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Journal de MCH au Printemps des Comédiens

6 Juin 2017 | Hérault, L'Actu

31 mai, ayant fait l’impasse sur l’ouverture le 30 mai, toujours stressante pour les artistes et les organisateurs, c’est avec un jour de décalage que j’ai assisté à Une chambre en Inde*****. Bien m’en a pris car pour la raison évoquée plus haut, c’était encore mieux que la veille, de l’avis même de Jean Varela. Ariane Mnouchkine et Le Théâtre du Soleil, la compagnie qu’elle dirige depuis sa création nous ont comblés. A la suite des attentats meurtriers de 2016 Ariane Mnouchkine a voulu donner une réponse théâtrale à Daech. Mais pas seulement, l’actualité ne lui suffit pas, en séjour à Pondichéry en Inde, elle se sent inspirée par le Mahabharata, la grande épopée, mystico-historique indienne. Les deux thèmes s’entrecroisent tout au long de la pièce qui a lieu dans une chambre au sud de l’inde. La troupe de Monsieur Lear est en résidence de création à la demande de l’attaché culturel de l’Alliance Française. Son assistante Cornelia, admirablement interprétée par Hélène Cinq doit le remplacer à la suite d’un grave incident. Celle-ci vit un cauchemar peuplé de personnages qui entrent et sortent par les portes et par le fenêtres au gré de ses angoisses. Rêvés ou réels, ils surgissent ainsi aussi bien Shakespeare, que la logeuse indienne Madame Sita Murti, des singes, des talibans, Tchékhov. Chaque intrusion, chaque visite donne lieu à une scène délirante. En effet Une chambre en Inde est un hymne au théâtre, à tous les styles de théâtre, indien, japonais, aux comédies de Molière. Du théâtre total dont rêvait Antonin Artaud, texte, danse, musique et cruauté. Celle-ci est présente ou sous-jacente. Cornelia n’envisage-t-elle pas un bain de sang en fin de spectacle ?  La violence est partout : dans la rue, on entend des détonations, sur le plateau, il est question de viol, d’exécution d’une femme impie, sur la scène. Le texte fort et drôle souvent, écrit en harmonie avec Hélène Cixous. La musique de Jean-Jacques Lemêtre avec une citation du thème de Lawrence d’Arabie pour illustrer le tournage d’un film dans le désert. Les danses traditionnelles indiennes. Là où certains metteurs en scène donneraient des leçons, Ariane Mnouchkine et toute sa bande, pas loin de trente personnes sur scène nous entrainent dans une folle épopée burlesque, surréaliste. Avec un don total, sans se ménager, dès avant la représentation puis que le spectateur assiste au maquillage des artistes dans la tradition du Théâtre du soleil. Quatre heures pétillantes de bonheur fou. Tonnerre d’applaudissements, et ovation débout. Un très grand évènement. Et pour rester dans l’ambiance Cartoucherie on se désaltère en sortant avec un des fameux jus de Mama Fanta, gingembre ou carcadé, la boisson des pharaons, rien que ça.

Une chambre en Inde jusqu’au 10 juin. Printemps des Comédiens. Tél. 04 67 63 66 66. www.printempsdescomediens.com

 

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