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Inauguration des nouveaux vitraux de l’Abbatiale de Sylvanès le dimanche 20 mai

17 Mai 2018 | Aveyron, L'Actu

La génèse du projet

Les vitraux de l’abbaye de Sylvanès résultaient de plusieurs campagnes de travaux, échelonnées entre la fin du 19e siècle et les années 1990. De ce fait, ils présentaient une grande disparité de qualité et également d’état de conservation de certains.
L’objectif premier de ce projet a été donc de remplacer les 14 baies du choeur, les 3 baies nord de la nef, les 6 baies sud de la nef et la baie occidentale (grande verrière) sauf la rose dans le transept nord. Un projet qui doit s’inspirer de la règle et de la spiritualité cisterciennes. Les futurs vitraux doivent respecter la sobriété et le dépouillement de l’édifice tout en magnifiant sa luminosité naturelle qui varie selon les heures de la journée et les saisons.

Alors que la maîtrise d’ouvrage de cette création devait être portée par la commune de Sylvanès, le Ministère de la Culture via la DRAC Occitanie a proposé d’engager en 2015 une commande publique compte-tenu du caractère classé de l’abbaye. Cela a soumis bien entendu le projet à des exigences, avec notamment une consultation plus large d’artistes pour rester dans la légalité des marchés publics.
A la suite d’une première consultation d’artistes déclarée infructueuse après avis du comité de pilotage du 22 janvier 2016, une nouvelle procédure de consultation a été engagée courant 2016, en étroite coopération avec les services de la DRAC Occitanie (Services Arts plastiques et Monuments historiques). Sur une trentaine de dossiers reçus, 4 équipes constituées chacune d’un artiste et d’un maître verrier ont été sélectionnées. Lors de la réunion qui s’est tenue à l’abbaye le 2 décembre 2016, le comité de pilotage présidé par Michel Wolkowitsky, maire de Sylvanès a choisi, avec une forte majorité, sur les 3 équipes restantes, le tandem Jean-François Ferraton et l’atelier Philippe Brissy pour réaliser l’ensemble des vitraux de l’abbatiale de Sylvanès. Leur projet est celui qui a le mieux répondu artistiquement et techniquement au cahier des charges exigeant soumis aux artistes.

Ainsi, Jean-François Ferraton a imaginé des vitraux incolores et partiellement opalescents, thermoformés (en un seul pan, sans sertissage de plomb) et dont les motifs sont inspirés par l’acoustique exceptionnelle de l’abbaye. Le chantier débutera en mars 2017 pour s’achever en mai 2018.

Le projet de Jean-François Ferraton :

La démarche artistique qui a guidé ce projet découle d’une synthèse. Elle procède d’une part d’une expérience de chant choral dans l’abbatiale de Sylvanès. Cette expérimentation sensible sur plusieurs jours, lors de la Pâques 2016, m’a profondément marqué car elle touche le  corps, le coeur et l’intelligence ; elle remue. J’ai ensuite étudié de près cette oeuvre architecturale qui témoigne du grand art cistercien et qui produit cette lumière et cette acoustique tout à fait exceptionnelles. À travers cette étude, je me suis ainsi rendu compte que les proportions de l’église, en plan comme en élévation, étaient remarquables et signifiantes. Mon analyse m’a ainsi conduit à bâtir ce projet sur cette conjonction entre lumière et son. En d’autres termes, donner à voir, par transposition, l’onde de propagation du son, selon une harmonie réglée par l’architecture des voûtes de cet exceptionnel instrument de pierre. Je me suis donc inspiré de l’architecture. Chaque vitrail (à l’exception des vitraux de la partie haute du sanctuaire) comporte trois parties. La zone latérale est traitée et  hermoformée selon un accord avec la pierre layée avec qui elle est en contact. Elle fait corps avec. Elle vibre selon un mode analogue, ce qui est facilité par la nature du grès local, très lumineux, car composé essentiellement de silice, comme le verre utilisé. On peut même avancer que le verre employé ici est une forme sublimée de ce type de pierre. La zone médiane, étroite et presque lisse, est perçue comme la plus transparente. Elle unit, ou reçoit,
les vertus des deux autres parties. Elle invite à deviner un monde extérieur filtré. Elle constitue par ailleurs un passage avec la zone centrale, laquelle donne à voir la propagation du son, du moins la transposition que je propose. Traitée avec un fort contraste avec la précédente, cette partie centrale permet de recomposer (fonction mémoire de l’oeil) avec les vitraux voisins, la partition complète dont elle est une séquence. Par analogie, ces trois zones peuvent être considérées par ailleurs sur un plan ontologique ; elles font alors référence au corps, à l’âme et à l’esprit. Du point de vue symbolique, on doit les envisager comme des portes ouvrant, en transparence, vers l’intériorité de l’être. On peut observer une différence,
très sensible et signifiante, entre la perception des vitraux de l’extérieur, où le thermoformage
est lu comme un bas-relief, et la perception de l’intérieur, qui permet d’avoir conscience de
la lumière filtrée qui habite le vide architectural. Le vide et le silence…
Saint Bernard considérait l’espace de l’église abbatiale comme le lieu privilégié où le moine cistercien est occupé à rétablir en lui l’unité intérieure et l’image divine. Le chant, considéré comme la forme la plus haute de prière y tenait la place majeure, expliquant la haute science des bâtisseurs cisterciens en matière d’acoustique. Dans un souci de préservation de la paix spirituelle recherchée, les préconisations de saint Bernard touchent également la discipline du regard. Les murs doivent être exempts de décor, la pierre doit être nue, bien taillée, puis layée au taillant pour chanter discrètement la lumière ; les vitraux doivent être blancs, sans croix ni peinture : « vitrae albae fiant et sine crucibus et picturis » (extrait de l’article 82 des capitulaires de l’ordre de Cîteaux). Cette considération importante et identifiante de l’esprit cistercien m’a conduit à proposer des vitraux incolores, en verre float, le verre à vitre. Le traitement des trois zones offre ainsi une différenciation ponctuelle de la clarté naturelle, comme aussi dans la totalité de l’église, offrant une seule lumière en plusieurs interprétations. Par ailleurs, les thermoformages profonds induisent les captations de toutes informations colorées de l’extérieur. Celles-ci sont alors filtrées et transformées en une unité vibrante et mouvante car elles sont les messagères du présent toujours neuf.
Unique en France par son architecture, ce site cistercien, reste ouvert au monde, au partage et à la création contemporaine, notamment par son festival annuel de musique sacrée. Il m’a inspiré ce projet qui vise la restauration de sa radiance originelle accordée à sa pulsation acoustique. En intime communion spirituelle.

Une création musicale et mondiale pour l’inauguration des vitraux
Pour marquer cet événement en musique, le Centre culturel de rencontre de l’abbaye a passé commande au compositeur Grégoire Rolland. Ce dernier a composé l’oeuvre « Louange », vocalise pour soprano et orgue » en lien avec le poème de Philippe Baud « Louange à la Lumière », rédigé spécifiquement à l’occasion de l’inauguration des nouveaux vitraux
de l’abbatiale.
Cette création musicale et mondiale sera interprétée les 18 et 20 mai. Pour le jeune compositeur, les vitraux ont été une source d’inspiration importante car ils transcendent l’obscurité en filtrant la clarté du jour ! Ils sont un lien supplémentaire avec la musique puisque la thématique de l’ondulation si première en musique est omniprésente dans ces verrières. La voix, incarnée par la soprano Camille Souquère a été pensée comme un jeu complémentaire de l’orgue qui lui confère un rôle coloriste essentiel.
 » Lumière, vitraux et musique cherchent à nous offrir une expérience unique et hors du commun, dans cette abbatiale à l’acoustique exceptionnelle. » déclare Grégoire Rolland.
Le dimanche 20 mai, à l’occasion de l’inauguration publique, le programme du concert sera complété par d’autres pièces pour orgue de Nicolas de Grigny, César Franck et Olivier Latry sous les doigts du titulaire des orgues de l’abbaye de Sylvanès Henri-Franck Beaupérin.

Le dimanche 20 mai à l’Abbatiale de Sylvanès. http://www.sylvanes.com/

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