Rendez-vous incontournable des passionnés de la science et de la connaissance, l’Agora des Savoirs débutera son 4e et dernier cycle de conférences de l’année, mercredi 4 avril 2018.
Au programme de ce quatrième cycle, 4 conférences :
1. Mercredi 4 avril 2018, Matthieu Letourneux « Fictions à la chaîne : littératures sérielles et culture médiatique »
(Livre paru aux éditions du Seuil) De Fantômas à James Bond, du récit policier à la science-fiction, d’Harlequin à la série noire, la culture populaire moderne obéit à une dynamique sérielle : la production et la réception de l’oeuvre sont ressaisies dans un ensemble plus vaste de textes qui en détermine la signification. Profondément liées à la culture médiatique et aux logiques de consommation culturelle, ces formes et ces pratiques fictionnelles sont au coeur de notre modernité, dont elles constituent l’une des expressions principales.
C’est cette « poétique de la sérialité » que Matthieu Letourneux étudie, suivant des axes théorique, historique, médiatique et culturel. Insistant sur les spécificités de la communication sérielle et leurs conséquences en termes de choix littéraires, de forme et de signification des oeuvres, il montre aussi le rôle des pratiques éditoriales et médiatiques depuis le XIXe siècle dans la littérature de masse et leur retentissement sur l’imaginaire fictionnel contemporain.
Matthieu Letourneux est professeur de littérature à l’université Paris Nanterre. Il est spécialiste des cultures sérielles et médiatiques des XIXe et XXe siècles – en particulier des littératures populaires et de masse – et des relations entre culture matérielle et médiatique.
2. Mercredi 11 avril 2018, Jean-Pierre Filiu, « Généraux, gangsters et jihadistes : histoire de la contre-révolution arabe »
(Livre paru aux éditions La Découverte)
On ne compte plus les livres consacrés aux différentes manifestations de l’Islam politique. Bien plus rares sont les études dédiées aux appareils de sécurité et de répression, dont le poids est pourtant exorbitant dans le monde arabe. Jean-Pierre Filiu répond à ce besoin de compréhension de telles structures de l’ombre, désignées sous le terme d' »Etat profond ». Il en éclaire le processus de construction historique, à la faveur du détournement des indépendances arabes par des cliques putschistes. Il en décrit les formidables ressorts économiques, depuis l’accaparement des ressources nationales jusqu’au recyclage de rentes stratégiques, notamment pétrolières.
Les « guerres globales contre la terreur » de ce début de siècle ont représenté une aubaine multiforme pour ces différents régimes confrontés aux revendications démocratiques de leurs sociétés. Ils s’en nourrissent tant et si bien, aujourd’hui comme hier, que la menace jihadiste, loin de décliner, ne fait que proliférer.
Un paradoxe très lourd de conséquences pour la sécurité du monde. Car les sociétés arabes ne connaissent pas seulement des guerres meurtrières en Syrie, en Irak, en Libye ou au Yémen. Elles vivent aussi à l’heure d’une véritable contre-révolution, dont Jean-Pierre Filiu brosse la première fresque d’ensemble en mobilisant son expérience intime d’une réalité largement méconnue. Il nous explique comment la transition tunisienne demeure une exception dans une région où généraux, gangsters et jihadistes s’allient volontiers pour enterrer toute espérance démocratique.
Jean-Pierre Filiu est professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po Paris. Ses travaux sur le monde arabo-musulman ont été publiés dans une douzaine de langues. Il est l’auteur à La Découverte de « Les Arabes, leur destin et le nôtre », prix Augustin-Thierry 2015 des Rendez-vous de l’Histoire de Blois.
3. Mercredi 2 mai 2018, Jean-Philippe Uzan « L’Harmonie secrète de l’Univers »
(Livre paru aux éditions La Ville brûle)
Une balade cosmique entre sciences et musique pour découvrir la tradition millénaire qui relie les mathématiques, l’astronomie et la musique, ces disciplines qui n’en formaient qu’une de l’Antiquité à la Renaissance.
Pythagore, Oresme, Kepler, Newton… Les architectes de la pensée contemporaine ont tous étudié les mathématiques, l’astronomie et la musique, ce qui nous invite à réfléchir sur le découpage disciplinaire de la connaissance et de son enseignement.
Tout au long de l’histoire de l’humanité, ces disciplines se sont influencées et continuent à le faire aujourd’hui où l’on écoute autant que l’on observe l’Univers à travers l’étude des pulsars, des ondes gravitationnelles, des crépitements quantiques, des vibrations des étoiles… jusqu’au cri de l’Univers primordial!
Jean-Philippe Uzan est physicien théoricien, spécialiste de la théorie du Big Bang. Directeur de recherche au CNRS, il travaille à l’Institut d’astrophysique de Paris. Il aime la porosité entre l’art et la science qui ont en commun de questionner le monde en rendant visible l’invisible.
4. Mercredi 16 mai 2018, Johann Chapoutot « La révolution culturelle nazie »
(Livre paru aux éditions Gallimard)
Pour les nazis, la « culture » était à l’origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d’eau, on s’accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l’évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes (égalité, compassion, abstraction du droit…).
Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une « révolution culturelle », retrouver le mode d’être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C’est en refondant ainsi le droit et la morale que l’homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la réécriture du droit et de la morale, il devenait légal et moral de frapper et de tuer.
En approfondissant des points particuliers, comme la lecture du stoïcisme et de Platon sous le IIIe Reich, l’usage de Kant et de son impératif catégorique ou la réception en Allemagne du droit romain, Johann Chapoutot montrera comment s’est opérée la réécriture de l’histoire de l’Occident et par quels canaux de telles idées sont parvenues aux acteurs des crimes nazis.
Johann Chapoutot est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris III Sorbonne-Nouvelle et membre de l’Institut universitaire de France. Spécialiste d’histoire politique et culturelle, il explore depuis sa thèse de doctorat la question de l’usage de l’histoire, de la philosophie et du droit par l’idéologie nazie.
Cette conférence accompagne les expositions « Un dictateur en images. Photographies de Heinrich Hoffmann » et « Regards sur les ghettos. Photographies de propagande allemande et des photographes juifs des ghettos d’Europe orientale (octobre 1939-août 1944) » qui se tiendront au Pavillon Populaire du 27 juin au 16 septembre 2018.
Informations pratiques
Les conférences de l’Agora des savoirs se déroulent tous les mercredis soirs (hors période de vacances scolaires), de 20h à 22h, du 4 octobre 2017 au 16 mai 2018, au Centre Rabelais. Les conférences sont gratuites dans la limite des places disponibles. Centre Rabelais 29 boulevard Sarrail, Esplanade Charles-de-Gaulle, Montpellier.
Pour suivre l’Agora des Savoirs en direct ou réécouter les conférences, consulter :
-Youtube : Agora des Savoirs – -Divergence FM : 93.9 FM
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