L’Espace Saint-Ravy ouvre sa nouvelle saison d’exposition avec l’artiste peintre Sena Locco pour l’exposition Liens tissés, présentée du 30 septembre au 22 octobre. Elle y questionne au travers de portraits de femmes afro-caribéennes le corps politique de ces femmes engagées, qu’elle fait dialoguer avec des tissus traditionnels de différents pays d’Afrique.
Les femmes que Sena Locco peint viennent de Guadeloupe, de Martinique, du Brésil, d’Haïti, de Cuba. Elles sont artistes, activistes féministes et écologistes : Anyes Nöel, Béatrice Manigat, Assata Shakur, Djamila Ribero… Dans le prolongement de Kehinde Wiley et d’Amy Sherald, l’artiste donne à voir leur dignité et leur engagement. En cela, elle questionne la perception de soi et de l’Autre.
Au travers de la personnalité et de l’histoire de ses modèles, c’est aussi de diasporas dont parle Sena Locco. Dans ses peintures, l’artiste lie les figures féminines à des tissus traditionnels africains, qui semblent se projeter au-delà des toiles pour habiter l’espace d’exposition. Souvent tissées par des femmes, ces étoffes sont issues de procédés de fabrication artisanaux multiséculaires. Chaque forme y possède une signification. Chaque symbole est le fruit de savoirs ancestraux, détenus par ceux qui y sont initiés.
Associées à ces textiles anciens, les femmes représentées sont placées dans un retour aux origines par l’artiste, laquelle, dans le même temps, les a choisies pour la place et le rôle qu’elles occupent dans le monde contemporain : issues de la diaspora historique, elles sont l’Afrique d’aujourd’hui. Pour l’artiste, « elles cherchent leurs racines et l’essence de la féminité noire. » Sena Locco évoque sa propre histoire et ses questionnements autour de la représentation du corps de femmes noires, souvent objectivé, réifié.
Née en Guadeloupe comme sa mère d’origine indienne, l’artiste a grandi au Togo, pays d’origine de son père. C’est à 18 ans qu’elle arrive à Paris pour ses études de droit. Elle qui a toujours eu un attrait pour le domaine artistique, est autodidacte, poussée par le besoin d’expérimenter la peinture comme moyen de s’exprimer et de sonder ce qui l’entoure.
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