Les concerts de Salvatore Adamo passent mais ne changent pas : Toujours la même ferveur du public à son endroit ; une salle bondée qui ne demande qu’à chavirer ; une artiste qui se donne complètement à son public avec qui il dialogue, entre deux chansons, nouvelles, récentes ou anciennes. Certains morceaux réapparaissent (« Comme toujours »), d’autres disparaissent (Le néon, A demain sur la lune, O monde…), en fonction des circonstances, des lieux, de la forme du moment et des nouvelles productions. Certains sont plus applaudis que d’autres soit parce que leur qualité poétique hors du commun emporte l’adhésion (Magnifique «(L’) Écrin », un vrai bijou créé pour l’Olympia en 71), soit parce que l’énergie déployée pour l’interpréter finit par devenir communicative (« La vie encore », enregistrée en 2010, et son refrain roboratif : Tu peux tout m’faire, c’est toi que j’préfère – que le public s’approprie comme s’il si l’on s’adressait à lui), soit parce que le ce dernier est ravi de retrouver des interprétations musclées des tubes intemporels (Le final sur « Les filles du bord de mer » précédé de « J’te tiens, je te lâche plus » et de l’incontournable « Vous permettez, Monsieur », annoncé par un gag très année 60). Soit enfin parce qu’il s ‘agit d’une nouvelle chanson dont on perçoit tout de suite le potentiel émotionnel, tel ce «Juste un je t’aime », qui mériterait d’ores et déjà d’être sacrée Chanson de l’année, et que l’on retrouvera dans le nouveau Cd, en duo avec Camille. Un moment fort : quand Salvatore, à la guitare, à peine épaulé par son guitariste, interprète une série de morceaux prisés du public, de son premier « Sans toi ma mie », à « Petit bonheur », n°1 des hits à l’époque, tout comme « Une larme aux nuages », interprétée en plusieurs langues, en passant par « Si jamais » et « Viens ma brune », réclamée par le public… Avec en prime un « Je vous offre » tout droit exhumé des tiroirs de la mémoire, et dont on redécouvre aujourd’hui toute la fraîcheur juvénile. Parmi les autres surprises, la reprise de « Ensemble », qui fait partie de ces Face b, masquées par un titre-phare, et que l’on prend grand plaisir à réentendre. Le répertoire est plutôt équilibré, entre les chansons anciennes (« J’aime », « Une mèche de cheveux », « Mes mains sur tes hanches », évidemment « Tombe la neige » ou « La nuit »…), et les plus récentes, souvent d’ailleurs fort applaudies (Le très satirique « Mon voisin sur la lune », l’émouvant « Je vous parle d’un ami », pour saluer celui qui vient de disparaître, le très tonique « Lola et Bruno »…). Les années 80-90 sont certes sacrifiées alors qu’elles contiennent certains des meilleurs morceaux du chanteur (Si tu étais, Les collines de Rabiah, La malice… et la reprise de Mourir dans tes bras, sans doute son meilleur titre, du moins dans le registre sentimental), mais le public, dans sa majorité, vient davantage pour replonger dans ses émotions d’antan que pour apprécier l’ampleur d’un répertoire, et il faut bien composer avec. Toujours est-il qu’un titre de 92 est sauvé des oubliettes « Plus tard », alors que les années 70 se limitent à « C’est ma vie » qui démarre pertinemment le show, et à un autre n°1 : « J’avais oublié que les roses sont roses », au rythme entraînant. Mais comment choisir parmi des centaines de titres dont certains, s’ils n’ont pas eu le succès qu’ils auraient dû, l’auraient bien évidemment mérité. L’orchestre est au diapason : un batteur déchaîné, un excellent guitariste et une violoniste qui se transforme en chanteuse le temps de remplacer Joyce Jonathan sur l’amusant et instructif « De père à fille »… Le chanteur a semblé au début un peu fatigué par le concert de la veille (à Bordeaux) et la voix s’en est quelque peu ressentie (Ce côté humain a d’autant plus suscité la sympathie générale), mais une tisane miraculeuse d’un côté, l’enthousiasme des spectateurs de l’autre, lui ont vite permis de retrouver son énergie débordante, pour le plus grand plaisir du public. D’autant qu’au-delà des époques retenues (60-75 d’un côté, années 2000-2010 de l’autre), Adamo saute d’un registre à l’autre avec un égal bonheur, de la drôlerie la plus fantasque de « Ma tête » à des sujets plus graves (le très réclamé « Inch Allah »), en
passant par ces divers états de l’amour dont il a si bien exploré toutes les nuances (l’émouvant « O femme »). Un concert d’un excellent cru qui aura permis au public de réaliser à quel point il ne s’est pas trompé dans son choix d’élire ce chanteur au panthéon de la chanson francophone. Et à quel point il est au niveau des plus grands, et pour certains le plus… BTN
NB : Nouvel album, Si vous saviez, dans les bacs le 16 février.
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