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Cases-de-Pêne : l’artiste Vincent Corpet à découvrir au Château de Jau, par BTN

16 Avr 2021 | Arts plastiques, Expos, Pyrénées-Orientales

Qui aura suivi l’itinéraire pictural de Vincent Corpet se souvient de ses Nus en pied inscrits dans une toile verticale tel un écrin à des corps rendus sans concession, ou plus récemment, de sa relecture toute personnelle et irrespectueuse des grands noms de l’Histoire de l’art (Delacroix, Courbet, Goya, Manet, Picasso…). Le fond est souvent neutre chez lui ce qui fait que l’intérêt se focalise sur les figures en premier plan. Corpet a également peint des totems ce  qui nous renvoie à l’art primitif et, au-delà à la naissance de l’art. Naguère assez stables et fonctionnant par association d’idées, le moins que l’on puisse dire c’est que ses toiles sont devenues de plus en plus, et au fil du temps, dynamiques au point d’aboutir à une esthétique, dont l’on pourra vérifier l’impact en cette nouvelle expo du Château de Jau.

Tous les règnes s’y bousculent, toutes les créatures et aussi des lettres dans une chorégraphie savamment orchestrée d’autant que l’espace interne est sérieusement saturé. Cela correspond certes à notre environnement repu d’informations mais dont Vincent Corpet n’a retenu que quelques spécimens, ceux qu’il va faire fonctionner entre eux, parce que la confrontation, la superposition, l’entremêlement est porteur de sens. Par ailleurs, le tableau est rendu vivant : on sent la volonté de l’artiste d’animer la nature morte. La peinture en effet a la particularité de s’approprier tout ce qui lui passe sous les yeux. Elle demeure ainsi en permanence d’actualité là où les modes passent. Et les visions hybrides que concocte le peintre sont à la fois d’une vivacité qui correspond bien à l’esprit d’une époque, d’autre part à sa sensibilité, sa curiosité face au nouveau, à l’avenir, aux nouvelles combinaisons inouïes que permettent aujourd’hui le vivant comme l’inanimé. La science, et aussi sans doute son envers, la poésie, a mis le monde de la pensée sens dessus dessous. C’est ce que semble nous apprendre la peinture selon Vincent Corpet. Le paradoxe est que, pour fixer ces vertiges du mouvement, Vincent Corpet recourt à la lente technique de l’huile, de celle qui faisait dire au Poète que l’art est long, et que le temps est court. Environné de vitesse, iuol faut savoir prendre et marquer son temps. Toujours est-il que ces tableaux sont nommés Fatras – mais on aura compris qu’il s’agira davantage de suggérer l’idée de désordre que de ne point ordonner les éléments le composant. Il peut se révéler de grandes dimensions, auquel cas l’impression de force dynamique est d’autant plus ressentie par le spectateur, parfois plus modeste semblant comme dompter le vertige et prendre le spectateur par surprise. Les figures sont également traitées de manière caricaturale, à la limite d’un expressionnisme mesuré. Ce qu’on peint n’est jamais ce que l’on habitude de voir dans le réel. Il en est de même des couleurs, sobres, sourdes et plutôt froides. Vincent Corpet ne veut pas séduire. Il veut plutôt bouleverser. Perturber, telle est mon œuvre, disait un grand écrivain.

Tout artiste vit avec l’Histoire qui l’a formé, qu’il sollicite sans cesse, qui l’interpelle. Et s’il se met à peindre, c’est qu’il ne trouve pas dans l’œuvre de ses prédécesseurs ou contemporains un équivalent de ce que lui seul peut être amené à réaliser. C’est ainsi que l’œuvre de Corpet fait flèche de tous bois, empruntant aux origines de l’Art comme aux autres civilisations, dé-figurant les supposés grands maîtres ou répondant à une demande, sans jamais se soumettre. Il semble vouloir mettre du désordre, car pour édifier il faut commencer par déconstruire. C,est ainsi qu’il faut aborder son Fatras.

BTN

Du 25 juin au 25 septembre au Château de Jau.

Plus d’informations : chateaudejau.com

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