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Arles : l’exposition « Hors temps » à découvrir au Corridor, par BTN

19 Avr 2021 | Bouches-du-Rhône, Expos, Expos

En attendant le retour des beaux jours, si ce n’est plus trop demander, le Corridor d’Arles associe un peintre et une plasticienne plutôt axée sur le volume, disons une sculptrice. Dans les deux cas, on a affaire à des artistes un peu particuliers. 

Sylvère en effet tente à recréer sur ses toiles, aux couleurs sourdes ou sombres, l’équivalent de ces états impulsifs qui ont dû précéder l’apparition de la pensée humaine, du moins celle qui s’est fait jour dans les figures pariétales, au fond de quelque grotte mythique. Il cherche ainsi à se connecter à l’esprit des temps immémoriaux ou si l’on préfère, de se situer hors temps par rapport à l’Histoire. Pour ce faire, il recourt à des empreintes ou signes aléatoires produits par tout le corps et pas seulement la main. Le support est souvent primordial qui fournit sa dureté ou son motif préalable t sous-jacent. Le cadre de la toile, et la géométrie de la ligne lui fournissent en quelque sorte un garde-fou, un ancrage au réel, une partition à partir de laquelle laisser libre cours à la musique improvisée des gestes. Les couleurs tendent vers le noir, sollicitent toutes les nuances du gris ou de l’ocre qui rappelle justement la terre : il s’agit moins dans son esprit de séduire que d’explorer, et il préfère l’ombre au soleil. La peinture en effet lui permet de prendre en compte le revers, nocturne, chtonien, ou ombrageux, du réel, celui qui nous entoure et dont on aspire à s’isoler, l’espace d’une surface, le temps nécessaire à la peindre. Ainsi le monde à l’entour est-il abstrait, et ce qui apparaît sur le tableau ce sont les quelques traces arrachés à une temporalité donnée pour accéder à une autre, que l’on peut qualifier de méditative ou de sacrée. En tout cas hors de notre conception quotidienne et banale du temps.

Dominique Lonchampt part de choses réelles qui ont habité le temps, des feuilles de papier ou des livrets, entassés, compilés et soumis à une tension qui ne leur est pas habituelle : la torsion par exemple, ou la déformation du tas. Le matériau s’émancipe et révèle ses qualités de formes et de textures. Elle les nomme « archives » de toute une vie et les sauve en quelque sorte de la destruction temporelle pour leur offrir une seconde vie. Un peu comme si, suivant quelque vers de Mallarmé, on aboutissait à cette idée toute page écrite n’était  faite que pour aboutir à une belle œuvre d’art. Mais aussi à ces pensées ancestrales qui veulent que rien ne se perd et que tout se transforme, ce à quoi l’être humain, et notamment l’artiste, peut toujours contribuer. En ce sens Dominique Lonchampt sait l’art d’accommoder les restes. Elle aussi recourt à des gestes simples : accumuler et classer, modeler ou stratifier également, ses garde-fous étant les butées de métal, cuir ou écorce qui prennent le tas en sandwich ou qui semblent le protéger. Ainsi les archives conservent-elles à jamais leur secret, secret qui est également est arraché au temps. Cela produit par ailleurs de curieux hybrides, de carton et de béton par exemple. Ou de papiers roulés dans le bois et son écorce ce qui est après tout un juste retour des choses. Ces œuvres peuvent se voir présentés comme une collection, sur une table métallique ou dialoguer avec les peintures de son confrère peintre, au sol ou sur socle pour se mettre à la hauteur.

BTN

Du 8 mai au 15 juin.

Plus d’informations : lecorridor-artcontemporain.com

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