C’est un début de saison un peu particulier qui s’annonce au Domaine d’O. En attendant de découvrir ce que réserve le lieu à partir du mois de janvier, plusieurs spectacles seront proposés dans plusieurs lieux de la ville.
Pour le mois de novembre, le Domaine d’O s’associe au Théâtre des 13 vents, Centre dramatique national de Montpellier, pour accueillir le metteur en scène Sylvain Creuzevault. Les 8 et 9 novembre, sur la scène des 13 vents, il présentera L’Esthétique de la Résistance, adapté du roman-fleuve de Peter Weiss. On y suit le trajet d’un jeune ouvrier communiste entre 1937 et 1945, de son Allemagne natale à son engagement dans la guerre civile espagnole, jusqu’à son exil en Suède. Mais cet itinéraire d’un militant antifasciste se double d’une aventure esthétique : le narrateur et ses camarades s’exercent en autodidactes à analyser de grandes œuvres, pour y découvrir une histoire de l’art en prise directe avec les rapports sociaux. Il en résulte une fresque flamboyante, traversant différentes formes de lutte et de théâtre (documentaire, cabaret, agit-prop), nouant avec rage et humour les combats du passé aux urgences du présent.
Puis du 13 au 15 novembre, c’est cette fois au Théâtre Jean-Claude Carrière, au Domaibe d’O, que Sylvain Creuzevault présentera Edelweiss [France fascisme]. Il y fait défiler sur scène les figures politiques et intellectuelles de la Collaboration. Une reconstitution chronologique aux allures de cabaret, sur fond grésillant de vieux postes de radio, de petits intérêts, de grandes compromissions, d’envolées de haine et d’appels au pire. Conçue à partir de documents d’époque (et d’improvisations clownesques), la pièce retrace quelques années d’une histoire française, de juillet 1941 où fut créée la Légion des volontaires français qui allait grossir les rangs de l’armée nazie, à l’épuration de janvier 1945 où furent prononcées les premières condamnations à mort pour intelligence avec l’ennemi.
En décembre, du 4 au 7, le Domaine d’O s’associe au Théâtre Molière de Sète, Scène national archipel de Thau, pour présenter Qui m’appelle ? de Maguelone Vidal et la compagnie Intensités. Une expérience sensorielle collective à la fois musicale, théâtrale, performative et opératique sur l’expression universelle de nos identités singulières : notre prénom et notre nom. Une réflexion joyeuse et une célébration poétique de nos présences dans leur pluralité qui pulsent ensemble ici et maintenant !
Enfin, du 10 au 20 décembre, le Domaine d’O donne rendez-vous au public au Hangar Théâtre pour découvrir Gaby mon spectre, d’après un texte et une mise en scène de Julien Bouffier qui a travaillé à partir des entretiens de Gabriel Monnet avec Pascal Ory et d’Hamlet de Shakespeare. Nous sommes alors en temps de pandémie. Hugo, animateur radio, et Nora, actrice, devaient créer Hamlet mais les théâtres sont fermés sur ordre du gouvernement. Cette incapacité à créer abime la relation de nos personnages, comme si l’impossibilité de se réunir avec un public faisait écho à leur difficulté d’être ensemble. C’est le spectre de Gabriel Monnet, homme de théâtre, qui va à travers son histoire, les pousser à transgresser les interdits. Les veillées dans le maquis du Vercors, les stages de théâtre avec des amateurs à Annecy, la création du concept de maison de la Culture à Bourges, la résistance permanente à toute forme d’autoritarisme. Le théâtre devient le lieu d’incarnation des fantômes dans une société ivre d’amnésie, dans un monde qui ne sait plus s’il faut regarder devant ou derrière soi. Un spectacle présenté en partenariat avec le Théâtre Jean Vilar.
À noter également, les 30 et 31 octobre, le spectacle Boxon[s], jusqu’à n’en plus pouvoir, dans lequel 12 jeunes acteurs et actrices de la promotion VII du Cours Florent Montpellier, se mettent au service d’un geste artistique et d’une esthétique théâtrale, livré par un artiste de renom : Nicolas Oton.
Plus d’informations : domainedo.fr