Pour fêter ses 10 ans, la Fondation a choisi l’un des tableaux les plus emblématiques de la période arlésienne du grand Vincent : La nuit étoilée, peint jadis à quelques encablures, trône ainsi dans la deuxième pièce, vouée au Cosmos, entouré de quelques chefs-d’œuvre des temps anciens et nouveaux.
Côté ancien, une grande nébuleuse et une Voie lactée du méconnu E. L. Trouvelot ; un grand carré, forme parfaite, de l’Allemand Wenzel Hablik figurant l’espace cosmique ; deux tableaux, dont un tondo, du Suisse Augusto Giacometti ; deux Kupka dont un Printemps (cosmique) et un superbe Malevitch style Construction (cosmique aussi). De l’autre, le livre, sculpture en plomb de Kiefer, un papier stellaire au charbon de Caroline Corbasson et un mobile rotatif assez lent, réalisé par la Polonaise Alicja Kwade. Dès l’entrée, nous croisons une incroyable nuit en bronze de Bourdelle, un minuscule V. Hugo, un Klein bleu période éponge, un hommage à Novalis de Brauner, La nuit enfermée dans le marbre de Carrare, de C-J. H. Boutros. Puis une puissante création du monde par le symboliste anglais F. Watts, accompagnée d’un assemblage en demi-lune bleue de Toni Cragg, et un Manneken-Pis aux étoiles, du regretté Daniel Tremblay, deux magnifiques Monticelli annonçant la touche du maître et un champ de blé de ce dernier. On pénètre de plain-pied dans une dimension céleste (Firmament). En fait, quatre types d’œuvres se dégagent : les approches scientifiques, et documentaires ayant marqué la vision du monde du peintre (en particulier C. Flammarion) ; les artistes qui ont pu l’influencer (Millet, Corot) ; ceux chez qui on note une influence du peintre (Munch, Spilliaert) ou des thèmes communs (Klee) ; enfin les nouveaux venus ayant œuvré pour la plupart en fonction de la fameuse Nuit étoilée, son espace sidéral, ses jeux de lumière (F. d’Estienne d’Orves, D. Boukhenaïssi, SMITH : La tête dans les étoiles). Une salle, est en effet réservée aux réverbères (Lumière dans la ville), dont des photographies Second Empire de Charles Marville, histoire de rappeler l’importance du gaz urbain et de l’éclairage moderne. On découvre un « Concetto spaziale », éclairé et bleu, de Fontana, un immense listing d’Evariste Richer, un très subtil lac la nuit de G. O’Keeffe et un très complexe Frankenthaler. Mais surtout, le second Van Gogh tout en clair-obscur : La veillée, inspirée de Millet. Face à un Carrà italien ou un Jansson suédois. Un petit cabinet lambrissé, L’atelier de l’astronome, nous familiarise avec des œuvres plus intimes : un biscuit en étoile de Raymond Roussel, des portraits au féminin d’Alberola, un bout de blue-jeans à la noix stellaire de Franck Scurti, des « célestrographies » de Strindberg, la fameuse tasse de café de Gloria Friedmann, un écran maltraité par Gillian Brett… Un peu avant, un spoutnik tout de voile vêtu, réalisé par l’Américaine Lee Bontecou fait face à des éruptions captées par Trouvelot ou des expériences conduites par Dove Allouche, au graphite, à l’encre, argent pur et étain, sur papier.
Des plantes livresques de Kiefer, des spirales célestes de Lord Rosse, la vidéo sur l’autre Nuit étoilée par Lavier et nous voilà dans la dernière salle de cet étage (Les spirales du ciel). Des œuvres majeures, picturales, nous y attendent, de Malevitch, de Fontana, du futuriste Balla, de Kandinsky, des Russes Popova et Klioune…
L’étage réserve bien des surprises, orientées vers l’aspiration spirituelle, car il ne s’agit pas seulement d’observer, mais de ressentir l’énergie cosmique (Observatoires sacrés, Chemins de l’âme) : des œuvres de M. Chabas, L. Janin, Redon, Ensor y incitent. Juliette Agnel propose trois montages inspirés de Taharqa la nuit, conjuguant le temporaire et l’éternel, tandis qu’Anish Kapoor donne sa vision en verre de la Création. Nous découvrons ensuite une œuvre du grand artiste finlandais Akseli Gallen-Kallela, impliquant la rivière des morts. Gaëlle Choisne lui répond par un tableau syncrétique, mêlant un peu tous les mediums (céramique, documents, peinture…), et mettant en abyme cette expo, en s’inspirant de la date 1888, où fut créée La Nuit étoilée. Plus loin, on croise une gravure de Doré, des cartes au Bic de l’Ivoirien F. Bruly Bouabré, des mers d’étoiles et architecture alpines de Bruno Taut, le scaphandrier des nuages de l’Italien Prampolini, puis l’œuvre du Lituanien MK Ciurlionis, une tempera musicale et sableuse sur toile. Une surprenante Prémonition de Paul Mignard fait accéder au dernier : une installation binaire, murale et en suspension de Mariko Mori. Plus un tableau, toujours étoilé, tardif, de Meret Oppenheim. Enfin, face à des photos de l’illustre arlésien (il en fallait un : Clergue), une sculpture de Jean-Marc Appriou, sous cloche de verre, une tête d’observateur de nébuleuse, dont le corps est traité de manière égyptienne, un pas en avant… Une exposition foisonnante qui fait découvrir des noms oubliés, épris d’astronomie (Ferdinand Quénisset) ou de quête d’infini (Alexandre Séon), d’équilibre et harmonie (A. E. Bergman), qui s’ouvre à l’international sans oublier la jeune création en France. L’expo de cet été, dont on espère qu’il sera éclairé de nouvelles nuits étoilées…
BTN
Plus d’informations : fondation-vincentvangogh-arles.org