Un très grand cru
Le Printemps des comédiens vient de s’achever sur une Cerisaie**** magnifiquement transposée aux Pays-Bas des années 1970, par le metteur en scène britannique Simon McBurney, qui a changé jusqu’aux noms des héros, avec des comédiens s’exprimant en hollandais. Le Printemps des Comédiens étant devenu un festival européen, le public est désormais habitué aux surtitres. On connait l’histoire, une famille criblée de dettes doit se séparer de la propriété familiale entourée d’une magnifique cerisaie. La vente est inévitable. L’acquéreur n’est autre qu’un subalterne enrichi, qui n’a qu’une idée scier les arbres pour planter des chalets à louer. « Je ne conçois pas la vie sans cette cerisaie », déclare Amanda, la propriétaire. Tout est dit dans ces simples mots. On assiste avec effroi à cet arrachement. Les plus malheureux se soutiennent, d’autres se déchirent. Le spectateur partage leur émotion. Ils vivent un drame, une maison chargée de souvenirs ne s’abandonne pas à la meute hurlante. Une dernière fête est donnée le jour de la vente, mais le cœur n’y est pas, l’atmosphère est pesante sous les lampions. Chris Nevel, Amanda et Gis Schoten van Achat, l’acheteur, dominent une distribution exceptionnelle. Elle bouleversante, lui cynique à souhait. Il n’hésite pas à faire sonner la tronçonneuse pour accompagner le départ définitif. Déchirant cet adieu à l’enfance. Dernier spectacle dernière émotion forte.
La Cerisaie rejoint Tous des oiseaux dans notre florilège. Suivis de près par Opening Night pour Adjani éblouissante et Don Juan pour la mise en scène iconoclaste. Sans oublier deux petits bijoux, Un instant, Proust à la sauce vietnamienne et Je suis la bête pour la performance de la comédienne.
Le Public est heureux, l’équipe rayonne, la réputation du festival s’étend jusqu’aux Etats-Unis et à la Chine. Il est grandement question d’exporter Le Printemps sur la Grande Muraille !!!
Merci et vivement l’année prochaine !!!
MCH