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Rencontre avec l’imitatrice Ludivine Valendro, par Alexandre Blondin

3 Nov 2022 | L'Actu

Femme-caméléon, elle prend la couleur de ses personnages.

Ne vous fiez pas aux apparences, cette ravissante jeune femme est une femme aux apparences multiples et les couleurs de la palette de ses principaux personnages se conjugue au féminin pluriel. De Mylène Farmer à Madonna en passant par Amanda Lear, Nicoletta, Sylvie Vartan, Isabelle Adjani, Cristina Cordula, Michèle Laroque,  Chantal Ladesou, Liza Minelli, Clara Luciani, Véonique Sanson, Dani, Barbara, Dalida, Édith Piaf … la liste est éloquente et non exhaustive à laquelle s’ajoutent quelques messieurs Elvis Presley, Charles Aznavour, Michael jackson… pour ne citer que les plus prestigieux.

Costumes personnalisés, perruques ajustées, maquillages artistiques, en quelques tours d’illusions dont elle détient seule le secret, l’artiste nous entraîne dans un tourbillon de stars de la chanson, du cinéma et de la télévision. Sur scène, elle est, elle devient la copie conforme de votre vedette préférée offrant à son public « La Grande Métamorphose » : un spectacle qui surprend et qui séduit. De l’emblématique Hôtel du Palais à Biarritz, en passant par Le Grand Casino La Mamounia à Marrakech, le Casino Royal d’Évian, l’Hôtel des Bergues à Genève, le Pavillon Baltard à Paris… les prestigieuses références se succèdent.

S’illustrant lors du Mondial de la Coiffure à Paris Porte de Versailles, mais aussi dans la presse magazine et intervenant dans de nombreuses émissions de radio et de télévision, l’artiste n’en garde pas moins la tête froide consciente que cela n’est qu’une facette du miroir. Rencontre.

AB : Ludivine, vous incarnez à vous seule et avec talent toute une palette de personnalités et vedettes de la chanson, du cinéma et de la télévision. Quel est l’élément qui a validé votre voie artistique et cette spécificité ?

LV : Enfant dans mon petit village natal proche de Vichy, je suis les cours de musique proposés par la municipalité, mais également des cours de poésie et de théâtre que l’on dit si joliment être l’école de la vie ! Cette première expérience d’éveil artistique a été l’élément qui a validé qui j’étais et qui inconsciemment, je souhaitais devenir. C’est une suite logique des choses.
Adolescente et toujours en recherche de ma personnalité, j’ai découvert l’univers de la scène et du spectacle transformiste qui m’a convaincu de mon désir d’être et d’exister sur scène.

Combien d’imitations avez-vous à votre actif et lesquelles remportent le plus vif succès auprès du public et pourquoi selon vous ?

Pour être honnête, je n’ai jamais réellement fait le calcul, mais je dirais approximativement une centaine d’imitations visuelles et une vingtaine d’imitations visuelles et vocales. Le succès vient du lieu, de l’événement et de l’âge moyen du public, mais indépendamment de cela, l’imitation qui accorde tout le monde et fait généralement l’unanimité est celle d’Édith Piaf (physique et vocale).

Cristina Cordula par Ludivine Valendro – Photo : © Rodolphe Petit

Des imitations visuelles plus vraies que nature mais aussi vocales, c’est une véritable performance pour une artiste qui n’avait jamais chanté ?

On peut le dire oui, car je suis une débutante dans le domaine de la chanson. En réalité mes imitations vocales sont assez récentes, il y avait longtemps pourtant que j’avais envie d’essayer de donner de la voix et plus de vie à mes personnages. Lorsque j’imitais Piaf visuellement et en playback, j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose,  j’avais l’impression d’être brimée, que l’on m’enlevait 80 % de moi, je voulais m’exprimer, offrir plus de vie, dire au public « allez reprenez avec moi » et cela, je ne pouvais jamais le faire. J’ignorais que je pouvais être en mesure d’apporter une possibilité de chant qui soit intéressant dans sa forme d’interprétation.
Mon premier essai vocal a été une chanson de Dalida « Paroles, paroles », titre symbolique pour offrir la parole à mes imitations visuelles. Le travail du chant a réellement commencé en 2020 avec le confinement. Comme beaucoup d’artistes, il fallait tuer le temps et profitez de cet arrêt de la scène pour expérimenter de nouvelles expériences et se réaliser à travers de nouvelles créations artistiques. Lorsque j’imite vocalement, je parle de couleurs, je prends la couleur de l’artiste et je retransmets mes émotions à travers elle. C’est ainsi que sont nées des voix… et que nous avons commencé avec mon mari Rodolphe à réaliser et à diffuser des vidéoclips sur la chaine YouTube et sur les réseaux sociaux. Devant l’accueil enthousiaste du public et un nombre inattendu de vues, nous avons décidé de poursuivre l’expérience. Rodolphe supervise la partie technique et visuelle de mes prestations (photos, vidéos). Photographe autodidacte et passionné, il est à la hauteur de mes attentes ; très attentif et précis aux moindres détails. Les gestes, les situations, la lumière, il sait exactement faire ressortir les particularités de mes imitations pour les rendre toujours plus saisissantes de vérité.
Nous sommes très complices, il est en quelque sorte mon conseiller artistique et il pose un regard critique et exigeant sur mon travail. Il est indissociable de mon succès.

« La grande métamorphose », titre évocateur de votre spectacle, a-t-elle lieu sur scène ou dans votre vie ?

Sur scène uniquement, mon terrain de jeu a toujours été la scène et non pas la ville. Jouer dans la vie m’est arrivé vraiment par accident avec mon imitation très ressemblante de Cristina Cordula. C’était un nouvel exercice que de me retrouver en ville dans ce « jeu de rôle », une expérience que je ne connaissais pas et la confusion que cette situation à provoquer chez les gens qui ne voyaient pas que je n’étais pas Cristina m’a fait très peur. On peut laisser planer le doute, créer l’effet de surprise, mais l’on se doit ensuite d’être sincère avec le public et révéler la vérité. Je suis et je reste avant tout Ludivine, au gré de mes imitations aussi réalistes soient-elles dans le regard de l’autre. On n’est pas au théâtre lorsque l’on est dans la vie.

Mylene Farmer par Ludivine Valendro
Photo : © Rodolphe Petit

D’où vient cette précision dans les moindres détails, la justesse des coiffures, des maquillages, des tenues et des accessoires ?

C’est un énorme travail de fond qui jour après jour, m’a demandé des efforts d’observation, de concentration, de répétitions des gestes et d’essais multiples pour essayer de me rapprocher au plus près de mes personnages, car je suis une complète autodidacte dans les domaines de la coiffure, du maquillage et du stylisme. Je suis très exigeante avec moi-même, j’aime la perfection et je ne laisse pas de place à l’improvisation. C’est aussi l’enjeu de la performance que de vouloir atteindre l’inaccessible, être à la hauteur de sa démesure et ne pas décevoir son public puisque je ne suis qu’une copie de l’original et que naturellement, je préfère l’original à la copie.

 

Vous entrez corps et âme dans vos personnages, vous vous identifiez, vous êtes, vous devenez ? C’est à la fois stupéfiant de réalisme et d’audace !

Lorsque je sors de ma loge et que l’on commence à m’apercevoir, le mimétisme s’enclenche au plus profond de moi. Comme un caméléon, je rentre dans la peau d’Édith Piaf, par exemple, je prends possession du personnage jusqu’à la fin de mon jeu de rôle.

On peut parler réellement d’interprétation, et à ce moment précis, je joue la comédie, peut-être même la comédie de l’existence ! reste à savoir laquelle, celle de l’artiste ou de mon interprétation ? La réussite de mes imitations va dépendre du lieu, du jour et de mes désirs, de mes angoisses parfois aussi. Les choses qui peuvent jouer se situent au niveau technique et de la structure d’accueil (l’éclairage dans les loges pour le maquillage, le son et l’éclairage sur scène).

Le but de mon imitation, qu’elle soit visuelle ou visuelle et vocale, n’est pas de dire c’est elle ou ce n’est pas elle, selon le regard que l’on pose sur mon personnage, c’est de se rapprocher du désir de la personne à qui cela fait plaisir.

 

Laquelle de vos imitations vous semble être le plus proche de vous, de vos ressentis, de votre personnalité ?

Je ne pourrais vous dire sincèrement si elle est proche de ce que je suis, mais j’aime beaucoup interpréter le rôle de Dalida, artiste pour laquelle j’ai une grande admiration parce qu’elle incarne la féminité dans toute sa splendeur. N’avait-elle pas chanté « Je suis toutes les femmes ».
Ses chansons résonnent dans la mémoire collective, et aujourd’hui encore remportent un immense succès auprès du public. C’est ce qui m’a convaincu de créer ce spectacle avec mon mari Rodolphe Petit « Sur les traces de Dalida» dans lequel pendant près d’une heure et demie, je reprends ses succès en direct dans un tourbillon de costumes, de lumière et de paillettes. Mais je ne suis que l’interprète de ses chansons et ce qui me plaît, c’est de pouvoir y associer ma sensibilité, mes émotions et ma personnalité sous l’apparence de l’artiste. Le public ne s’y trompe pas et après le show, bon nombre de personnes me félicitent pour mes interprétations et non pas pour mon imitation de Dalida. C’est à ce moment-là que je mesure que mon pari est gagné !

Madonna par Ludivine Valendro – Photo : © Rodolphe Petit

Quelles sont les réactions des personnalités que vous imitez ?

Amanda Lear qui a beaucoup d’humour, m’a adressé un très gentil message en me félicitant pour son « double réussi » et Jeane Manson en visionnant mon clip m’a dit que j’étais plus belle qu’elle ! Quel compliment et quelle humilité de cette sublime chanteuse d’une éclatante beauté. Pour d’autres, le reflet du miroir pose parfois un véritable cas de conscience sur la réalité que l’on perçoit de sa propre image. C’est toujours difficile d’accepter soit la caricature, soit l’imitation qui, si elle est parfaite, remet finalement en question l’originalité de leur talent !

Quelle est votre principale motivation ?

Vouloir conquérir mon public, aller à leur rencontre aussi bien dans un petit village de campagne que dans un grand hôtel, un théâtre, un casino, telle est ma principale motivation. Le succès et la notoriété à tout prix, je laisse cela à d’autres, j’ai passé l’âge de me compromettre et pour conclure, je reprendrais cette phrase d’une célèbre artiste « Le bonheur, c’est de créer, l’essentiel c’est l’amour des autres ».

Ludivine Valendro, l’imitatrice des stars offre un spectacle étonnant, détonnant, oserais-je dire dans lequel de sacrées personnalités ont un subtil parfum de femmes ! Une femme caméléon et une artiste attachante dont le rêve le plus fou est celui sans doute de vouloir teinter de couleurs et de beauté l’interprétation de ses personnages.

La copie égale-t-elle l’original, c’est à vous de juger !

Recueillis par Alexandre Blondin

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