À l’occasion du 10e anniversaire du décès de l’entrepreneur et pharmacien Pierre Fabre, trois musées du Tarn, dont il était originaire, présentent pour la première fois au public sa collection d’œuvres d’art. Associés aux Laboratoires Pierre Fabre, le musée du Pays de Cocagne à Lavaur, le musée Goya à Castres, et la Cité de Sorèze ont imaginé trois expositions différentes. Première de cet événement, celle présentée à Lavaur autour d’une sélection de paysages. Rencontre avec Paul Ruffié, conservateur du musée qui présente l’exposition.
Pouvez-vous rappeler le contexte de cette exposition ?
Ce projet émane du groupe Pierre Fabre qui nous a contactés, il y a un peu plus d’un an avec la volonté de créer une exposition à partir des collections de Pierre Fabre qui, jusqu’ici, n’ont encore jamais été montrées au public. Pour cela, ils souhaitaient associer plusieurs musées du Tarn, fief et berceau historique du groupe Pierre Fabre. On a été très vite séduits et, à partir de ce moment, a commencé un long travail pour aboutir à cette triple exposition. Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un projet inédit, personne n’avait jamais eu accès aux collections de Pierre Fabre. C’est vraiment très heureux que le public puisse la découvrir !
Pour la première exposition de cette série de trois, le musée du Pays de Lavaur exposera les paysages de la collection Pierre Fabre. Pourquoi ce choix ?
La répartition des œuvres dans les musées c’est notamment fait sur les conseils des conservateurs. Par ailleurs, un étudiant a travaillé sur les collections pendant plus d’un an pour en faire l’inventaire, car elles étaient réparties sur différents sites du groupe Fabre. Et, en particulier dans ses maisons, Le Carla à Castres et au domaine d’En Doyse, sa maison personnelle à Lavaur. Cela nous a permis d’avoir une photographie d’une collection qu’on ne connaissait pas. Pierre Fabre était un homme un peu secret, qui gardait ce volet de sa vie assez privé, même si ses œuvres tapissaient quasiment tous les murs de ses lieux de vie, et de son groupe. Et donc, en regardant les collections, je me suis rendu compte que le thème que l’on trouvait très souvent, était celui du paysage. On a donc choisi d’exposer ce thème qui semble être l’un des fils conducteurs de la collection.
Quels sont les artistes et quels types de techniques et sujets sont représentés ?
On retrouve essentiellement des artistes français sur une période qui couvre surtout les deux premiers tiers du XXe siècle. On trouve aussi quelques tableaux du XIXᵉ. Nombre des artistes présentés sont des paysagistes. Ce qu’il faut aussi remarquer, c’est que Pierre Fabre a suivi ses coups de cœur. Je pense, par exemple, à Yves Brayer, un peintre plutôt parisien, mais qui a aussi vécu dans le Tarn. Il y a aussi des régionaux comme Albert Regagon ou Mady de la Giraudière, une amie de Pierre Fabre. Ensuite, évidemment, la collection n’évite pas quelques grands noms, je pense à André Lhote ou Othon Friesz, mais ce n’est pas véritablement ce qui caractérise cette collection. Concernant les thématiques, on note la représentation de la nature, mais aussi d’hommes au travail, un sujet qui a particulièrement séduit Pierre Fabre. On retrouve donc des vues de ports, de ville, des vues urbaines… Ce que l’on retient, c’est un fort attrait pour les paysages qu’il avait également à titre personnel. Il a toujours mis un soin particulier à l’implantation des lieux de ses entreprises. Et, chez lui, c’était encore plus flagrant à la vue des jardins, des espaces paysagers autour, qu’il appréciait soignés.
Selon vous, quel type de collectionneur était Pierre Fabre ?
C’était un collectionneur très atypique. Sa collection réunit plusieurs centaines d’œuvres, mais sans qu’il existe un lien particulier. Et puis surtout sans la notion de l’intérêt financier, de la côte d’artistes, de grands noms. Cela n’a jamais été son moteur. Pierre Fabre a fonctionné beaucoup plus au coup de cœur et achetait ce qui lui plaisait et restait, de plus, fidèle aux artistes. Cela crée une multiplicité de profils représentés avec des artistes régionaux et nationaux.
Recueilli par Eva Gosselin
La collection Pierre Fabre – Visions plurielles
Triple exposition
- Au musée du Pays de Cocagne à Lavaur, du 2 mars au 14 avril.
- Au musée Goya à Castres, du 14 mars au 9 juin. Tél. 05 63 71 59 30.
- À la Cité de Sorèze, du 8 juin au 6 octobre.