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Rencontre avec Jane Birkin: « Serge a été d’une fidélité folle »

26 Fév 2020 | Cinéma, Les interviews, Livres, Musiques actuelles

Icône depuis les années 1970, Jane Birkin a eu une vie hors normes. Mariée à 17 ans au compositeur John Barry, elle divorce et devient la muse Serge Gainsbourg. Un couple culte qui nous a laissé des chansons, des films, des photos… bref des souvenirs d’une époque.
Jane Birkin a eu une vie de femme, d’amante, de mère, de chanteuse, de comédienne, de muse… On pourrait penser qu’elle a tout vécu. Et elle continue de partager ses moments de vie à travers l’écrit. Jane Birkin a publié il y a deux ans un premier livre de journaux intimes Munkey Diaries, racontant sa jeunesse jusqu’à sa séparation avec Serge Gainsbourg. Elle était à Montpellier pour présenter la suite, Post-scriptum publié aux éditions Fayard.

Agnès Varda disait de vous : « Ce que j’aime avec Jane, c’est que quoiqu’elle ait vécu, elle l’assume ! », et vous lui donnez raison en publiant vos journaux intimes. En général les artistes publient des livres sur leur vie qu’ils font écrire bien après les avoir vécus. Vous cherchiez une forme de vérité ?

Ce sont des choses que j’écrivais le soir même. Est-ce pudique ? Impudique ? Je ne sais pas. Bien sûr je me suis posé la question avant de montrer aux gens ce livre, parce que je me détail beaucoup. Je me posais beaucoup de questions, et j’avais peur que les gens me voient comme une personne pas courageuse, qu’on voit mon mauvais caractère. Il fallait aussi enlever des choses qui pouvaient embêter mon entourage, mais je pense que ce que j’ai écrit sur les autres est juste. Il y a eu des choses dans ma vie personnelle qui étaient magnifiques, d’autres très tristes… Beaucoup de choses ont été écrites sur Serge et moi, parfois elles étaient justes, mais parfois aussi elles étaient fausses. Je me suis dit que ça pouvait intéresser les gens. Par exemple j’aimerais beaucoup lire les journaux intimes de Claudia Cardinale.

Dans le premier livre que vous avez publié vous racontiez votre vie jusqu’à votre séparation avec Serge Gainsbourg. Le second prend la suite jusqu’en 2013. Voyez-vous votre vie ainsi ? Il y a eu un avant et un après Gainsbourg ? Vous avez vécu plusieurs vies ?

C’est tellement loin maintenant… La personne que j’étais en 1967 avec John Barry… Quelle horreur d’être mariée à 17 ans… Heureusement il y a eu Kate qui m’a apporté de la joie. Puis il y a eu cette extraordinaire rencontre avec Serge en 1968. Quelle joie ! Il me faisait rire ! Même si à la fin c’était plus compliqué. Nous nous sommes séparés, mais il était toujours là. Il a continué à m’écrire des chansons, la relation a changé et je suis devenu son amie. C’était comme être un mec (rire). Cela a été possible grâce à Bambou, elle permettait qu’on soit ami, ça ne mettait rien en péril. J’ai eu beaucoup de chance.

Maison de Serge Gainsbourg rue de Verneuil à Paris

Beaucoup de personnes vous cloisonnent dans le rôle de la muse de Serge Gainsbourg. Pourtant vous avez participé à l’élever au rang d’icône. Et puis vous êtes actrice, et chanteuse… Est-ce une chose que vous regrettez ou au contraire dont vous êtes fière ?

Oh je ne regrette rien ! Au contraire j’en suis très fière ! Je lui dois bien ça. Il a été d’une fidélité folle, dépourvue de sens tellement c’était touchant. A 20 ans je n’avais pas grand-chose à dire, j’étais juste une fille très jolie. C’est grâce à Serge que j’ai pu chanter toutes ces chansons, faire tous ces concerts, que j’ai pu faire du théâtre, même après qu’il soit parti. Faire toutes ces choses, c’était un petit patch. J’ai une chance folle encore aujourd’hui d’être voulu, d’être désirée. Je pars bientôt à New York pour faire un concert avec Iggy Pop et Charlotte (Gainsbourg). Vous imaginez ma chance !

Le fond et la forme de votre livre évoque beaucoup de souvenirs. J’aimerais savoir ce que ce mot « souvenir » vous évoque ?

On est bourré de souvenir. C’est ce qui rend parfois un peu mélancolique. Cette richesse d’avoir connu des personnes pareilles. Même si j’ai perdu Serge, ma fille… Il faut prendre le bon côté des choses et se dire qu’on a connu une personne merveilleuse. Même s’ils sont partis, ils sont toujours là. Il faut continuer à parler d’eux, pour les rendre à leur juste valeur.

Recueilli par Thibault Loucheux

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