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Aniane : Ayda Su Nuroglu expose à la Chapelle des pénitents jusqu’au 26 mai, par BTN

19 Avr 2024 | Expos, Expos, Hérault

Au cœur de la région, le petit village d’Aniane, cher à Fabien Boitard. De même que l’on parle de musique du monde, l’on pourrait parler d’art du monde à propos des productions d’Ayda Su Nuroglu. Sa pratique s’enracine, en effet, dans ce qu’il y a de plus universel, dans l’espace comme dans le temps, les mythes, contes et légendes de tous ordres. Une exposition à découvrir du 19 avril au 26 mai à la Chapelle des pénitents. 

Ayda Su Nuroglu n’hésite pas à recourir aux savoir-faire artisanaux, notamment ceux liés à la féminité, tout comme aux arts plus modernes : la sérigraphie, le collage ou le cyanotype. La Chapelle des pénitents, à Aniane, où cette franco-turque a choisi d’habiter, accueille comme pour fêter le printemps, son Éclosion de couleurs, de matières textiles et d’images imprimées ou dessinées. Éclosion, le mot connote la naissance. Cela tombe bien : l’artiste vient de mettre au monde une petite-fille. L’allusion pourrait paraître anecdotique si elle ne mettait pas en évidence les notions de famille et de tribu, essentielles pour pénétrer les secrets de sa démarche. Ayda Su Nuroglu fait en effet participer ses proches, restées au pays, à l’élaboration de ses réalisations textiles. Ce procédé crée bien évidemment des liens entre Orient et Occident, entre savoir-faire artisanal et activité artistique, entre individuel et collectif aussi. On y ajoutera la touche féministe qu’on ne peut plus occulter de nos jours où l’on assiste à l’éclosion de nombreuses artistes femmes et à la renaissance de celles que l’on avait marginalisées. La broderie, la dentelle, le crochet, l’ajout décoratif de perles constituent l’apport, que l’on peut qualifier de culturel, de la famille dont elle provient, et qui appartient bien évidemment elle aussi au monde, avant de s’y confondre par le biais de l’art. On part ainsi d’une démarche individuelle qui se fait familiale, ou tribale, avant de rejoindre la collectivité, l’universel.

Par ailleurs, les dessins ou multiples d’Ayda Su Noruglu sont peuplés, on peut même dire hantées, de créatures fabuleuses, hybrides, extrêmement stylisées, lesquelles relèvent de diverses mythologies et lui permettent de concevoir ses séries d’Ex-votos de Talismans, par exemple, puisqu’elles visent à conjurer le mauvais sort, à porter bonheur. Ou encore de Vagabondages, ces œuvres avant leur configuration définitive, celles que nous découvrons lors des expositions et qui nous font voyager dans le fantastique, la mythologie intérieure de l’artiste ou dans nos références les plus profondes. Pratiquant un art qui brasse un peu toutes les cultures, les rituels, le sacré, Ayda Su Nuroglu, par cet art du monde évoqué en début du texte, tisse des liens nouveaux, exhibe des relations sous-jacentes et concourt à broder un idéal de paix et de réconciliation générale. Le fait que cette exposition ait lieu dans une ancienne chapelle indique assez nettement l’ouverture d’esprit de l’artiste. Ce sont les symboles ou archétypes communs à l’humanité qui la sollicitent, sans exclusion ni intolérance comme si l’artiste était en quête d’un nouveau paganisme libre. Toujours est-il que, dans ses dessins, l’homme et l’animal, le végétal et l’humain se mêlent en prenant leur temps comme si l’artiste renouait des liens interrompus entre la Nature et ce que nous nommons pompeusement, sans doute abusivement, la civilisation, toujours si pressée. Ce lien, chacun le porte en soi. C’est la raison pour laquelle la production d’Ayda Su Nuroglu ne nous paraît pas seulement familiale, mais familière.

BTN

Plus d’informations : ville-aniane.com

CatégoriesExpos | Expos | Hérault

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