La 9e édition d’In situ se retrouve très amincie puisque réduite à cinq lieux et trois départements mais a toujours pour vocation, sous la houlette de Pässe-Murailles, d’associer le riche patrimoine d’Occitanie à cet art que l’on dit contemporain. Deux grottes, deux abbayes et une maison dans le ciel ont donc invité un magicien de la lumière, une sculptrice baroque, une vidéaste de l’aube en résidence et un grand artiste sénégalais aujourd’hui décédé.
Eric Michel, déjà présent l’année dernière au clocher de la Livinière, s’occupe de projeter ses tableaux colorés, immatériels et abstraits, dans les deux grottes préhistoriques, ariégeoises, du Mas d’Azil et de Bedeilhac, ajoutant aux traces humaines ou aux concrétions minérales une présence lumineuse artificielle que l’on ne saurait soupçonner sous terre. C’est tout le pouvoir et le génie de l’homme et plus précisément de l’artiste que de savoir réaliser l’impossible. Illuminer de ses couleurs l’espace chtonien. Et par là même éclairer le passé ancestral de l’humain ou des lieux naturels.
L’abbaye cistercienne de Fontfroide rend hommage aux sculptures d’Ousmane Sow, toujours impressionnantes, qu’elles soient en terre ou, vers les derniers temps, en bronze. Avec cet artiste d’origine africaine on voit combien les frontières sont poreuses entre l’art savant et dilettante, élitaire et brut, contemporain et traditionnel. Toujours est-il que ses figures ou silhouettes humaines, empruntées aux peuples noirs, s’avèrent particulièrement impressionnantes tout en rappelant que la vie est avant tout une lutte pour la survie.
A Fontfroide, on pourra voir une Mère et son enfant, un Saint-Jean-Baptiste et une Nouba se maquillant. La confrontation de deux cultures, avec pour trait d’union, l’humain.
A Lagrasse et Sainte-Enimie
L’abbaye de Lagrasse reçoit une sculptrice belge, Nadia Naveau, dans un tout autre esprit. Très marquée par les comics, elle conçoit ses œuvres comme des enchevêtrements d’objets divers unifiés par le ciment ou le plâtre. Cela donne des silhouettes inédites, souvent amusantes, semblant comme figées dans leur pétrification par un cataclysme venteux de grande ampleur. Une apocalypse en fragments essaimés sous les arcades ou dans les jardins mais avec distance et humour.
Enfin, à Sainte Enimie, dans les gorges du Tarn mais en Lozère, une artiste en résidence, Caroline Duchatelet, restitue sa captation des effets de lumière et de l’atmosphère particulière du lieu, dans l’esprit de ses aubes antérieures, hymne monochrome au renouveau quotidien des choses et des règnes. De belles (re) découvertes en perspective.
BTN
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