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Entretien avec Cyril Guillotin, directeur artistique du festival Ma Vigne en Musique à Narbonne : « Nous avons dû évidemment repenser intégralement le format du festival »

23 Mar 2021 | Aude, Classique & lyrique, Festivals, Les interviews, Musiques

Déjà cinq ans que le festival Ma Vigne en musique fait résonner la musique classique dans les domaines viticoles de la région narbonnaise au printemps. En 2021, et malgré la situation sanitaire, toute l’équipe de l’événement a souhaité proposer des concerts au public. Pour cette édition pas comme les autres, les mélomanes pourront apprécier les différents rendez-vous au cours d’un festival bien plus long que d’habitude ! En effet, cette année, le festival sera célébré d’avril à octobre avec un programme riche. Rencontre avec Cyril Guillotin, directeur artistique et fondateur du festival.

Malgré les incertitudes qui pèsent sur le secteur culturel, et notamment sur les festivals, vous avez choisi de maintenir coûte que coûte l’édition 2021. Comment avez-vous pris cette décision ? Vos partenaires ont-ils tous suivi ?

Vous savez, aujourd’hui, les dernières choses qui nous restent sont l’espoir et la conviction… Ça tombe bien, j’en ai à revendre ! Plus sérieusement, il était totalement inenvisageable de rester les bras ballants à attendre que l’horizon se dégage pour s’autoriser enfin à penser faire quelque chose. Alors, nous avons pris la décision de prévoir, programmer, organiser, quitte à décaler, reporter. Cette décision a été concertée, mûrement réfléchie, et prise en accord avec nos partenaires (les artistes en premier lieu) qui nous soutiennent sans réserve dans notre dynamique. Nous avons dû évidemment repenser intégralement le format du festival, pour être plus volubiles, malléables, adaptatifs et réactifs, une contrainte nouvelle à laquelle il semble qu’il faille dorénavant s’habituer.

Ma Vigne en Musique existe déjà depuis cinq ans comment a évolué ce rendez-vous ?

Si on m’avait dit en 2016 que ce petit festival naissant sur un week-end compterait, quatre ans plus tard, dans le cercle très fermé des festivals reconnus nationalement et même au-delà ; que je recevrais des dizaines de candidatures chaque trimestre d’artistes proposant leur candidature jusqu’à 3 éditions suivantes ; que nous serions partenaire de la radio France Musique et reconnu par le label qualité Sud de France comme « représentatif de l’excellence culturelle de notre région » ; que le pape de la musique Frédéric Lodéon nous serait fidèle sans discontinuer… Je vous aurais dit qu’il n’est pas gentil de se moquer !
En l’espace de quatre éditions, le festival est passé de deux concerts et une séance scolaire, à presque une vingtaine de concerts et trois séances scolaires, des artistes de classe mondiale à chaque édition, des découvertes de jeunes talents aussi, des actions dans le cadre de la politique de la ville, de très nombreux partenariats (dont certains inédits comme avec la CAF de l’Aude, et très prestigieux comme avec Oui.sncf en 2019 et 2020), générant plus de 100.000€ chaque année de retombées économiques et touristiques pour le territoire : c’est une très grande fierté !
Une famille s’est créée autour du festival, regroupant les artistes et les bénévoles, bien sûr, mais aussi les partenaires commerciaux, touristiques et économiques du territoire. Aujourd’hui, comme tout le monde, nous avons enduré en 2020 le cataclysme de la COVID-19 et de sa gestion culturelle consécutive : un certain modèle est mort, et nous avons décidé d’être de ceux qui en inventeraient un nouveau, pour renaître ! 2021 sera la première pierre de cette résurrection espérée.

« La solution de l’étalement est alors apparue comme la plus saine, pour pouvoir passer entre les gouttes le plus possible, et garantir un maximum de concerts à notre public. »

Cette année vous prévoyez un festival plus long, il s’étalera d’avril à octobre, pourquoi ?

Ce changement de format obéit à la nécessité de comprendre le contexte qui risque d’être le nôtre pendant quelques années, le nier serait une erreur : l’incertitude devra faire partie de notre quotidien. Dès lors, maintenir un évènement resserré sur une quinzaine de jours était tout simplement suicidaire en période d’avril. Une période où il est plus difficile de faire valoir la même pression touristique que pendant ou après l’été, pour espérer se prémunir contre des décisions brutales et imposées d’annulations ou de restrictions drastiques. La solution de l’étalement est alors apparue comme la plus saine, pour pouvoir passer entre les gouttes le plus possible, et garantir un maximum de concerts à notre public. Par ailleurs, le festival était arrivé à un niveau de maturité suffisant pour permettre cet étalement dans le temps et s’offrir à tous sans restriction de temps ou de saison. Ainsi, grâce à Ma Vigne en Musique, ses artistes et ses domaines viticoles, notre public pourra goûter au plaisir de notre région dès le printemps, y revenir pendant l’été, et déguster le délicieux « été indien » que nous possédons ici.

Quels seront les grands concerts à ne pas manquer lors de cette édition 2021 ?

Vous me demander de choisir ? À moi, le directeur artistique… autant demander à une mère sicilienne de choisir entre ses enfants pour vous dire lequel est le plus beau ! Il ne faut en manquer aucun ! Car tous seront d’une qualité exceptionnelle ! D’abord, il y a la magie d’avoir lors du premier week-end trois des fleurons des Vents français (Paul et François Meyer, Gilbert Audin) et Anne Queffelec, tout cela présenté par le magnifique Frédéric Lodéon. Nous avons la joie d’accueillir pour la première fois la jeune et divine violoniste Maïté Louis ; l’émotion de splendides grands concerts avec l’Orchestre de chambre de Toulouse (la sublime flutiste Magali Mosnier et moi-même en solistes); la folie de monter un Carnaval des animaux de Saint-Saëns, adossé à la création mondiale d’une Parade des animaux bizarres de Benoit Menut, agrémenté d’un Concertino de Laurent Lefrançois interprété par Pierre Génisson et l’Orchestre de Toulouse !
Sans oublier les traditionnels concerts de jeunes talents que nous allons développer, grâce notamment à un nouveau partenariat à l’étude avec le Conservatoire de Narbonne. L’avantage de ce nouvel étalement de calendrier est qu’il sera dorénavant possible de se délecter de tout cela, progressivement, au fil des mois, sans crainte d’indigestion, et si d’aventure nous devions subir une annulation « sanitaire » contrainte et forcée de dernière minute, nous pourrons toujours proposer le concert plus tard dans la programmation. Alors, on vous attend nombreux pour ce festin auquel nous croyons corps et âme !

narbonne-classic-festival.fr

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