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Générargues : Douce Mirabaud et Pia Hinz, deux artistes invitées à exposer à la Bambouseraie jusqu’en octobre

19 Avr 2024 | Arts plastiques, Expos, Gard

Deux artistes interviennent cet été sur le site de la Bambouseraie, histoire de prouver que la nature, dans ce qu’elle a de plus singulier et spécifique, peut très bien s’accommoder de recherches artistiques les plus récentes. Pia Hinz a ainsi conçu, grâce au bambou, un vitrail tout rond dans le Bambusarium tandis que Douce Mirabaud a suspendu et posé des panneaux gainés sur le chemin qui mène à la vallée du Dragon.

Pia Hinz n’en est guère à son premier projet tournant autour du vitrail. Sa production relève d’une exploration des phénomènes lumineux. En l’occurrence de la lumière du soleil. C’est la raison pour laquelle le cerceau qui sert de matrice à son installation épouse et suggère la forme ronde de notre astre divin, adoré par certaines civilisations. On pense également à une loupe qui permettrait de voir l’intérieur des choses. On dit que les ogives des églises ont été inspirées aux premiers bâtisseurs par le croisement des branches d’arbres dans les forêts où se rejoignaient les premiers fidèles. Il n’est donc guère surprenant qu’une artiste comme Pia Hinz offre un vitrail à la Nature. Elle assemble des bambous creusés et les couvre d’une grande plaque de verre à vitrail jaune et marbré. Le coin de nature qui le reçoit devient en quelque sorte un lieu de méditation, juste retour des choses vers leur origine. Le temps y joue un rôle fondamental puisque la perception de la couleur sera différente selon l’heure et les conditions météorologiques. Le vitrail a la particularité d’offrir de la transparence tout en conservant une certaine opacité. Ainsi l’installation de Pia Hinz, posée sur pied, constitue-t-elle une frontière entre deux mondes. Le réel et l’imaginaire, l’œuvre d’art se situant dans l’entre deux. Et aussi entre la vie cellulaire, à laquelle fait penser l’agencement des bambous creusés, et la vie astrale d’où émane toute « Lumen », assortie des formes qu’elle produit. Les deux infinis, le grand et le petit.

Pas loin de là, Douce Mirabaud incite également à la méditation. C’est, en effet, la gaine, habituellement mise au rebut, qui a retenu son attention. Elle la traite à l’instar d’une peau animale, on peut même dire d’un parchemin où s’inscrit, sous forme de taches, l’écriture de l’humidité. Le simple a droit au royaume des yeux. L’artiste doit apporter sa touche personnelle à cette nature apprivoisée, en l’occurrence sous la forme de moucheté d’or. Douce s’est appliquée à suspendre, et disposer, neuf panneaux de contreplaqué, sur lesquels viennent se poser les gaines de bambous. Cette installation, située en bord de chemin, oblige en quelque sorte à l’arrêt sur images. Celles que ne manquent pas de susciter, dans notre imaginaire, les motifs sur la peau du bambou, qu’ils soient animaliers ou cartographiques. On nous invite ainsi à découvrir le livre de la nature en focalisant sur un point précis : la sensibilité du bambou, ses capacités, au fond picturales, à animer sa surface, à lui donner une âme. D’autant que les panneaux, longitudinaux dans le sens de la verticalité, sont surélevés, et ainsi s’émancipent de la terre pour se tourner davantage vers l’esprit. C’est comme si on fournissait un supplément d’âme à la plante et donc comme si l’on créait les conditions d’une communion plus intime encore avec elle. La surface procède par stratifications de zones horizontales de la largeur d’une main et qui accrochent la lumière. C’est rappeler le geste créatif, à mi-chemin entre la nature et le recours à l’usiné, suggéré par le cadre. Sur ces stèles rigides qui hésitent entre peinture et sculpture, entre deux et trois dimensions, à l’échelle de l’humain, on lui offre une symphonie de couleurs automnales et d’éclats de lumière et on l’invite à aller y regarder de plus près. Une surface peut bien après tout nous livrer sa profondeur… C’est le rôle de l’artiste que de la révéler.

BTN

Plus d’informations : bambouseraie.fr

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