition, Le Procès****, un spectacle fleuve adapté de l’œuvre de Kafka par Krystian Lupa, une première en France. Pendant cinq heures le public assiste impuissant à la descente aux enfers de Josef K, dont on sort un peu groggy. La représentation est donnée en polonais, surtitré, ceci explique cela mais pas que. En effet le roman de Kafka décrit l’arrestation sans raison aucune d’un homme qui n’a jamais rien fait de contraire à la loi et son combat pour sortir de cette absurde situation. Le lecteur ne connaitra jamais les raisons de cette arrestation, ni les chefs d’accusation. Déjà compliquée, cette intrigue. Or à la suite des élections de 2015 en Pologne, tandis que Krystian Lupa travaillait à son adaptation, le nouveau pouvoir nomme Cezary Morawski, un acteur de sitcom à la tête du Teatr Polski. Pour protester contre cette installation, l’artiste suspend les répétitions. La réalité rejoint la fiction. Lupa double de Josef K. Le metteur en scène joue sur ces deux tableaux, deux Kafka, un décor de rideaux transparents qui découpent le plateau en profondeur et en hauteur, les scènes se juxtaposent ou se superposent avec en outre l’utilisation fort ingénieuse de projections, parfois filmées en directe. Le labyrinthe de la bureaucratie où se perdent Josef et son double, deviennent des espaces cauchemardesques et sinistres. Celui du procès, en fin de première période, celui du sanatorium avec ses lits crasseux en deuxième période, celui de la cathédrale, nef écrasante pour finir. Des espaces qui laminent physiquement l’homme. Au- delà de l’affaire Josef K, c’est bien de la Pologne d’aujourd’hui dont il est question ici. De l’arbitrage qui broie la société. « Notre monde a dépassé les limites de l’absurde ». Ce pouvoir qui musèle, les personnages bâillonnés en front de scène, l’indiquent clairement. Un des moments forts de ce spectacle qui alterne les scènes insoutenables et les moments de grâce, comme ces personnages enlacés par un troisième individu, le double de K, dans une atmosphère de grisaille, couleur dominante de ce Procès. Un spectacle lumineux cependant, exaltant, qui aurait été aussi percutant, légèrement raccourci, vingt minutes environ. Assurément attendu il tient toutes ses promesses. Un évènement.

Prochaines dates en France :  Paris, Odéon-Théâtre de l’Europe, 20 au 23 septembre et Festival d’automne, 26 au 30 septembre.

Prochains spectacles cette semaine : L’homme cirque, 6 au 9 juin ; 4×10, 6 au 9 juin ; Les 3 mousquetaires, feuilleton, 6 au 9, intégrale le 10 juin ; Festen, 6 au 8 juin ; Humain quand même ? 6 au 9 juin ; Le triomphe de l’amour, 7 au 9 juin ; Les Palmiers sauvages, 7 au 9 juin.

Printemps des Comédiens, 178 rue de la Carrierrasse, Domaine d’O, entrée nord, Montpellier. Tél.04 67 63 66 67.  www.printempsdescomediens.com

Marie-Christine Harant

A suivre

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