Le second CD de La fille allumette, Mélanie Arnal, titre éponyme du premier, permet d’approfondir et de confirmer les promesses d’un coup d’essai qui valait bien un coup de maître(sse).
On y traite des grands sentiments humains, : l’amitié avec l’âme sœur dans Doj, l’ingérence humaine en « la danse des planètes » et « le roulis des vagues » (Le manège), La vie qui bat, petit traité lyrique de philosophie particulière (« Profitons et soyons gourmands »), les grands problèmes sociétaux et raciaux (Café Josette, caricature publicitaire, aventureuse et délirante, dénonçant l’esclavage et l’exploitation, avec cette subtilité qui est l’image de marque de l’autrice).
Tout ceci fleure bon la variété, dans le bon, le vrai sens du terme. Les morceaux alternent les tempos lent et rapide ; les sujets vont de la tendresse à la révolte en passant par le bonheur et la résilience. On voyage de l’intemporel à l’actuel. La complainte des femmes divorcées fait un clin d’œil complice à Brassens mais retourne sa misogynie en critique de la connerie « humaine » (sa moitié masculine, souvent brocardée, dans ses travers, par ailleurs). La chute du dernier morceau, Les comptes de faits, construit sur une nouvelle version de La ronde des jurons, énumère les masculins, les féminins avant de revenir ironiquement sur la fin habituelle des contes de fée…
Mélanie se veut fille allumette certes, mais surtout libre, de ses choix, de ses goûts, de ses plaisirs. L’accordéon de Cédric Pierini, omniprésent, assure une continuité et un aspect festif à ces 12 titres de style divers puisque l’on y retrouve un tango (On fait trop de bruit sur la mort), une valse (Le manège), des rythmes exotiques et dansants sur Café Josette, du forro sur Y’a des jours (« Y’a des jours avec, y’a des jours sans »), titre de l’album et qui nous trotte vite dans la tête… Tout comme « cette petite voix dans ma tête cette petite voix », sur une note tenue le temps d’un alexandrin martelé avant de s’élancer dans l’aigu à la clausule (La petite voix). Mélanie aime concilier les extrêmes, des (Pendant les) embouteillages qu’elle retourne en acte créatif à La sieste, moment de pause à la vie trépidante des grandes villes.
On sent poindre un art de vivre fait d’optimisme, de révolte mesurée à l’instar de ses vers, qui sait affronter les vicissitudes sans sombrer dans les critiques systématiques et aisées. La musique, la poésie, la peinture y aident. Et les musiciens de son groupe, notamment Olivier Romain Garcia (réalisation et arrangement), ou Olivier Guérin, interprète des inénarrables (Les) Ados.
BTN
Plus d’informations : melaniearnal.fr