Cette année, l’abbaye de Sylvanès célèbre deux anniversaires : 40 ans de Musiques et de Festival à Sylvanès ! » et les « 20 ans de l’orgue ! » Un programme encore plus riche et plus
dense a été établi par Michel Wolkowitsky, du 9 juillet au 27 août.
Entretien avec Michel Wolkowitsky :
1/ Tout d’abord Bon Anniversaire ! Quelle belle aventure ! En quelques mots expliquez-nous comment a débuté cette belle histoire et ce festival dans ce lieu unique ?
L’histoire de Sylvanès, c’est la rencontre d’un patrimoine d’exception qui était abandonné, qui avait perdu sa vocation première avec des hommes d’exception qui se sont émus de son état et qui ont eu envie de le faire revivre. Pour cela, ils ont choisi ce qu’ils savaient faire : la musique. En effet, le père André Gouzes était compositeur, moi j’étais étudiant au conservatoire et tous les amis qui ont participé à l’aventure de cette fondation étaient majoritairement des musiciens. Donc, tout naturellement, la musique a pris sa place dans ce lieu. Au départ il n’y avait pas le projet particulier de faire un festival. L’objectif, c’était de vivre dans les lieux, de l’occuper, de le faire visiter, de faire de la musique et inviter les gens du village (en priorité) à assister à des soirées musicales. Quelque chose de très convivial et de très amical avec pour seule mission, restaurer ce lieu, le faire vivre et le revaloriser. Progressivement, les choses se sont structurées, beaucoup d’amis ont participé dont certains très célèbres comme le pianiste Aldo Ciccolini et le violoncelliste Marcel Bardon, entre autres. Ils l’ont fait avec beaucoup de générosité et ont souvent offert leurs récitals.
Ces petites animations d’été et concerts ont progressivement évolué en programmation estivale. Au début le répertoire est éclectique… et puis très vite le lieu a imposé sa nature, sa résonnance, sa vibration et la musique sacrée s’est imposée, particulièrement la musique vocale. Aujourd’hui, le festival farde sa dimension de musique sacrée avec la mise en valeur de tous les grands répertoires de la musique occidentale mais également avec la rencontre avec les autres traditions, les autres cultures, des traditions plus populaires mais aussi sacrées du monde.
2/ Vous êtes la preuve que l’on peut réussir de grandes choses hors des grands axes et des grandes villes ! Quelles sont les clés de ce succès selon vous ?
Le succès c’est la volonté et le génie de l’homme. On peut bénéficier d’un très beau patrimoine mais s’il ne rencontre pas des hommes d’exception, comme a pu l’être André Gouzes et également mon prédécesseur Monsieur Castan (ancien maire de Sylvanès), cela n’aboutit pas. Ce dernier était peut être un homme rural mais il était conscient que ce patrimoine ne devait pas échapper à la commune. En effet, il avait eu des propositions de rachat par des étrangers qui voulaient en faire des demeures privées, donc il a eu ce bon sens.
Voilà pourquoi je dis que les conditions de réussite sont là : quand le génie de l’homme rencontre le génie d’un patrimoine, sa grandeur. Cependant, il faut avouer qu’il est plus difficile de mener cette aventure dans un milieu rural, des lieux reculés, enclavés comme nous pouvions l’être y a 40 ans. Mais je dirais aujourd’hui que c’est aussi un avantage car les gens recherchent des lieux comme ici, de ressourcement et d’authenticité. Sylvanès est un lieu qui inspire, un lieu qui apaise.
3/ En réalité, cette année vous fêtez deux anniversaires : les 40 ans de Musiques et de Festival à Sylvanès et les 20 ans de l’orgue. Les deux sont indissociables !
L’orgue s’est inscrit dans l’histoire de Sylvanès y a 20 ans. Cette gigantesque réalisation a été initiée pour enrichir le patrimoine musical du lieu, déjà fort à l’époque. Ce qui est intéressant dans cet instrument est le fait que ce soit un orgue contemporain, tourné sur toutes les problématiques de la création d’aujourd’hui, qu’elle soit la création de facture d’orgue ou de la création musicale. Donc indissociable du festival oui !
Il faut dire que l’histoire de Sylvanès est une succession d’aventures, d’idées, de rencontres, de challenges mais on s’aperçoit que finalement tout cela a été très bien mené et fortement inspiré.
4/ Quels seront les temps forts de cette 40e édition et qu’avez-vous souhaité pour marquer l’événement ?
J’ai construit une programmation qui est un peu plus dense que d’habitude avec des vedettes et des programmes très attractifs comme le Requiem de Verdi avec Béatrice Uria Monzon mais aussi des programmes plus originaux qui croisent des répertoires comme Ararat, dialogue musical France Arménie avec Canticum Novum ou encore le concert baroque à la Cité Interdite de XVIII-21, le Baroque Nomade.
Je pense que le festival garde sa philosophie : d’être un espace de rencontre à travers la musique, à travers le chant, à travers la danse aussi. Partager de beaux moments de musiques, de beaux moments d’émotions, toujours et encore ! Cette édition anniversaire s’inscrit dans tout ce que nous faisions, nous ne sommes pas dans une rupture mais dans une continuité.
5/ Enfin, que peut-on vous souhaiter pour les prochaines décennies et l’avenir du festival ?
Que ça continue ! Nous sommes dans un moment charnière où les fondateurs vont passer la main, Sylvanès doit vivre au delà de ses fondateurs. Je me dois de préparer le terrain pour que ceux qui prendront la suite puissent trouver des conditions convenables et satisfaisantes pour poursuivre l’aventure. Il ne s’agit pas de faire du plagiat mais conserver l’esprit de ce lieu. Ce serait dommage de le dénaturer, mais que chacun apporte sa pierre à l’édifice et que chacun amène ce qu’il est.
Les concerts et programmes à venir : les Musiciens de Saint-Julien (23/07), l’Ensemble Canticum Novum (30/07), l’Ensemble XVIII-21 Le Baroque Nomade (6/08), le chœur d’hommes de Sartène (6/08), les Moines de Gyutö du Tibet (25/08), Juan José Mosalini (20/08), les ensembles Otxote Lurra et Vox Bigerri (27/08), le Requiem de Duruflé (30/07), Requiem de Verdi (15/08), Messe en ré de Dvorak (13/08)…
Programmation complète sur www.sylvanes.com