Associé au festival du MICC 2020 qui sera cette année plus largement diffusé sur le web, l’Espace Saint-Ravy accueille l’artiste Kate Wyrembelska. Pour cette exposition, elle présente son projet immersif « SWIMMERS » qui offre un plongeon dans un univers aquatique à travers des vidéos, des installations, des sérigraphies et des peintures. Une exposition à découvrir jusqu’au 15 novembre.
Diplômée de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier Contemporain (ESBA-MO.CO.) et finaliste du Prix Big Awards Barcelona International Gallery 2018, l’artiste développe un travail audiovisuel et plastique autour de l’image, ses altérations et sa profusion dans le monde actuel.
Cette exposition fait suite à une première présentation de nageuses qui s’était tenue en 2019 à la galerie CAGE de Barcelone (Espagne). Inspirée par la natation synchronisée des films d’Hollywood des années 50’ avec Esther Williams, la célèbre nageuse, Kate Wyrembelska se lance dans un projet numérique et plastique mettant en scène une sportive. Ces films, où tout est minutieusement pensé et esthétisé, reflètent une société construite sur l’apparence. Bombardé d’images idéalisées et retouchées qui sont diffusées dans les médias, les publicités et les réseaux sociaux, l’individu phantasme sur des idoles dont les prises de vues sont des mises en scène.
Ces images proches de la perfection font rêver et illusionnent, jetant un voile sur la perception du réel ne permettant plus de définir quelle était l’image d’origine ou ce qui est de l’ordre de la fiction.
Une critique des médias et la fin des stéréotypes
Le mythe du « corps parfait », qu’il soit féminin ou masculin, est présenté sous toutes ses formes dans les médias. Dans notre civilisation, de plus en plus déterminée par la technique et la performance, le corps devient un instrument, une véritable machine. C’est le cas dans la natation synchronisée, où la maîtrise du corps doit être parfaite afin de réaliser une chorégraphie minutieusement orchestrée. Les mouvements et l’effort fourni n’ont rien de simple ou de naturel. En contradiction avec cette vision, l’artiste introduit dans ses vidéos des bugs et des erreurs numériques, de même ses sérigraphies laissent apparaître des bavures ou des lacunes et les silhouettes se désynchronisent. Dans ses peintures la figure de la nageuse se déforme pour finir par devenir totalement abstraite, presque psychédélique. Ses tableaux expriment le mouvement, la dynamique qui est propre au monde d’aujourd’hui.
Kate Wyrembelska veut ici faire une critique de l’univers médiatique et casser les stéréotypes. Elle touche au questionnement sur la mécanisation ainsi que son conflit avec la nature humaine. Sa démarche artistique est centrée sur l’individu et son rapport à la société. Qu’est-ce que la conscience individuelle ? Peut-on éviter qu’elle soit limitée et dépendante d’une vision collective qui semble déterminer nos goûts et notre perception de la réalité ? Est-on vraiment libre ? Quel est notre espace de liberté et notre rapport au corps ?
Dans un monde où les réseaux sociaux sont de plus en plus présents et appellent à collectionner les « Like », l’individu peut-il se soustraire au regard de l’autre ? Kate Wyrembelska nous interroge : « Est-on dépendant des pensées, des comportements des autres ? Est-ce qu’une œuvre d’art peut d’ailleurs être vivante aujourd’hui sans les réseaux sociaux ? »