Je suis un grand amoureux de la peinture depuis toujours. À l’âge de 18 ans, j’ai découvert deux génies créateurs : le premier dans la peinture, Picasso, et le second dans la danse, Nijinsky. Dans ces deux arts, je retrouve une même passion, celle du geste qu’il soit pictural ou dansé. C’est en 1998 que je lie pour la première fois Picasso à la danse. J’avais imaginé une soirée, à Tokyo, autour de certains de ces rideaux de scène et costumes. Puis, quand je suis arrivé au Théâtre du Capitole en tant que directeur de la danse, je me suis dit qu’un jour, je remettrai en situation cette notion de la danse et de la peinture, et Picasso est réapparu.
Picasso a largement contribué à la réalisation de ballets au cours du XXᵉ siècle, pouvez-vous nous en dire plus ?
Picasso a été très proche du monde du spectacle, particulièrement de celui de la danse et du ballet. À partir des années 1910, il a beaucoup œuvré avec les ballets russes de Diaghilev et a créé bon nombre de décors et de costumes. En tout, il y a à peu près dix rideaux de scènes qui ont été créés par Picasso. Par ailleurs, c’est aussi une façon de célébrer le centenaire de ces rideaux puisque ceux qui seront utilisés pour ces trois créations mondiales datent de 1912 pour L’Après-midi d’un faune, 1921 pour Cuadro Flamenco et 1924 pour Le Train bleu.
Pouvez-vous rappeler quel a été le premier volet de ce cycle sur Picasso et en quoi consiste le second ?
La saison dernière, j’ai proposé un premier volet de « Picasso et la danse » avec la création Les Saltimbanques, qui est en fait une re-création de ce que j’avais imaginé au Japon. Ça a été un véritable succès et je savais qu’il y aurait un second volet, qui est donc Toiles Étoiles. Alors, pourquoi ce titre ? Le mot « toile » renvoie évidemment à la peinture et le terme « étoile », lui, évoque les danseurs qui vont briller sur scène.
Qui sont les chorégraphes qui participent à ces trois créations mondiales, comment les avez-vous choisis ?
Lorsque je travaille sur la programmation des saisons, j’essaie toujours de réunir des univers différents pour créer des rencontres audacieuses. Je pense que ce sera le cas de cette soirée ! Nous allons découvrir trois univers, trois chorégraphes et trois rideaux de scènes différents. Le public pourra recevoir toutes ces facettes, ces couleurs, ces styles. Là encore, danse et peinture se rejoignent : ces ensembles formeront des tableaux à la fois chorégraphiques et picturaux.
Quelles seront leurs propositions ?
Antonio Najarro, un grand danseur de flamenco, ancien directeur du Palais national d’Espagne, aujourd’hui à la tête de sa propre compagnie, travaillera autour du rideau Cuadro Flamenco. Tablao, le nom de sa création, sera une proposition en cinq séquences de danse flamenca. Son souhait est de créer une fusion entre la danse classique et le flamenco pour pouvoir donner ce qu’il appelle « le souffle », l’émotion. Les danseurs seront accompagnés par des musiciens live et d’une chanteuse.
La seconde proposition est celle du duo Honji Wang et Sébastien Ramirez, deux chorégraphes de Perpignan qui viennent du monde du hip hop. Ils ont donc un œil extérieur à l’histoire du ballet et c’est ce qui m’a intéressé aussi dans leur proposition. Il faut savoir que le rideau de scène qu’ils utiliseront, L’après-midi d’un faune, a été montré une première fois en 1912, sous forme d’un voile, puis a été donné à Serge Lifar, grand danseur de l’Opéra de Paris, et exposé au Théâtre du Capitole en 1965. Il sera donc de retour à Toulouse pour cette création. Honji Wang et Sébastien Ramirez vont travailler pour que la toile redevienne un voile, comme à l’origine. Nous serons plongés dans un univers psychédélique, sur la musique de Claude Debussy. Ce spectacle devrait être inattendu et avoir un regard personnel qui n’a rien à voir avec celui d’Antonio Najarro.
La troisième création tournera autour du rideau Le train bleu, créé en 1924 par Picasso. Il s’est inspiré du train qui reliait Paris à la Côte d’Azur pendant les années folles et l’on y retrouve toute l’ambiance de cette époque. Cayetano Soto se détachera complètement du côté léger du rideau pour réfléchir à la question du voyage : comment nous sommes au départ, à l’arrivée, et ce qu’il s’est passé entre les deux. Durant la pièce, on entendra Haendel, mais également la voix de Picasso à travers des archives sonores.
Ces trois créations, on le voit, correspondent à trois univers qui n’ont rien en commun !
Y aura-t-il un troisième volet au cycle « Picasso et la danse » ?
Je n’exclus absolument pas qu’il y ait un troisième cycle. Il reste d’autres rideaux de scène à découvrir et à explorer…
Toiles Etoiles, les 13, 15, 16, 18, 19 et 20 février au Théâtre du Capitole. Plus d’informations : theatreducapitole.fr